Avec son visage en coeur, ses grands yeux bleus expressifs et son air gentiment espiègle, Reese Witherspoon a un petit quelque chose de délicieusement craquant. Comme la friandise chocolatée dont elle porte le nom, ses apparitions au cinéma sont réconfortantes. On a chaque fois l’impression de retrouver une amie qu’on avait perdue de vue. Il faut dire qu’elle fait partie du paysage cinématographique depuis belle lurette. En 1991, on l’a découverte dans le drame The Man in the Moon. Un premier grand rôle qu’elle a décroché presque par hasard. «Je voulais simplement être figurante. On m’a convoquée en audition et on m’a fait passer un test à l’écran. Finalement, on m’a proposé de jouer le personnage principal», a-t-elle déjà confié en entrevue. Elle n’avait que 14 ans et elle venait de trouver sa voie.

Il faudra toutefois quelques années et une poignée de films pour qu’elle s’impose pleinement. En 1998-1999, elle joue coup sur coup la jeune rebelle dans Pleasantville, la première de classe dans Election et la vertueuse fille de bonne famille dans Cruel Intentions. À partir de ce moment, ça y est, les cinéphiles connaissent son nom et reconnaissent son minois. C’est la nouvelle star à surveiller. À cette époque, elle fréquente déjà l’acteur Ryan Phillippe, qui deviendra son mari et le père de ses enfants, Ava (née en 1999) et Deacon (né en 2003).
 

En 2001, Legally Blonde survolte sa carrière. Elle y incarne Elle Woods, une fille un brin naïve mais au coeur gros comme ça, qui part étudier le droit à Harvard dans l’espoir de reconquérir l’abruti qui l’a laissé tomber. Une autre actrice aurait peut-être ridiculisé la pauvre petite. Reese Witherspoon, elle, lui donne du relief et compose un rôle tout en fraîcheur et en candeur. Malgré les accoutrements rose bonbon de son personnage, elle désarme les esprits caustiques et réduit au silence les cyniques. Le public le voit bien et craque pour de bon.

Au cours des années suivantes, la nouvelle coqueluche du star-system devient productrice et ne cesse d’enfiler les tournages (The Importance of Being Earnest, Sweet Home Alabama, Vanity Fair…). En mars 2006, c’est l’apothéose: son interprétation de June Carter Cash dans Walk the Line lui vaut l’Oscar de la meilleure actrice, ce qui la catapulte au panthéon des superstars, celles qui font tourner les têtes, courir les foules et gonfler les ventes au box-office. Si bien qu’en 2009 la jolie blonde a vu ses revenus s’élever à 32 millions de dollars, selon le magazine Forbes. Pas mal pour une fille qui voulait faire de la figuration!

Depuis la sortie de Four Christmases en 2008, Reese Witherspoon a toutefois été discrète. Trop discrète en fait, pour ses nombreuses fans qui s’ennuient de sa simplicité. Parce que, contre toute attente, la millionnaire oscarisée n’a rien perdu de son naturel. Cette incorrigible optimiste nous ressemble même beaucoup. La preuve en cinq points.

Une amoureuse éprouvée

Comme Sandra Bullock l’a tristement appris cette année, la réalité parfois rattrape même les plus choyées d’entre nous. Reese en sait également quelque chose. Depuis qu’elle a remporté sa statuette dorée au Kodak Theater en 2006, elle s’est séparée de Ryan Phillippe. Elle a ensuite vécu une idylle avec Jake Gyllenhaal, qui s’est soldée par un échec il y a un an.

Généralement discrète sur sa vie privée, la blondinette a reconnu que son divorce avec Ryan Phillippe, abondamment médiatisé, avait été difficile. En 2007, elle se confiait au Elle américain. «Quelques jours avant Noël, j’étais stationnée et je n’arrivais pas à trouver la force de sortir de la voiture et de faire face aux gens qui savaient ce que je traversais. C’était un peu comme si j’avais perdu mon identité. Je me suis dit: « Ça va aller. La moitié du stationnement a vécu la même chose. La moitié de la ville a vécu la même chose. La moitié de ce pays a vécu la même chose. Ça va aller, ça va aller. »»

Aujourd’hui, elle affirme avoir retenu une précieuse leçon de cette douloureuse expérience: il faut arrêter de croire qu’on peut tout contrôler. Une simple révélation qui, dit-elle, a changé son existence. Ses échecs et ses déceptions en amour ne l’ont toutefois pas aigrie. Après ces déboires, on aurait pu comprendre qu’elle fasse une croix sur les comédies romantiques. Il n’en est rien. La jeune femme de 34 ans continue de croire aux belles histoires. Et, à la voir aller, on a envie d’y croire aussi. Dans How Do You Know, de James L. Brooks, elle donne ainsi la réplique au monumental Jack Nicholson tout en s’engageant dans un triangle amoureux pour le moins enviable avec Paul Rudd et Owen Wilson. Dans la vie, la belle Louisianaise qui a surtout grandi au Tennessee «rebondit » aussi: elle aurait retrouvé l’amour auprès de l’agent d’artistes Jim Toth l’hiver dernier.

Une mère terre à terre

Contrairement à bien des people de Hollywood qui élèvent leur progéniture dans la ouate, la jeune mère de famille monoparentale souhaite que ses enfants apprennent de leurs erreurs et connaissent des déceptions. Reese tient surtout à ce qu’Ava et Deacon apprennent l’empathie. «Je veux qu’ils se fassent taquiner par leurs copains et vivent du rejet. Ne pas être choisi pour l’équipe de soccer, c’est le type d’expérience qui définit un individu. Je me souviens d’avoir pleuré pendant deux semaines parce que je n’avais pas été sélectionnée par l’équipe de volleyball. Ça a forgé une partie de ce que je suis», a-t-elle déjà expliqué à l’émission de télé Good Morning America.

De même, elle raconte avoir grandi dans un environnement où l’intellect était continuellement valorisé. Elle tente maintenant d’inculquer des valeurs similaires à ses enfants. «Je ne savais pas trop quoi penser des poupées Barbie. Petite, ma fille en voulait une mais, comme bien des mères, je n’aimais pas l’image féminine qu’elles véhiculent. C’est là que j’ai découvert la Barbie présidente des États-Unis. J’ai trouvé ça super. J’ai acheté tout le stock du magasin et je les ai toutes données en cadeau», a-t-elle dit à Jay Leno.

Une éternelle «imparfaite»

Vilain petit canard parmi les cygnes de Los Angeles, Reese ne s’en laisse pas imposer. Les diktats esthétiques hollywoodiens, très peu pour elle. Elle avoue sans ambages qu’elle ne se maquille pas tous les jours, qu’elle a de la cellulite et des varices. Et ça ne lui nuit pas! Elle est parvenue à prouver non seulement que les jolies filles au cinéma viennent aussi en format extra small (elle ne mesure que 1,56 m), mais qu’elles peuvent en plus jouer les conjointes de grands gaillards comme Vince Vaughn et son 1,96 m (dans Four Christmases).

Oui, sa petite taille lui réussit. Mais, comme la plupart d’entre nous, elle reconnaît qu’elle doit trimer dur pour continuer de rentrer dans ses jeans. Pour se permettre à l’occasion de manger un peu de poulet frit (son péché mignon), elle court une heure tous les jours, joue au tennis et multiplie les séances de cardiovélo. Ahhhh, si on avait sa discipline! Son secret pour suer sans se décourager? Les copines. «J’adore m’entraîner avec mes amies. On le fait depuis si longtemps qu’on arrive maintenant à discuter des enfants et de la vie de couple tout en courant!» a-t-elle déclaré par le passé.

Une amie loyale

Pour Reese, les copines, c’est sacré. Elle côtoie chaque jour son petit cercle d’amies. «Parfois, je trouve difficile d’être loin de Nashville, de mon frère et de mes parents. Heureusement, plusieurs de mes amies de L.A. viennent aussi du Sud. Je ne pourrais jamais me passer d’elles», confiait-elle l’an dernier au magazine InStyle.

Fidèle en amitié, elle affirme qu’elle serait prête à tout laisser tomber pour aider une amie dans le besoin. Évidemment, à force de passer du temps sur les plateaux de tournage, elle compte un nombre impressionnant de superstars parmi ses intimes. Dans le lot, il y a Kate Winslet, avec qui elle aime bien décompresser, un verre de vin à la main; Renée Zellweger, qui la soutient dans les moments de grand stress, comme lorsqu’elle a dû gérer la pression d’avant et d’après les Academy Awards; Jennifer Garner, avec qui elle partage ses trucs pour concilier la vie familiale et la célébrité; et Selma Blair, qui la connaît depuis qu’elles ont joué ensemble dans Cruel Intentions. Celleci décrit Reese comme l’«antithèse de Paris Hilton», toujours prompte à éviter le scandale et seulement satisfaite par le travail bien fait.

Une bosseuse idéaliste

«Quand je vois certaines starlettes jouer les nunuches en laissant sous-entendre que c’est mignon d’être idiote, ça me met en furie», a déjà déclaré Reese au magazine Marie Claire. «Ma grand-mère et ma mère ne se sont pas battues pour qu’on se mette soudain à dire aux femmes que c’est drôle d’être stupide! Affirmer de telles choses aux jeunes femmes, aux fillettes, à ma fille? C’est inacceptable!» Voilà pourquoi sa boîte de production Type A Films conçoit des longs métrages qui se moquent des vieux clichés et célèbrent les femmes qui n’ont pas froid aux yeux (tels que Legally Blonde 2, Penelope et Four Christmases). L’actrice met aussi sa notoriété au service de la Fondation Avon, qui tente d’améliorer la condition féminine dans le monde. Reese lutte notamment contre la violence conjugale et le cancer du sein.

À l’écran comme au quotidien, elle est une belle source d’inspiration. À force de la voir trébucher et se relever plus forte que jamais, on se dit que pour nous aussi ça va aller. «Je ne serai jamais la plus mince, la plus jolie, la plus intelligente ou la plus drôle. J’essaie simplement d’être la meilleure version possible de moimême », a-t-elle déclaré au magazine Vanity Fair. Voilà assurément un credo plein de sagesse. C’est sûr, Reese Witherspoon nous ressemble un peu. Mais elle nous rappelle surtout celle qu’on aspire à être.