Depuis plus de 20 ans, l’architecte paysagiste et designer urbain Claude Cormier habille la ville de poésie par le biais d’aménagements qui, souvent, sont de véritables œuvres d’art public.  Vous ne le connaissez pas? Mais si! La « Lipstick Forest » du Palais des congrès de Montréal, c’est lui! La canopée de « boules roses » du Village, c’est lui aussi! Idem pour les plages qu’il a créées dans le Vieux-Montréal et à Toronto; le projet Berczy Park et sa fontaine à chiens, à Toronto; le réaménagement du square Dorchester, au centre-ville, dont la troisième phase devrait être lancée l’an prochain; et tant d’autres projets, jusqu’à Shanghai!

null

Le parc Berczy, à Toronto. Crédit:  CC+A (Esquisse)

            Plusieurs de ces projets ont semé beauté et… controverse, disons-le. Mais pour le principal intéressé, «la controverse autour d’un aménagement, d’un bâtiment, c’est quelque chose de positif parce que ça amène les gens à avoir un point de vue sur leur ville et sur l’architecture », a-t-il expliqué lors d’une causerie donnée dans le cadre du Festival Mode & Design 2016.

            De celle-ci, on a retenu que l’homme qui a grandi sur une ferme laitière, à Princeville, et qui se destinait à une carrière d’agronome, a peut-être bifurqué vers le design urbain, mais n’a en rien perdu son amour de la nature : « La ramener en ville est une préoccupation majeure de mon travail. » Et même lorsque celle-ci est artificielle, elle est vraie,  a-t-il souligné en donnant pour exemple la «forêt enchantée » qu’il avait créée pour le Business Club, dans les années 1990.

            Celui qui compte parmi les 14 créateurs faisant évoluer le design mondial, selon The Architectural League of New York, un forum indépendant dédié à l’architecture et à ses disciplines connexes, a bien voulu répondre à nos questions…

Considérez-vous que Montréal est une « ville de design », titre que lui a donné l’UNESCO il y a maintenant 10 ans?

Montréal est une ville de créateurs, d’énergie, de résilience, de sensibilité, oui! De design? Non. Où sont nos bâtiments, nos parcs spectaculaires? On en a très peu comparativement à des villes comme New York, Chicago, Miami, San Francisco, Copenhague…

Pourquoi Montréal n’en a-t-elle pas?

Peut-être parce que nous travaillons davantage dans l’éphémère que dans la permanence. Or, si on veut créer le patrimoine de demain, il faut travailler sur des éléments qui dureront.  La phase 3 du square Dorchester, par exemple, doit être réalisée parce qu’elle fait partie d’un ensemble qui va durer; pas les boules… Et puis, à travailler toujours avec le plus bas soumissionnaire, la qualité n’est pas là…

null

TOM II, au Musée des beaux-arts de Montréal | Crédit: Guillaume Paradis

Tout semble vous inspirer, même le monogramme Fendi pour le pavage du 300 Front Street, à Toronto!

Oui, c’est vrai, tout m’inspire, je ne suis pas un classique, plutôt un post-moderne, et je suis aussi entouré d’une belle équipe.

Quel projet dans le monde auriez-vous aimé avoir réalisé?

Oh, il y en a plusieurs, mais certainement le High Line Park, à New York !!!

Planchez-vous sur un aménagement spécifique pour souligner le 375e anniversaire de Montréal, l’an prochain?

Oui, et c’est la Marche de la paix, qui commémorera aussi le 50e anniversaire de l’Expo universelle de Montréal. Ce sera un parcours, rue Sherbrooke, jalonné aux cinq mètres des drapeaux des 197 pays du monde — alors qu’il y en avait 97 à l’Expo.

On a déjà hâte à avril 2017!