Depuis quelques saisons, Zachary Quinto incarne le méchant par excellence à la télé. Tout le monde ne connaît pas encore son nom, mais tout le monde connaît son personnage, Sylar, le super-héros superpsychopathe de la télésérie Heroes. Son index, avec lequel il tranche à distance le crâne de ses victimes, est aujourd’hui l’instrument de torture le plus terrifiant du petit écran. À tel point que les gens craignent parfois de s’approcher du jeune homme en public! «Il y en a qui sont curieux de me parler et d’autres qui ont vraiment peur», a déjà admis l’acteur aux sourcils touffus.

Paradoxalement, plus le méchant qu’il interprète sombre dans la monstruosité, plus la cote de popularité de Zachary grimpe. Aux États-Unis, en Angleterre, au Japon et au Canada, on ne compte plus les fan-clubs qui lui sont dédiés. Même les critiques qui pestent parfois contre les méandres tortueux du scénario de la télésérie ne se lassent pas de son interprétation de ce bonhomme Sept-Heures.

Parmi la distribution de Heroes, «Quinto est le seul qui ne ressemble pas à une pâle imitation d’un protagoniste de Lost. Il ne souffrira pas d’avoir traîné dans cette émission quand il prendra part à de grosses productions hollywoodiennes dans 10 ans», a écrit un critique du New York Magazine. Le journaliste avait vu juste à un détail près: Zachary Quinto n’aura pas eu à patienter une décennie avant d’avoir droit à un rôle dans un blockbuster.

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Nouvelle entreprise

La troisième saison de Heroes sera à peine bouclée lorsque le comédien apparaîtra au grand écran, au début de mai, sous les traits du célébrissime Spock dans la 11e mouture de Star Trek. Plus qu’un énième remake, ce film réalisé par J.J. Abrams, un des créateurs des téléséries Alias et Lost, devrait être un des succès cinématographiques du printemps. Le long métrage relate notamment la jeunesse de l’aventureux capitaine Kirk et du cérébral Spock.

Pour Zachary, décrocher le rôle du personnage mi-humain, mi-vulcain n’a pas été une tâche facile. Encore peu connu à l’époque où J.J. Abrams cherchait ses acteurs, il a entrepris un sérieux travail de lobbying pour pouvoir arborer les fameuses oreilles pointues. Pendant des semaines, il n’a cessé de claironner sur tous les toits que l’idée d’être «téléporté» aux quatre coins de la galaxie lui souriait. La stratégie s’est révélée fructueuse: après avoir passé une audition, il a été l’un des premiers comédiens recrutés pour apparaître dans cette nouvelle production de Star Trek.

Contrairement à ce que son parcours pourrait laisser penser, le jeune homme est loin d’être un grand fan de science-fiction. Même s’il porte souvent d’imposantes lunettes de nerd, cet Américain d’origine italo-irlandaise est plus friand de théâtre classique que d’histoires intersidérales. Avant d’étudier l’art dramatique à la réputée Université Carnegie Mellon de Pittsburgh, il a notamment joué dans plusieurs pièces de Molière et de Shakespeare. Au cours d’une entrevue télévisée, il a même admis avoir traversé le pays et fait la file pendant 17 heures pour obtenir un des derniers billets de La mouette, de Tchekhov, à un théâtre extérieur de Central Park, parce qu’il voulait voir Meryl Streep! C’était en 2001, alors que l’actrice américaine remontait sur les planches pour la première fois en 20 ans.

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De zéro à héro

Qu’il soit un inconditionnel de Tchekhov ou pas, Zachary admet que c’est la science-fiction qui a vraiment mis sa carrière en orbite. «J’ai passé quelques années à travailler comme serveur et beaucoup d’autres à apparaître dans des épisodes de téléséries par-ci par-là», confiait-il l’an dernier au magazine GQ. Son pire souvenir? «Je jouais la mascotte d’une équipe de basket-ball collégial dans l’émission That’s Life. Je portais un énorme costume de poulet. Les deux personnages principaux se bagarraient et, Dieu sait comment, le bas de mon costume est tombé au sol et je me suis retrouvé debout, en caleçon, au milieu du gymnase. Je me souviens de m’être demandé: "Est-ce vraiment ça que je veux faire de ma vie? »»

Au milieu des années 2000, il a également connu une période particulièrement creuse: «J’ai traversé une phase de découragement aiguë. Je me disais: "Pourquoi vouloir être acteur? » C’est un sentiment épouvantable… Des fois, je me demandais: "Y a-t-il autre chose que j’aimerais faire?" Chaque fois, j’arrivais à la même réponse: "Non. »»

Il a persévéré et, heureusement pour nous, la chance a fini par lui sourire. La télésérie Heroes, lancée en 2006, a marqué le début d’un grand tournant dans sa carrière. Auparavant, le comédien avait pris part à une saison de 24 (il incarnait un analyste) et à une autre de So Notorious (il interprétait un gai américano-iranien flamboyant), mais c’est dans Heroes qu’il a pu donner toute la mesure de son talent. «Chaque épisode de Heroes est regardé par plus de gens que l’ensemble de la série So Notorious», a-t-il affirmé. En effet, la première saison a attiré en moyenne plus de 14 millions de téléspectateurs par épisode, aux États- Unis seulement!

Jennifer