Je viens de passer la journée avec Nico Archambault. Oui, LE
Nico Archambault, grand gagnant de la première saison canadienne de
So You Think You Can Dance (SYTYCD), celui qui s’est produit avec Janet Jackson devant 14 millions de personnes aux derniers American Music Awards, celui que tout le monde, évidemment, s’arrache depuis…

J’avais rendez-vous avec lui tôt le matin dans un petit resto situé non loin du studio où devait avoir lieu la séance photo. J’arrive un peu à l’avance, histoire de réviser mes notes… et de me calmer.

Oui, j’étais fébrile. J’avais tellement envie que Nico corresponde à l’image que les aficionados de SYTYCD s’étaient faite de lui, c’est-à-dire un gars talentueux, bien entendu, mais aussi timide, d’une gentillesse désarmante, et qui n’a pas la grosse tête.

8 h tapant. Il arrive, souriant, affable, malgré le fait qu’il avait fait la fête avec son équipe la veille, qu’il partait à Ottawa dès la fin du shooting pour y donner un show avec son band, les Pinup Saints, et qu’il s’envolait pour New York le lendemain pour une série de trois spectacles en trois jours. Et moi qui m’étais couchée à 20 h 30, histoire d’être en forme pour l’entrevue… C’est beau, la jeunesse!

Entrer dans la danse

Il s’est excusé (!) parce qu’il commandait à déjeuner, puis la conversation s’est engagée. On a abordé une foule de sujets dont, bien sûr, So You Think You Can Dance, puisque c’est grâce à cette émission que le public l’a découvert. J’étais curieuse de savoir comment ça se passait dans les coulisses, ayant suivi ses exploits – comme des millions de téléspectateurs – avec passion.

«L’horaire du show est très intense, raconte-t-il. On avait quatre heures et demie en studio avec le chorégraphe pour apprendre notre numéro. Quand on n’était pas en répétition, on était en essayage ou en entrevue. Et quand on avait un peu de temps, on en profitait pour dormir!» (rires)

 

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SYTYCD lui a valu une belle renommée, mais il possédait tout de même un solide bagage d’expérience. Le danseur s’est produit entre autres à La fureur pendant cinq ans, on a pu le voir sur scène dans Night Fever, Elvis Story, Joe Dassin – La grande fête musicale, Starmania Opéra et dans plusieurs vidéoclips.

Sa carrière a en fait débuté lorsqu’il avait sept ans à l’école de danse Louise Lapierre, sur le Plateau Mont-Royal, où sa soeur aînée étudiait déjà. Carrière brusquement interrompue quelques mois plus tard pour cause de… collants, qu’il devait porter pour le spectacle de fin d’année. «Ça m’a traumatisé», se souvient-il en riant.

 

Exit, la danse! Il a ensuite essayé tous les sports: soccer, hockey, baseball, etc. «J’étais très mauvais, soutient-il, sauf au football.» Mais l’appel de la danse se fait à nouveau sentir, et cette fois est la bonne! Il recommence à suivre des cours quelques années plus tard puis, au secondaire, il s’inscrit au programme sport -études du collège Antoine-de-Saint-Exupéry, dans l’est de Montréal, où a notamment étudié Alexandre Despaties. 

Entre deux bouchées d’oeufs brouillés et une gorgée de latte, il me parle aussi de sa famille. «Je suis où je suis et je suis qui je suis en grande partie grâce à mes parents. Ils ont toujours été présents, ils m’ont toujours soutenu dans mes choix de vie, dans ma carrière.» Et c’est grâce à eux qu’il a pu développer son potentiel artistique. «Ma mère a toujours aimé la danse. Elle avait même suivi des cours à l’école Louise Lapierre. À l’époque, on appelait ça de "l’expression corporelle". C’était un peu plus grano, dit-il, amusé. Et la musique occupait une grande place chez nous. Mes parents écoutaient David Bowie, Pink Floyd, Genesis, AC/DC. À cinq ans, je m’endormais sur The Clash. Bon, j’avais aussi des cassettes de Passe-Partout, mais ça m’intéressait moins», avoue-t-il dans un éclat de rire.

 

Debout pour la cause

Son attachée de presse nous avertit qu’il est temps de partir pour le studio de photo et me propose de monter avec eux dans sa voiture. Très gentiment, Nico m’offre de prendre place à l’avant, et m’ouvre la portière. Qui a dit que les bonnes manières se perdaient? Une fois au studio, branle-bas de combat. Tout le monde s’active: la directrice artistique, le photographe, le styliste, le maquilleur. Nico, assis tranquillement à la table, me parle de son tatouage sur l’avant-bras, que je reluquais du coin de l’oeil. Il s’agit d’un extrait du poème An American Prayer (oeuvre moins connue du chanteur des Doors, Jim Morrison): O Great Creator of Being, Grant Us One More Hour to Perform Our Art and Perfect Our Lives. We Live, We Die, and Death Not Ends It. «Pour moi, c’est une sorte de prière pour les artistes», explique-t-il.

 

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 «Mon secondaire a été difficile parce que non seulement j’étais gêné et lunatique mais, en plus, j’étais danseur. Même hétéro, j’étais victime d’homophobie. Mais c’est aussi ma passion pour la danse qui m’a fait devenir plus fort, plus sûr de moi. J’aurais pu vouloir abandonner mais mes parents m’ont donné les outils pour que je puisse continuer à faire ce que j’aimais et que je devienne le genre de personne que je voulais devenir. plutôt que d’essayer de plaire à tout le monde pour qu’on me foute la paix, ce que font malheureusement trop souvent les victimes d’intimidation.»

 

C’est d’ailleurs parce que cette cause lui tient à coeur que le danseur s’est impliqué dans la campagne Stand Up! Rise Above l’an dernier en créant un t-shirt dont la vente a servi à recueillir des fonds pour PREVNet, un organisme qui lutte contre la violence et l’intimidation envers les jeunes. Macha, la directrice artistique, vient discrètement me dire que tout est prêt et que l’équipe n’attend que Nico pour débuter. Ce dernier prend alors la pose… et la magie opère. Comme les fidèles de SYTYCD le savent, le danseur crève l’écran, et le même phénomène se reproduit devant l’objectif.

Le photographe est ravi. Et la journaliste aussi… On sent que Nico prend plaisir à ce qu’il fait. Il faut dire que l’homme est sensible à toutes les formes d’art, et qu’il fait preuve de curiosité et d’un grand respect envers les créateurs dont il croise le chemin, qu’il s’agisse d’un photographe, d’un réalisateur, d’un designer ou d’un chorégraphe. Il est ouvert à toutes les expériences et ne craint pas de prendre des risques.

«C’est important pour moi de tout essayer, ne serait-ce que pour savoir ce que j’aime ou n’aime pas», expliquet-il. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé à interpréter le rôle-titre dans le téléfilm Nureyev et qu’on le verra en mars dans le film Vacation with Derek au Family Channel.

«Le cinéma me permet de faire des choses différentes, d’élargir mes horizons», dit celui qui, à 17 ans – ne reculant décidément devant rien -, est déménagé à Paris, où il a fait partie d’un boys band pendant deux ans! «Ça m’a permis de visiter l’Europe… et de m’apercevoir que je n’étais pas chanteur», ajoute-t-il en rigolant.

 

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Cette soif d’apprendre a aussi motivé sa décision de travailler aux côtés de Janet Jackson, non seulement pour les American Music Awards mais également au mégashow londonien Jingle Bell Ball en décembre dernier, en plus de collaborer à son vidéoclip Make Me.

«Je trouve ça le fun, et j’ai beaucoup appris avec le chorégraphe de Janet, raconte-t-il. Mais autant j’ai adoré l’expérience, autant j’ai envie d’être reconnu pour moimême. Je ne comprends pas qu’on juge le talent de quelqu’un en fonction du succès d’un autre. En plus, pour moi, le succès est une conséquence. Ça ne devrait pas être un but.»

 

 La musique dans le sang

La conversation coule, fluide. Ses propos sont sensés et toujours nuancés, qu’il parle de téléréalité, de culture ou de mode. Tiens, la mode, justement, comment la voit-il? «Pour moi, c’est une autre façon de créer, de suggérer une ambiance, une émotion.»

Il apprécie les beaux vêtements et a bien quelques designers préférés – dont l’Américain Rick Owens, Travis Taddeo, un jeune designer originaire de Calgary, ainsi que Denis Gagnon et Philippe Dubuc – qui, comme lui, privilégient les tons de noir, de gris et de blanc («je suis daltonien, alors j’ai beaucoup de misère à gérer les couleurs!»). Mais il ne se prend pas trop au sérieux. «Je n’aime pas avoir un look trop léché et je ne me sens pas l’obligation d’arborer un certain style pour la galerie. Cela dit, même si je ne suis pas un "fashionista" d’expérience, précise-t-il en riant, ça m’intéresse.»

Puis, il s’anime comme un gamin en se mettant à jaser musique. Son iPod contient plus de 7000 chansons, et je crois bien qu’il serait encore en train de m’en faire la nomenclature si la séance photo n’avait pas repris! «J’ai une façon différente de "dealer" avec la musique parce que j’ai perdu l’usage de mon oreille droite à la suite d’une otite. Très jeune, j’ai dû apprendre à l’écouter différemment. À force de l’analyser, je suis capable d’entendre des sons que les autres ne perçoivent pas, ce qui me sert beaucoup dans mes chorégraphies.»

 

 

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 Le
shooting reprend, mais pas avant qu’on ait eu le temps de parler de son mariage, qui devrait avoir lieu cet été. Son visage s’illumine. «Ça marche tellement bien avec ma fiancée. Je suis ridiculement en amour avec elle. C’est la meilleure chose qui me soit jamais arrivée, et je veux que ça dure.» (Soupir ici de la journaliste.) Alors, trop beau pour être vrai, Nico? Eh bien, non. Tout ce qu’on a vu de lui à
SYTYCD – son humanité, sa gentillesse, son esprit de coopération – était présent lors de notre rencontre. Et quand il m’a serrée dans ses bras avant de partir, je me suis dit que, décidément, j’exerçais un métier épatant.

 

Hommage à Beau Dommage

Nico Archambault et sa douce, Wynn Holmes, ont conçu les chorégraphies de la comédie musicale Le blues d’la métropole, inspirée de l’oeuvre de Beau Dommage. «J’ai été très flatté quand on m’a approché pour le show. Je n’étais pas né quand le groupe a commencé, dit le danseur de 25 ans, mais ses chansons font partie du répertoire québécois. Elles jouaient souvent à la maison quand j’étais enfant.» L’histoire se déroulera au printemps 1976 et tournera autour des amitiés et des amours d’une bande d’amis du quartier Villeray. «Ce qui me plaît dans ce spectacle, c’est que le metteur en scène, Serge Denoncourt, a décidé de donner une chance à des jeunes hyper talentueux mais qui ne sont pas nécessairement connus. Je crois qu’avec Le blues d’la métropole le public va faire de belles découvertes.» (Du 31 mars au 11 avril au Théâtre St-Denis 1 www.theatrestdenis.com)

 

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