Mettons une chose au clair: nous ne sommes pas totalement convaincues que Megan Fox est humaine. D’abord, il y a son visage. Prenez un soupçon d’Elizabeth Taylor à son mieux, ajoutez une bonne dose d’Isabelle Adjani, saupoudrez d’Angelina Jolie, et tadam! vous obtenez l’ovale parfait de Megan Fox.

Ensuite, son corps. Penchée, les reins cambrés, au-dessus d’une Chevrolet Camaro dans Transformers, juchée sur une moto dans Transformers: Revenge of the Fallen ou affublée de sous-vêtements même pas indécents pour la dernière campagne de Giorgio Armani, Megan Fox déborde de sensualité. Seins défiant la loi de la gravité, taille fine, hanches généreuses: elle possède la sainte trinité des attributs féminins.

Et puis, il y a toutes ces phrases-chocs qu’elle assène en entrevue: elle est bisexuelle, elle est libidineuse comme un ado, elle oublie de tirer la chasse d’eau quand elle est en visite, elle tripe jeux vidéo et bandes dessinées. Si ce n’est pas là la femme idéale aux yeux d’un nerd de 15 ans… Comme par hasard, les ados sont le public cible des blockbusters américains! Même son nom – Fox veut dire «renard» mais aussi «sexy» en anglais – sonne trop bien. Bref, si on avait voulu créer une nouvelle femme parfaite génétiquement modifiée, elle aurait été copiée sur Megan Fox. Analyse du phénomène sous toutes ses courbes.

 

 

Peut-on faire une surdose de Megan Fox?

Son histoire est celle d’une petite fille du Tennessee qui a toujours voulu être actrice. Elle suit des cours de jeu et de danse à 5 ans, devient mannequin à 13 ans, aboutit dans un film ultramâle – Bad Boys II, de Michael Bay – à 16 ans. Son rôle consiste à se trémousser sous une fontaine, vêtue d’un bikini aux couleurs du drapeau américain.

Elle décroche aussi des rôles parlants. Elle joue les filles riches et méchantes dans des productions oubliables comme Holiday in the Sun, aux côtés des jumelles Olsen, et Confessions of a Teenage Drama Queen, avec Lindsay Lohan. Mais tout explose, littéralement, en 2007 avec Transformers, de Michael Bay (encore lui). Enfin, les médias ont une bonne excuse pour parler d’elle, et ils ne s’en privent pas.

À elle seule, Megan Fox est responsable de millions d’arbres abattus lorsque, habillée de façon souvent minimale, elle fait la couverture des plus grands magazines pour hommes, dont Maxim, GQ et Esquire.

Elle est nommée femme la plus sexy du monde par les lecteurs du très macho FHM (en 2008 et en 2009), et on obtient 28 millions de résultats sur Google en tapant son nom. Bref, elle est partout. Tellement que des sites masculins comme Asylum.com et AskMen.com décident d’instaurer une «Journée sans Megan Fox»! «Oui, on peut parfois avoir trop d’une bonne chose», dit James Bassil, le rédacteur en chef d’AskMen.com, pour expliquer sa décision de ne rien publier sur l’actrice pendant 24 heures, le 4 août dernier.

Avant d’exiger un répit, les lecteurs de AskMen.com étaient pourtant fascinés par la créature Megan. Intéressant cocktail de beauté et de vulgarité, elle a vite prouvé en entrevue qu’elle avait une langue et savait s’en servir… pour provoquer.

Elle a notamment dit que sur un plateau de tournage, le réalisateur Michael Bay se comportait comme Hitler, a raconté que, adolescente, elle était désespérément amoureuse d’une stripteaseuse qu’elle aurait voulu sauver, et a déclaré que les hommes avaient peur des vagins. «Si vous aimez le vôtre, si vous êtes à l’aise avec votre sex appeal, ils ne savent plus comment réagir», affirme-t-elle au Rolling Stone en octobre 2009. Dans la même entrevue, elle révèle qu’elle a enjolivé l’histoire de la stripteaseuse pour le compte du magazine GQ et explique: «Je ne veux pas partager ma vie privée avec le public. Ce que je veux vraiment, c’est détourner l’attention de ma réalité.»

Candides ou délibérées, les formules provocantes de Megan Fox? «Tout ce qu’elle dit correspond à ce que vous voudriez entendre si vous étiez un garçon de 15 ans», fait remarquer Kerry McElroy, doctorante spécialisée en études des femmes dans le cinéma américain. «Elle s’est inventé une image publique sexy, controversée, différente de celle des autres actrices. Ça marche bien pour le moment, mais quel en sera l’effet à long terme sur sa carrière?»

Sur sa carrière comme sur Hollywood, Megan Fox ne se fait pas d’illusions. «Je n’ai pas voulu être actrice pour qu’on admire mon talent au jeu d’échecs», dit-elle, ce en quoi elle a assez raison. «Si je travaillais vraiment fort, je crois qu’un jour je pourrais devenir une très bonne actrice. Mais je n’ai pas fait grand-chose pour le moment», avouait-elle récemment au magazine Entertainment Weekly. Les utilisateurs de l’énorme site américain Moviefone.com sont d’accord: ils l’ont nommée pire actrice de 2009 pour sa performance dans le dernier Transformers!L’anti-girl next door

Mais qui peut blâmer Megan Fox d’avoir manqué de conviction en donnant la réplique à des robots? Cela dit, dans Jennifer’s Body, un long métrage écrit par Diablo Cody (la célèbre scénariste de Juno) et réalisé par Karyn Kusama, la jeune femme de 23 ans a surpris. Par la qualité de son jeu, mais oui! Drôle et dense, ce film d’horreur destiné aux filles aurait pu cartonner malgré ses imperfections. Ç’a été un flop. Pourquoi? «Jennifer’s Body est très intéressant, truffé de métaphores sur l’adolescence et la féminité, explique Kerry McElroy.

L’anti girl next door  

Mais une fois que Megan Fox fait partie de la distribution, ça devient autre chose. Ça devient "le film de Megan Fox". Or, le public qui va voir ses films est composé de jeunes garçons.» Et ces derniers n’étaient pas emballés à l’idée d’aller voir une oeuvre où leur idole dévore – au sens propre – leurs congénères. Le marketing, qui a été axé uniquement sur miss Fox, a fait le reste: le public féminin, pourtant friand de films d’horreur, n’a pas embarqué.

On s’en doute, Megan Fox n’est pas le genre de fille que les filles aiment. On l’imagine, comme Jennifer dans le film, en femme fatale à la sexualité menaçante et débridée, capable de nous piquer notre homme d’un claquement de doigts. C’est du moins ce que pense notre cerveau reptilien… La belle Megan confirme que ses relations avec les femmes ne sont pas simples. Déjà, à l’école, elle devait se cacher dans les toilettes pour manger son lunch si elle ne voulait pas se faire asperger de ketchup par les étudiantes. «Je crois que ça tient au fait que je me suis toujours mieux entendue avec les garçons. Ça agace bien des gens», a-t-elle confié au Elle américain en 2009. À ce propos, Kerry McElroy précise en riant: «Il y a quelque chose de cathartique dans le fait de ne pas aimer des femmes comme Megan Fox. Ça fait naître un sentiment de camaraderie entre les autres femmes!»

 

Une féministe nouveau genre?

Et si nous étions injustes? Et si nous nous sentions simplement «confrontées» par une femme qui accepte les règles du jeu – aussi machistes soient-elles – et qui les utilise à son avantage? Après tout, Sharon Stone et Madonna sont déjà passées par là: elles aussi ont misé sur leur sex appeal en toute lucidité. Et Megan Fox ne manque ni de chien ni de clairvoyance, elle qui affirme dans une entrevue accordée au Elle France que les actrices doivent «jouer le rôle de la pinup, même celles qui sont labellisées "intellos". Cela fait partie intégrante du métier. […] Je crois qu’on peut tirer une vraie force de son potentiel sexuel. Cela permet d’avancer masquée: pendant qu’on vous prend pour une gourde séduisante, vous avancez vos pions…»

Alors, féministe, Megan Fox? Chantal Maillé, professeure au sein du programme Women’s Studies à l’Université Concordia, a fait un vox pop sur la question auprès de ses étudiantes. Ce qu’il en ressort? Si Megan Fox se dit féministe, tant mieux: «Avoir une alliée dans l’industrie hollywoodienne, ce n’est quand même pas fréquent, signale la professeure. Mais les étudiantes de mon cours ne la considèrent pas comme une source d’inspiration féministe. Elles la voient comme une fille qui fonctionne très bien à l’intérieur du système hollywoodien, même si elle le remet un peu en question.» Si Megan Fox est féministe, c’est une féministe centrée sur elle-même, qui ne va pas jusqu’à l’engagement. «Son féminisme est ancré dans la sexualité, et ça passe bien parce qu’il ne parle pas d’effectuer des changements profonds dans la société américaine », conclut Chantal Maillé.

Sexe-symbole 2.0

Ce n’est pas la seule contradiction de Megan Fox. Au fil de ses déclarations racoleuses sur sa libido, son manque de manières ou encore sur Michael Bay, le réalisateur qui l’a lancée, elle s’est forgé une réputation de bad girl qui n’en fait qu’à sa tête. Mais son attitude rebelle s’avère aussi superficielle que ses tatouages.

Chantal Maillé fait remarquer que «malgré son côté incendiaire, elle n’est pas connue pour ses excès de drogues ou d’alcool. Elle s’est plutôt construit un personnage de fille rangée». Elle dit fuir les soirées arrosées de Hollywood, répète qu’elle n’a fréquenté que deux hommes dans sa vie (un pompier de son patelin et l’acteur Brian Austin Green), revendique le statut de sexe-symbole mais rejette celui de fille facile. Elle parle de sexe comme elle respire, mais jure en même temps qu’elle ne se montrerait jamais nue à l’écran. Megan Fox est-elle le reflet d’une Amérique aussi prude que sexy? «Cette pudeur est très hollywoodienne, croit Chantal Maillé. Dans le cinéma d’auteur européen, on voit beaucoup d’actrices nues. Dans le cinéma hollywoodien, plus une actrice a un statut important, moins elle montre son corps.»

En même temps, Megan Fox n’est pas seulement une icône américaine. Son nom est encore plus «googlé» au Mexique, aux Philippines et au Canada qu’aux États- Unis. «Je crois qu’elle incarne un nouveau genre de beauté qui fait consensus, et qui est à l’image d’un monde plus métissé», dit Chantal Maillé. Trash, drôle, belle et délibérément vulgaire, Megan Fox n’est-elle pas le symbole parfait de son époque?

 

À lire: Que pensent les hommes de Megan Fox? 

 

Qu’en pensent les hommes?

Détestée par presque toutes les filles, Megan Fox séduirait-elle 100 % des gars? Notre collaborateur Yves Schaëffner leur a posé la question.

La popularité de Megan Fox auprès de la gent masculine n’est plus à prouver. C’est un fait. Les lecteurs du magazine FHM, qui en connaissent un rayon en matière de pinups ruisselantes, l’ont choisie comme la «femme la plus sexy du monde» à deux reprises. Du jamais vu depuis Jennifer Lopez.

Est-ce à dire que tous les hommes succombent aux charmes rebondis de Mlle Fox? La réponse est plus compliquée qu’il n’y paraît. D’abord, contrairement à ce qu’on pourrait penser, bon nombre de gars ne connaissent pas Megan Fox. Sauf qu’une fois familiarisé avec ses charmes (merci, Google!), aucun d’entre eux ne reste indifférent. En fait, 9 des 10 hommes interrogés pour les besoins de cet article la trouvaient assez canon ou super canon, voire «hot au point d’ébullition».

Coucheraient-ils avec elle s’ils en avaient la chance? Oui, avouent six d’entre eux. «Elle a un visage d’ange et un corps de rêve, comment pourrais-je dire non?» se demandait un répondant. «Évidemment que je coucherais avec elle, mais bon, je coucherais probablement avec une fille sur deux que je croise», admettait un autre. Enfin, les autres acceptaient l’idée, mais sans grand enthousiasme. «Oui, parce qu’elle ressemble à Angelina Jolie. Mais c’est comme manger de la crème glacée sans nom: c’est moins bon que la vraie marque», précisait l’un d’eux.

Aucun des gars interrogés ne considérait Megan Fox comme le fantasme de ses rêves. Étonnamment, c’est son hyper-sexualisation qui semblait refroidir l’ardeur de ces messieurs. Un gars disait ainsi avoir «totalement débandé» le jour où elle a déclaré avoir «un vagin puissant et confiant». Après avoir longuement scruté ses photos sur le Web, un autre concluait qu’elle était un peu trop white trash à son goût. «Sur toutes les photos, elle a toujours cette même expression de bombasse, avec la bouche un brin entrouverte et le cul perché. Elle a l’air d’une caricature», déplorait-il.

Il reste qu’au bout du compte seuls 2 gars sur 10 ont promis juré craché qu’ils n’avaient aucune attirance pour la bombe sexuelle. L’un est très marié, et l’autre, Dieu seul sait.

 

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