Ariane, à quel moment as-tu senti que tu étais dans une relation sérieuse avec Florence?

Assez tôt. C’était la première fois de ma vie que j’étais avec quelqu’un à qui je pouvais dévoiler tout de moi sans jamais me sentir jugée. Ç’a été une révélation, et j’ai vite su que ce n’était pas une relation de passage.

Quand tu écris des pièces qui parlent de relation de couple, quelle est la réaction de ton amoureuse? 

C’est délicat, parce qu’il faut toujours flirter entre cette intimité-là, qu’on veut dévoiler de façon authentique, et le fait que ça implique une personne très proche de soi. Avec le temps, les inquiétudes de Florence à ce sujet se sont adoucies. Au début, je sentais qu’elle se demandait si j’allais parler d’elle, et en raison de son métier… elle va au bout des choses et veut tout savoir! (Rires) Maintenant, elle a lâché prise, car elle comprend que j’ai besoin de liberté pour créer.

Aimerais-tu que ta blonde puisse te déclarer son amour publiquement, notamment en participant à un dossier comme celui-ci, ou si le fait que sa profession exige un droit de réserve te convient?

La création me permet d’avoir un espace plus grand que nature pour m’exprimer, et c’est ainsi que je communique le plus véritablement. L’amour de Florence, je suis capable de le ressentir sans qu’elle ait à en parler sur toutes les tribunes. Sa façon de me parler, d’une manière si riche et profonde, fait que je ne suis en manque de déclaration d’aucune façon. 

Si je te dis «charge mentale», qu’est-ce que ces deux mots évoquent pour toi?

Je te dirais qu’être dans un couple homoparental, c’est génial, parce qu’il n’y a pas de stéréotypes auxquels on doit répondre, ce qui permet une répartition plus égalitaire de la charge mentale. Et ce n’est pas parce que j’ai un métier public et que je fais de la tournée que je peux en avoir moins sur les épaules. Ça peut être pas mal exigeant sur le plan conjugal, pour les horaires familiaux surtout, mais aussi pour la culpabilité que je ressens quand je pars. C’est quand même «rushant».

Tu m’as déjà dit dans une précédente entrevue qu’il était important pour toi que Florence se réalise, elle aussi, dans son travail…

Oui, tout à fait. On essaie de rééquilibrer ça, d’ailleurs. Pourquoi ça ne serait pas elle qui mettrait sa vie professionnelle au premier plan pendant la prochaine année? Elle pourrait suivre des formations dans d’autres pays, mettre de l’avant sa carrière. Elle le mériterait vraiment. Parce que la vie, la stabilité et le ground que j’ai, c’est à elle que je les dois. Je souhaite relever le défi le plus grand d’une vie, soit celui d’être en couple longtemps et de traverser les épreuves avec la même personne. Pour moi, c’est plus dur que de faire des albums et des tournées.

Et justement, qu’est-ce qui fait que ça dure entre elle et toi?

D’abord, ça prend deux personnes qui souhaitent la même chose très, très fort. Ce n’est pas facile d’être en couple après 16 ans. Et je ne suis pas en train de te dire que notre couple est parfait. Ces années comprennent aussi des différends, des rapprochements, des distanciations, mais avec nos deux forces de caractère, on est bonnes pour passer à travers tout ça ensemble.

Je t’ai déjà entendue utiliser l’expression «zones claires obscures» pour parler des hauts et des bas d’un couple. En ce moment, vous êtes dans quelle zone?

Assez claire. On a un peu plus d’air, maintenant que les gars grandissent. Je sais qu’il existe un stéréotype de l’amour fusionnel dans des couples de filles, mais ça ne nous ressemble pas. Faut laisser l’autre faire ce qu’elle a envie de faire dans la vie, et dans la plus grande confiance, tout en lui restant loyale.

Ariane retourne dans son cocon d’autrice-compositrice afin, entre autres, de créer de la musique pour la télé et le théâtre. On peut écouter son album Incarnat sur toutes les plateformes d’écoute en continu. 

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