Difficile de trouver maman plus glamour qu’Angelina Jolie. Lors de la grossesse de ses jumeaux, Knox et Vivienne, elle exhibait fièrement sa généreuse bedaine sur les tapis rouges. Il n’y a pas à dire, l’actrice américaine aime la maternité: en plus des jumeaux, qui ont maintenant 18 mois, Angelina Jolie a donné naissance à une petite fille, il y a trois ans, et elle a adopté trois autres enfants en provenance du Cambodge, de l’Éthiopie et du Viet Nam. Pas surprenant que, lors de sa visite d’un orphelinat en Syrie, il y a quelque temps, la machine à rumeurs se soit emballée au point de lui prêter l’intention d’adopter un septième mouflet.

On se demande ce que la femme de Brad Pitt a à prouver: elle a le mari le plus sexy de la planète et mène de front une carrière d’actrice et d’ambassadrice pour les Nations Unies. Pourquoi vouloir en plus être la maman d’une demi-douzaine de bambins? Et si Angelina Jolie était accro à la maternité? Marie Hazan, professeure au département de psychologie de l’UQÀM, et le pédiatre Jean-François Chicoine analysent le phénomène.

 

Mère, pour combler un manque affectif?

Selon la psychologue Marie Hazan, certaines femmes auraient des grossesses multiples pour faire perdurer le sentiment fusionnel ressenti en début de maternité. «Pendant ses premiers mois d’existence, le nourrisson est en fusion avec sa mère, devenant en quelque sorte le prolongement d’elle-même», explique la professeure en psychologie. Elle ajoute que certaines femmes se complaisent dans cet état au point de désirer tomber enceintes dès que leur progéniture commence à se détacher d’elles, vers l’âge de deux ans. «Dans ces cas-là, la maternité vient combler un vide affectif», avance-t-elle. Elle cite l’exemple de l’Américaine Nadya Suleman, surnommée «Octomom», cette mère célibataire et sans emploi qui, après s’être fait inséminer artificiellement, a donné naissance à des octuplés en janvier dernier. Déjà mère de six enfants, tous conçus in vitro entre 2001 et 2006, celle-ci avait soulevé l’indignation en déclarant avoir eu recours à l’insémination artificielle pour tomber enceinte «parce qu’elle se sentait seule et déprimée». L’ironie de l’histoire? Son idole est nulle autre qu’Angelina Jolie… à qui elle ressemble d’ailleurs de manière troublante.

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mia-farrow.jpgAdopter pour redorer son image?

Difficile d’ailleurs de ne pas faire le rapprochement entre Angelina Jolie et d’autres célébrités qui ont eu recours à des adoptions en série. Mia Farrow, par exemple, est la mère biologique et adoptive de six enfants, et Joséphine Baker a adopté pas moins de 13 enfants d’origines diverses au cours de sa vie. Le docteur Jean-François Chicoine, un pédiatre spécialisé en adoption, déplore que les célébrités puissent adopter un enfant en claquant des doigts, contrairement à la majorité des parents qui doivent attendre des années avant d’avoir ce privilège.

«Malgré ses déboires, Johnny Hallyday est parvenu à adopter deux petites vietnamiennes, alors qu’en France il y a environ 30 000 parents adoptants en attente», donne-t-il à titre d’exemple. Selon le docteur Chicoine, notre société est prête à fermer les yeux devant cette injustice uniquement pour jouir de cette image rassurante de pauvres enfants sauvés par une célébrité. «En adoptant un enfant à l’international, c’est comme si Angelina Jolie partageait socialement son bébé avec l’ensemble de l’humanité, avance-t-il. Malheureusement, cette image quasi mythique devient plus importante que la réalité de l’enfant.» Marie Hazan trouve d’ailleurs intéressant le fait qu’Angelina Jolie et Mia Farrow aient le même nombre d’enfants biologiques et adoptés: «Comme si elles avaient trois enfants pour elles-mêmes et trois autres pour sauver le monde».

Toutefois, la professeure en psychologie considère que nous devrions nous méfier des conclusions hâtives puisque, selon elle, dès qu’il est question de maternité, nous avons tendance à être très sévères. «Socialement, au même titre que de ne pas avoir d’enfant, le fait d’avoir des maternités nombreuses pose problème. C’est comme si les femmes devaient toujours se justifier», affirme Marie Hazan. Selon elle, c’est justement parce que la société est si normative face à la maternité que nous avons tant de plaisir à lire, par exemple, Les chroniques d’une mère indigne. Et si, plutôt que ses nombreux enfants, ce serait justement parce qu’elle semble si parfaite qu’Angelina Jolie nous fatigue tant? Mais ça, c’est une autre histoire!

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