Si tu devais décrire la course à la présidence américaine de 2016 en trois hashtags, quels seraient-ils?
Premièrement: #WTF. (rires) Ensuite, #déprimant. Psychologiquement, couvrir cette élection est difficile. C’est éreintant physiquement parce qu’on travaille de longues heures, mais c’est aussi éprouvant pour le moral. De tous côtés, on entend des propos tellement radicaux et vicieux… Je suis souvent découragée. Finalement, je dirais #LOL parce qu’il vaut parfois mieux en rire qu’en pleurer. Il y a des moments si surréels qu’ils en deviennent drôles. Par exemple, Donald Trump qui parle de la taille de son pénis en plein débat national. C’est… incroyable!
En 2016, qu’est-ce qui n’est plus acceptable dans les magazines féminins?
De suggérer aux femmes que l’idéal physique féminin, c’est une taille 0. C’est dépassé. En 2016, je crois qu’il est important pour les médias de représenter tous les types de femmes et de beauté. De toute façon, c’est complètement faux de penser que toutes les femmes veulent être minces et ressembler aux mannequins qu’on voit sur les passerelles!
En 2016, quel est le plus grand défi auquel sont confrontées les femmes qui expriment leurs opinions sur le web et les médias sociaux?
Sans aucun doute le harcèlement sexuel. C’est impossible pour moi d’avoir une réelle conversation avec mon audience parce que je me fais constamment dire des choses dégradantes. Il y a aussi des hommes qui croient que les femmes ne devraient pas exprimer leurs opinions et ils tentent par tous les moyens possibles de les faire taire. Ils trouvent leur numéro de téléphone ou leur adresse, menacent de les violer… J’ai des amies qui ont dû arrêter de travailler à cause de ça. Elles étaient effrayées et épuisées. Ce phénomène est d’autant plus présent depuis l’avènement des réseaux sociaux. Nous sommes partout, notre vie privée est très publique… les harceleurs ont beaucoup plus d’informations sur nous qu’auparavant.
Liz Plank | Crédit: @feministabulous
En 2016, le mot «féminisme» est sur toutes les lèvres et parfois utilisé à tort et à travers par des médias ou même par des femmes. Selon toi, est-ce que plus on en entend parler, mieux c’est?
On n’est pas obligée de tout connaître du féminisme et d’avoir lu tous les livres pour en parler! Je pense que quand une femme a quelque chose à dire, peu importe ce que c’est, elle devrait avoir la liberté de le faire. Quand on critique le discours féministe d’une femme, on lui fait comprendre qu’il n’y a qu’une seule façon d’être féministe et c’est faux. Prenons Emma Watson, par exemple. Après son discours féministe aux Nations Unies pour la campagne He For She, elle s’est fait terriblement critiquer. Elle était trop ci ou pas assez ça… Je trouve que les femmes se font tellement souvent dire de se taire qu’il est important d’encourager celles qui osent parler, même si on ne partage pas leurs opinions. Et, par-dessus tout, je crois qu’il faut donner aux femmes le droit de faire des erreurs. Beyoncé ou Taylor Swift ne se disaient pas féministes il y a quelques années, mais leur pensée a évolué et je trouve ça beau.
L’année 2016 a été marquée par l’avènement de Snapchat. Tu es très présente sur ce réseau social. Comment est-ce qu’il a changé ta façon de transmettre de l’information?
J’utilise Snapchat depuis deux ans. Au départ, c’était seulement pour envoyer des petites parcelles de ma vie new-yorkaise à mes amis montréalais. J’ai beaucoup plus d’abonnés maintenant, mais mon utilisation de ce réseau social reste la même: je partage des bouts de ma vie, de mon quotidien, sans filtre. Pour moi, ce n’est pas nécessairement un outil de promotion ou de transmission d’informations. Ce sont des moments choisis de ma vie, c’est authentique. Parfois, faire un Snapchat, c’est la première chose que je fais le matin!
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