Chaque présentation de MAISON& OBJET ,le salon professionnel international de la décoration, du design et de l’art de vivre, se tenant à Paris-Nord Villepinte, met à l’honneur des talents origi- naires d’un pays particulier. Ces dernières années, on y a célébré le travail de designers d’Italie, du Liban, de Chine et des États-Unis.

Cette année, le salon s’est intéressé aux espoirs de la France: «L’année 2020 marquant le 25e anniversaire du salon, nous avons pensé que c’était l’occasion idéale de revenir à nos racines en faisant un tour d’horizon des meilleurs jeunes talents d’ici», explique Philippe Brocart, directeur général de Salons français et internationaux, société organisatrice de MAISON&OBJET.

L’histoire du design a toujours été jalonnée par une foule de talents made in France: Jean-Michel Frank, Joseph Dirand, Charlotte Perriand, India Mahdavi, par exemple. Aujourd’hui, de jeunes designers contribuent à cet héritage en y ajoutant de nouvelles histoires et une myriade de projets qui, derrière une esthétique distincte en apparence, partagent souvent une démarche et une philosophie similaires.

Plus que du design

«On observe actuellement deux grandes tendances au sein du talent émergent», indique René-Jacques Mayer, directeur de l’école Camondo pour l’architecture et le design. «D’abord, les designers nouent des liens plus étroits avec l’artisanat. Ils se distinguent moins par des produits industriels que par des objets fabriqués en quantité limitée selon des savoir-faire traditionnels. Ensuite, ils s’intéressent à bien plus qu’au simple design d’un objet; ils cherchent à créer des objets qui ont une valeur sociétale. Leur objectif premier est de résoudre des problèmes, de proposer de nouvelles utilisations.»

Par ailleurs, l’écologie occupe une place de premier plan dans leur démarche. En témoignent les créations chauffantes d’avant-garde de Natacha & Sacha, qui réduisent la consommation d’énergie, ou encore la passion de Wendy Andreu pour le travail avec des moules en métal, procédé qui génère peu de déchets dans sa production de tissus imperméables. On note également un attrait pour les objets faits main, que ce soit à l’aide de matériaux anciens ou innovants, et une volonté de remettre en cause le statu quo.

De quel bois se chauffent les jeunes designers qui réinventent nos espaces? Nous vous en présentons cinq qui ont le vent en poupe et qui s’inscrivent dans les tendances actuelles.

WENDY ANDREU

Ce qu’elle fait: elle joue avec des matières comme le ciment, les textiles, l’acier, la résine, l’époxy et les plumes afin de détourner les objets du quotidien (luminaires, tapis, sculptures en tous genres…) de leur fonction première: «J’aime expérimenter avec les matériaux, voir comment ils réagissent entre eux afin de découvrir des potentiels inattendus.» Elle s’est spécialisée dans le travail du métal.
Ses faits d’armes: elle a remporté de nombreux prix à l’échelle internationale (France, Pays-Bas, États-Unis…). Parmi ses plus prestigieux clients: les boutiques Isabel Marant.
Pour en savoir plus: wendyandreu.com

Salon Maison&Objet: 5 designers émergents à surveiller

Tabouret à huit pieds

 

LAURELINE GALLIOT

Ce qu’elle fait: des sculptures numériques colorées qu’on utilise au quotidien (pichets, tirelires, bols…). Sa réflexion: «La génétique des formes qui nous entourent, constituée principalement d’objets produits en masse, rééduque notre regard. Les objets issus de l’industrie sont souvent passés au filtre de règles géométriques afin d’être reproduits plus vite. Nous nous habituons à cette esthétique, et notre œil en vient à repérer ce que serait une forme maîtrisée et, par opposition, ce que serait une chose“informe”, bizarre, ou tout simplement naturelle.»
Ses faits d’armes: de nombreux musées et des galeries célèbres ont acquis de ses œuvres, et quatre de ses pièces font partie de la collection du Centre national des arts plastiques. Laureline est aussi connue pour sa collaboration avec des fabricants de tapis et de tissus, et elle enseigne régulièrement dans des écoles de mode et de design. Elle vit et travaille à Paris.
Pour en savoir plus: laurelinegalliot.com

Salon Maison&Objet: 5 designers émergents à surveiller

Tirelire

NATACHA & SACHA

Ce que fait Natacha & Sacha: ce studio de design et de recherche, fondé en 2017 par Natacha Poutoux et Sacha Hourcade, tous deux diplômés en design industriel de l’ENSCI-Les Ateliers et formés au sein d’agences de design, est spécialisé dans la conception de produits, de mobiliers et d’espaces collectifs novateurs. Il répond aux besoins liés à l’évolution de nos modes de vie et repense certains objets techniques et leur usage.
La démarche des designers: «Nous trouvons l’inspiration en observant des objets du quotidien et en les démontant; nous avons une attirance particulière pour les objets invisibles aux yeux des consommateurs. À MAISON&OBJET, par exemple, nous avons montré un serveur de données en céramique. Il s’agit d’un objet technologique, qui habituellement n’est pas conçu pour la maison et l’espace domestique.»
Pour en savoir plus: natachasacha.fr

Salon Maison&Objet: 5 designers émergents à surveiller

Humidificateur

JULIE RICHOZ

Ce qu’elle fait: elle élabore avec curiosité et sensibilité son propre langage par les objets (vases, tapis, luminaires…). Sa démarche: «Pour moi, tout est une question d’équilibre entre l’inventivité, la sensibilité des formes et l’intelligence dans la fabrication. Ce qui m’intéresse, c’est le savoir-faire, la précision dans le travail des matériaux. Et de faire les choses avec passion.»
Ses faits d’armes: elle a remporté en 2012 le Grand Prix Design Parade et reçu un Swiss Design Award en 2015. En plus d’être représentée par des galeries à Paris et à Londres, elle a fondé son propre studio et a créé des objets et du mobilier pour des sociétés telles qu’Alessi, Artecnica, Louis Poulsen et Louis Vuitton.
Pour en savoir plus: julierichoz.com

Salon Maison&Objet: 5 designers émergents à surveiller

Vase

MATHIEU PEYROULET GHILINI

Ce qu’il fait: des articles comme des vases et des portemanteaux, à la fois utilitaires et objets d’art. Sa démarche: «De manière générale, je m’intéresse beaucoup aux questions d’identité et d’historicité des formes. La forme n’est jamais un but en soi, mais la manifestation d’une volonté, d’une idée.»
Ses faits d’armes: Son projet de fin d’études, «Sophistication», fondé principalement sur l’histoire du design et de l’architecture, s’est concentré sur diverses interprétations de la sophistication d’une forme, le chevalet. Il lui a valu un diplôme avec mention d’honneur de l’école nationale supérieure de création industrielle (ENSCI-Les Ateliers) en 2012. Et le Grand Prix du jury Design Parade 8 (festival international de design de la Villa Noailles) en 2013. Il a été lauréat de divers prix, dont celui de la Villa Kujoyama, à Kyoto, en 2017.
Pour en savoir plus: peyroulet-ghilini.com

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Série de vases


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