Tu es journaliste, auteure, productrice… Au tout début de ta carrière, aspirais-tu à des postes similaires?

Pas du tout! Je me dirigeais vers les sciences. C’est vraiment bizarre que je vive de mes écrits aujourd’hui, parce qu’au départ je voulais devenir… biologiste! (rires) Je m’en allais vers une vie assez solitaire en laboratoire de recherche, et je me suis rendue compte, à la fin de mes études, que ce n’était pas ce dont j’avais envie. Je suis une personne très curieuse, qui adore être en contact avec d’autres personnes, alors j’ai bifurqué vers le journalisme, comme ma mère, qui a été journaliste durant 35 ans. À ce moment-là, j’ai commencé à souffrir du syndrome de l’imposteur! Je me suis rendu compte que je n’avais pas une énorme culture générale. Je ne connaissais que les sciences! Ce sentiment de doute m’a pourtant donné l’énergie d’aller en apprendre plus sur toutes sortes de sujets et de cogner aux bonnes portes lorsque j’ai commencé à chercher du travail. J’ai foncé, je me suis souvent mise en danger et j’ai travaillé fort. Ç’a porté fruit!

Quel est le plus gros défi que tu as rencontré?

Ç’a vraiment été de diversifier ma culture générale. Au début de ma carrière, je connaissais la bio ou la chimie sur le bout des doigts, mais il me manquait des connaissances approfondies dans d’autres domaines, comme l’histoire ou la culture. Pour pallier à ce manque, je me suis acheté plein de livres, comme L’État du monde et L’État du Québec… J’ai dû travailler fort! En journalisme, tu te dois d’être généraliste. Tout savoir sur tout, du moins en surface.

Dans le milieu dans lequel tu évolues, est-ce que les femmes rencontrent des défis particuliers?

Plus maintenant au Québec, et c’est grâce aux journalistes comme ma mère qui ont tracé le chemin pour les femmes d’aujourd’hui. Mais c’est certainement différent si tu travailles aux États-Unis, chez Fox News par exemple…

Quel est le meilleur conseil professionnel que tu aies reçu?

D’arrêter de douter à voix haute de mes capacités. Et d’apprendre à négocier un salaire! Les hommes négocient souvent de façon plus serrée, alors que nous, on a tendance à accepter la première offre qu’on nous fait. Il faut apprendre à faire reconnaître notre valeur.

Si tu avais toi-même à donner un conseil à des femmes qui veulent faire leur chemin dans le domaine du journalisme, quel serait-il?

Je leur dirais de se diversifier! Pour réussir en journalisme aujourd’hui, il faut être capable de prendre des photos, de faire du montage vidéo, de se promouvoir sur les réseaux sociaux, de faire tant de l’écrit que de la télé… Il faut être très polyvalente et curieuse!

Au niveau professionnel, qu’est-ce qui te rend le plus fière?

Ma collection de livres 300 raisons d’aimer…!  Quand j’ai écrit le premier, 300 raisons d’aimer New York, je n’avais aucune idée que ça deviendrait une collection. Écrire un livre, ç’a été un rêve devenu réalité. En plus, il a eu beaucoup de succès, ce qui me rend extrêmement fière. On est maintenant rendus à six livres! J’ai écrit celui sur San Francisco, et d’autres auteurs – sous ma supervision — se sont chargés de Paris, de Montréal, de Londres (qui sort en juin) et de La Havane, disponible cet automne. De voir mon concept décliné de cette façon, c’est fantastique!

Où puises-tu ton énergie créative et ton inspiration?

J’ai la chance d’habiter une ville comme New York, tellement vivante et en constant changement. Je n’ai qu’à sortir de chez moi pour trouver des histoires et des gens intéressants! Je puise aussi beaucoup mon inspiration à travers mes rencontres, en étant curieuse et intéressée, et en posant des questions. Je suis entourée de gens plus smart que moi! (rires) Je lis, aussi, surtout des magazines et des articles.

Lors de moments de découragement, comment fais-tu pour réussir à te remettre dans l’action?

Je parle à mes amis qui sont dans le même milieu. Anne-Marie Whitenshaw me vient tout de suite en tête, parce que c’est quelqu’un qui a tellement d’expérience. Le journalisme est un métier qui peut être difficile. Comme on dit en anglais : «You’re as good as your last performance». Dans ce domaine, quand tu te plantes, c’est facile d’oublier toutes les choses incroyables que tu as réalisées dans le passé. Parler à mes amis journalistes me permet donc de remettre les choses en perspective. Et puis, discuter avec des gens de mon entourage qui ne sont pas du tout dans le monde des médias me permet aussi de relativiser. Quand je jase avec mon amie qui aide des femmes aux grossesses difficiles à accoucher, ça me fait réaliser que, dans mon travail, je ne sauve pas des vies! (rires)

As-tu des mentors ou des gens qui t’inspirent?

Beaucoup! La première personne qui me vient en tête, c’est ma mère. J’écoute beaucoup ce qu’elle me dit. Elle a 35 ans de métier et, comme elle est maintenant à la retraite, elle est capable de regarder les choses avec de la distance. Elle m’aide à trouver un équilibre dans mon travail. Mais j’admire toutes les femmes journalistes qui ont pavé le chemin dans les années 1960, 1970 ou 1980!

Quand tu as besoin d’une pause, quel site web ou quelle application visites-tu?

Je suis accro à l’application du Daily Mail! J’adore regarder les photos de célébrités, c’est parfait pour mettre son cerveau en mode off. (rires) Je fais aussi un tour sur le site NOWNESS, qui offre de magnifiques contenus sur l’art, l’architecture et le design.