Elle était haute comme trois pommes qu’elle suppliait déjà son père de l’amener sur les lieux du brasier, lorsque les flammes s’emparaient d’une maison ou d’un commerce à proximité de chez elle. Définitivement, Bernice Stafford a toujours eu une fascination pour le feu.

« Je dis toujours que ce n’est pas moi qui ai choisi le métier de pompier, mais le métier qui m’a choisie. J’ai toujours su que c’était ma destinée. Je suis née pour être pompière », explique-t-elle d’entrée de jeu, la voix remplie de détermination.

Plus jeune, c’est la passion des flammes qui l’animait, mais aujourd’hui, c’est davantage le besoin de bouger, de se dépasser et surtout d’aider les gens qui comblent Bernice Stafford au quotidien.

« C’est dans ma nature d’aider tout ce qui est vivant, autant les humains que les chats et les écureuils. On est même déjà allé chercher un iguane dans un arbre, mais c’est rare. Il faut que l’animal soit très mal en point », précise-t-elle en riant.

Une route parsemée d’embuches

Aujourd’hui, Bernice Stafford respire le bonheur dans sa caserne de la ville de Repentigny, mais le chemin pour s’y rendre n’a certes pas été de tout repos.

Il faut dire qu’il y a 20 ans, rares étaient les femmes qui empruntaient cette branche. C’est pourquoi elle a commencé des études en Sciences humaines au cégep, avant de se rendre compte que la petite flamme brûlait trop fort en elle pour l’ignorer.

« Mes parents sont de l’ancienne génération, ils ont plus de 80 ans, alors pour eux, ce n’était ni un métier pour moi ni un métier pour les femmes parce que c’était trop dangereux. J’ai donc eu zéro support de leur part. Je l’ai fait pareil, mais ç’a été un long cheminement et ça n’a jamais été facile pour moi dans le domaine », poursuit-elle.

Mme Stafford a été la toute première pompière de la Rive-Sud de Montréal, et dans les 10 premières femmes de la province de Québec à travailler dans une caserne.

Même si la profession accueille aujourd’hui de plus en plus de femmes dans ses rangs, la plupart des gens s’étonnent encore d’entendre Bernice répondre « pompière », lorsqu’on lui demande ce qu’elle fait dans la vie.

Vaincre les préjugés

Bien qu’elle ait essuyé quelques insultes sexistes à ses débuts, Bernice assure que son « initiation » n’a pas été trop pénible. Quand elle a su démontrer à ses coéquipiers qu’elle était capable de faire le travail exigé aussi bien qu’un homme, les commentaires se sont estompés tranquillement.

« Ç’a bien été pour moi parce que j’embarque dans les niaiseries des gars et que je ne me fâche pas facilement. Les jokes sexistes, je les connais toutes et j’ai une réplique pour chacune d’entre elles. Avoir de la répartie, ça aide beaucoup dans une caserne », explique celle qui participe aux Jeux mondiaux des policiers et pompiers depuis 2005, en Dynamophilie (discipline de force maximale).

Selon Bernice, le métier de pompier est asexué :. il s’agit d’un métier qui demande beaucoup de force physique et mentale, peu importe le sexe, même si ce n’est pas pour tout le monde.

En définitive, si elle avait un seul conseil à donner aux femmes qui hésitent à se diriger dans cette branche, ce serait d’écouter leur petite flamme intérieure.

« Si elles sont prêtes à se conditionner mentalement, à s’entraîner sans arrêt pour garder la forme, qu’elles sont passionnées autant l’été à 30 degrés que l’hiver à -30 degrés, eh bien, qu’elles s’écoutent et qu’elles foncent. Si elles ont le feu sacré, elles doivent poursuivre leur rêve envers et contre tous… comme je l’ai fait », conclut Bernice Stafford.

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