Chaque semaine, Sarianne Cormier et Julie Artacho font découvrir deux artistes féminines de la relève sur leur blogue Nous sommes les filles. Pour appuyer leur démarche nous avons décidé de s’associer à leur projet en publiant le portrait d’une artiste. Cette semaine, on découvre Martine Desjardins.

Martine est présidente de la FEUQ depuis 2011. Elle est aussi étudiante au doctorat en éducation à l’UQAM.

Pendant cinq ans, elle a été chargée de cours à l’Université de Sherbrooke en adaptation scolaire. Elle a également travaillé pendant plusieurs années au sein de l’organisme 1, 2, 3, GO ! Saint-Michel, où elle venait en aide à de jeunes parents et des délinquants juvéniles.

Martine est aussi une grande sportive, elle a été gardienne de but de l’équipe de handball du Québec et de Montréal et joue au soccer depuis plus de 22 ans.

« Je suis une fille au jour le jour. Si on m’avait dit, il y a deux ans, que je serais à la tête de la FEUQ durant le plus grand mouvement étudiant du Québec, j’aurais trouvé ça très drôle. Ma famille, mes amis et même mes anciens directeurs de maîtrise sont très étonnés, car ce n’était pas du tout dans mes aspirations. Je ne suis pas très carriériste, c’est pourquoi je ne sais pas ce que je vais faire après mon mandat. Je n’ai pas de plan défini. »

« Au début, je n’étais pas prise au sérieux. On parlait aux gars qui étaient avec moi au lieu de me parler. C’était insultant. Maintenant, les choses ont changé, mais je trouve qu’une fille doit travailler plus fort pour que l’on reconnaisse sa stratégie politique. »

« De façon générale, je dois souvent me prouver et débattre plus que mes collègues. On va reconnaître le côté rationnel et posé de Léo, le côté rebelle de Gabriel et moi, on ne sait pas trop. En fait, on dit que je cimente le tout, et je trouve ça drôle. »

« Si Léo et Gabriel ne sont pas rasés, sont mal peignés, s’ils semblent fatigués, c’est qu’ils travaillent fort. De mon côté, si j’ai l’air fatiguée, c’est que je suis complètement épuisée, débordée par ce qui se passe. Un jour, je n’avais pas eu le temps de me maquiller; le lendemain, un article est sorti qui disait que j’étais complètement dépassée. Ça ne pardonne pas, alors j’ai appris à mettre du cache-cernes ! »

« Il y a beaucoup de filles qui vont aller manifester, jouer de la casserole dans les rues… Elles sont souvent très créatives, énormément créatives. Elles vont se maquiller, se déguiser, mais elles restent très peu nombreuses dans les comités de mobilisation et les groupes militants. Celles qui s’impliquent, je trouve qu’elles ont du guts. Elles n’ont pas la langue dans leur poche, c’est des filles qui savent où elles s’en vont. Elles ont souvent plus de couilles que des gars qui sont là, du moins, les trois filles qui étaient sur mon équipe l’année passée (je m’inclus). On savait où on s’en allait, on n’avait pas peur des débats, on prenait notre place, on brassait la cage ! Je pense que c’est lié au fait que c’est un mouvement presque entièrement masculin. »

 

FEMMES EN POLITIQUE : « Dans le gouvernement libéral, les femmes sont utilisées comme des boucliers. On leur donne des postes névralgiques, on les envoie au front et après ça on les tue. En politique, je trouve qu’on sacrifie plus rapidement les femmes et on pardonne moins leurs erreurs. Je pense aussi que c’est parce que les filles ont moins de réseaux que les gars. En fait, on est plus compétitives entre nous que les hommes. Par exemple, durant la grande négociation de 22 heures, il y avait une compétition claire entre Beauchamp et Courchesne pour savoir laquelle des deux allait prendre le leadership de la rencontre. C’est terrible parce qu’elles sont du même parti. Deux gars auraient plutôt travaillé de concert afin de créer un front commun. On s’en fout, de qui prend le leadership en bout de course. »

« J’ai souvent critiqué Beauchamp, parce que je pensais que c’était une de ceux qui gardaient le gouvernail. Mais je me suis fait dire qu’elle voulait nous le donner, le moratoire, qu’elle était prête, et que c’était sûrement la raison pour laquelle elle serait partie, parce qu’on lui avait dit que ce n’était pas possible. »

 

FUTUR : « J’ai enseigné pendant cinq ans comme chargée de cours à Sherbrooke et j’ai adoré ça, j’adorais discuter et débattre avec mes étudiants. Je voulais vraiment devenir professeure à l’université, mais ces temps-ci, je dois avouer, je me questionne. »

 

TEMPS LIBRE : « Temps libre? J’adore lire, mais ce que j’aime le plus faire, c’est aller me promener dehors. Ce que j’aimerais, c’est partir une journée en montagne, aller en Gaspésie, mais je ne peux pas parce que je suis attachée à mon cellulaire.»

 

ELLE ADMIRE : « La syndicaliste Madeleine Parent. Elle s’est battue pour des millions de causes, surtout pour les femmes. Elle était toujours présente au front, même dans les moments les plus difficiles.

Véronique Hivon ! C’est une révélation en ce moment. Je trouve que c’est une femme absolument admirable. ( Débat sur le projet de loi spéciale (78), 18 mai 06h15 )

Les militants, les militantes!

Les membres de mon équipe. Sans eux, je ne pourrais pas être là. Et je sais que c’est présentement difficile pour eux. Pour le grand public, je représente la FEUQ, mais la fédération, c’est des associations, des militants et mon équipe : je ne suis pas seule. »

 

INFLUENCES : « Emmanuelle Hébert, de l’organisme MU (j’aime les gens qui travaillent dans le communautaire), et ma grand-mère, qui est une femme de tête et surtout de cœur. »

 

LIENS WEB :

feuq.qc.ca

La FEUQ sur Facebook : facebook.com/page.FEUQ

Martine sur Facebook : facebook.com/martinefeuq

 

* Maquillage et coiffure par Mélanie Belisle/Gloss artistes

 

 

Pour lire d’autres portraits d’artistes de la relève, rendez-vous sur le blogue de noussommeslesfilles.com