La question de l’identité est au cœur de tout ce que touche Natasha: sa poésie; l’essai Kuei, je te salue (Écosociété), coécrit avec l’auteur québéco-américain Deni Ellis Béchard; son implication à titre de porte-parole de la branche québécoise d’Idle No More, le mouvement pancanadien de contestation des Premières Nations; et même son premier rôle en tant que comédienne dans la série Les Sioui-Bacon, diffusée à Aboriginal Peoples Television Network. Au moment de notre entretien, elle s’apprêtait à partir pour le réservoir Manicouagan, l’ancien territoire de chasse de son grand-père, en vue d’un projet de l’ONF qui soulignera, l’an prochain, le 150e anniversaire de la confédération. «J’explore cette terre ancestrale dans mon imaginaire depuis mon premier recueil de poésie et mes premières toiles. Grâce à ce projet, réalisé avec la photographe Maryse Goudreau, j’ai la chance d’aller à la source même de mon identité et de ma démarche artistique.»

Que réponds-tu quand on te demande ce que tu fais dans la vie?

Poète. La poésie reste mon langage principal et englobe tout ce que je fais. C’est avant tout l’émotion qui me guide, et je traduis ensuite ce que je ressens à travers un médium, que ce soit la poésie, le slam, la peinture ou l’essai.

Comment en es-tu arrivée à «slasher»?

À la fin du secondaire, on nous demandait de choisir un métier et moi, je n’arrivais pas à me décider. Comme j’écrivais alors des fan fictions inspirées du Seigneur des anneaux, j’ai décidé d’étudier en arts et lettres, mais je n’ai pas aimé ça. Ensuite, j’ai voulu peindre, alors j’ai étudié en arts visuels. Au cégep de Rimouski, j’ai découvert le slam, une forme de poésie. Puis, en lisant le roman Kuessipan (Mémoire d’encrier), de Naomi Fontaine, j’ai eu envie de recommencer à écrire et je n’ai pas arrêté depuis. En ce moment, je commence une nouvelle phase de ma vie artistique en tant que comédienne.

Connaissais-tu le concept de «slasheuse»?

Non, mais il y en a plusieurs autour de moi, surtout des femmes autochtones. En fait, nous avons toujours été multidisciplinaires. Nous ne pouvions pas uniquement chasser; il nous fallait aussi savoir confectionner des vêtements, une tente, des armes… La société a longtemps voulu qu’on se confine à une seule case, mais c’est une évidence pour nous d’être multidisciplinaires.

Crois-tu que tu seras «slasheuse» toute ta vie?

Je me pose souvent la question. Je n’ai pas envie de faire la même chose tous les jours, mais peut-être est-ce parce que j’ai 25 ans? Peut-être qu’à 30 ans, je choisirai un métier sur le terrain, qui aura des répercussions à long terme pour ma communauté. Mais chose certaine, j’aimerais rester poète toute ma vie!

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