Les journées d’Isabelle Marcoux sont bien remplies. Partagée entre ses obligations professionnelles et familiales et ses engagements communautaires, la dirigeante de 41 ans respire pourtant l’équilibre. Sourire sincère, poignée de main franche, la vice-présidente au développement des affaires et vice-présidente du conseil d’administration de Transcontinental a été nommée en 2010 dans le club sélect des 100 femmes les plus influentes au Canada. Une belle reconnaissance pour l’une des rares femmes à occuper un poste de haute direction au pays .

La fille de…

« Ma difficulté n’a pas tant été d’être une femme mais plutôt d’être la fille du patron,» se remémore Isabelle Marcoux. Elle a dû travailler pour gagner sa place au sein de l’entreprise familiale. Rémi Marcoux, fondateur de Transcontinental, avait posé trois conditions à ses enfants: être titulaire de deux diplômes universitaires, parler trois langues et avoir travaillé au moins trois ans à l’extérieur de l’entreprise familiale.

Elle a fait le saut en 1997, après la naissance de sa fille Jeanne. Avec ses diplômes en sciences politiques et économiques et en droit civil, sa maîtrise de l’anglais et de l’espagnol et ses cinq années de pratique au cabinet d’avocats McCarthy Tétrault, elle était prête à se lancer. « Je pense que j’exigerais la même chose de mes enfants, ça diversifie l’expérience et ça donne confiance en soi, » constate-t-elle aujourd’hui.

Femme, mère et gestionnaire

Mère de Jeanne, 13 ans, et de Philippe, 11 ans, Isabelle Marcoux connaît la gymnastique quotidienne de la conciliation travail-famille: « On fait notre possible, lance-t-elle en riant. De toute façon, je ne crois pas à la perfection. »

Isabelle Marcoux jouit heureusement d’une certaine flexibilité, qui lui permet de respecter quelques règles de base: « c’est important pour moi de voir les enfants le matin, et de souper avec eux quelques soirs par semaine. » Et les vacances sont sacrées. « C’est clair que ça implique des sacrifices. Les soupers entre amis ou le sport tous les jours, disons que j’ai fait une croix là-dessus! »

Femme de cœur, Isabelle Marcoux a le désir constant de se dépasser. « Bâtir à tous les jours, » c’est un peu son slogan. La dirigeante qui brasse des millions – elle a fait une centaine d’acquisitions depuis son entrée en poste, dont la valeur globale dépasse les 750 millions $ – dégage pourtant une grande simplicité, un naturel rassembleur. Depuis son arrivée au conseil d’administration de Transcontinental en 2004, elle a d’ailleurs tenté d’y insuffler un nouveau dynamisme. « La diversité est extrêmement importante pour une entreprise. Aujourd’hui, on a un CA qui présente un beau mélange d’hommes et de femmes, d’expérience et de jeunesse, » se félicite-t-elle.

Femmes au sommet

« C’est dans l’intérêt des dirigeants de prendre conscience des avantages de la diversité, » ajoute-t-elle. C’est qu’encore très peu de femmes occupent des postes de haute direction au pays. D’autres chiffres ne trompent pas: malgré les avancées, on compte seulement 14% de femmes sur les conseils d’administration. Une situation que déplore Isabelle Marcoux qui, en plus de ses fonctions chez Transcontinental, siège entre autres sur les conseils de Power Corporation et Rogers Communication.

Pourtant, avec leur approche plus consensuelle, les femmes apportent une vision différente, enrichissante pour une entreprise, estime-t-elle. Comment expliquer cette disparité? «Les compétences, ça s’acquiert. Malheureusement, les femmes manquent parfois de confiance, ce qui les empêche de se lancer, » suggère Isabelle Marcoux. Elle a de son côté eu la chance de côtoyer de beaux modèles de réussite au féminin, comme Maureen Sabia, aujourd’hui présidente du conseil de Canadian Tire.

L’engagement social est aussi fondamental pour la gestionnaire, qui cette année préside notamment la campagne de financement de Tel-jeunes. « Ça fait partie de la responsabilité des dirigeants et dirigeantes de s’impliquer dans la communauté, » estime-t-elle. Une femme de cœur, on vous le disait.