Sandra, attachée de presse politique: «Je n’étais pas à ma place.»

Pendant cinq ans, Sandra a été l’attachée de presse d’un ministre. Un jour, elle s’effondre dans le train qui la ramène d’Ottawa à Montréal. Le lendemain, elle est incapable de se lever. Pourquoi a-t-elle craqué? Notamment parce qu’elle avait l’impression de ne pas être à sa place. «On me demandait d’agir comme quelqu’un de passionné. Mais la politique, ce n’est pas mon truc. Si en plus de la surcharge de travail, qui est la règle dans ce métier, on n’est pas dans son élément, alors c’est le crash. Le burnout, c’est comme un arbre qui tombe.»

Sandra n’a pas vu venir la chute. «Bien sûr, il y avait des signes, comme une grande fatigue. Mais on compense en se couchant plus tôt et en réduisant sa vie sociale. Les gens qui font un burnout ne sont pas du genre à s’écouter, voyez-vous. Et puis, c’est plus humiliant pour quelqu’un qui a la réputation d’être allumé. J’avais honte d’en parler. Aujourd’hui, je m’en fous complètement.

«Je pense même qu’un burnout, c’est une bénédiction, poursuit-elle. Sur le coup, c’est très pénible. Le bruit, la lumière, tout devient insupportable. Pendant deux mois, j’ai été au repos, sans traitement. Mais ça n’allait pas mieux. Puis, j’ai pris des antidépresseurs, qui m’ont reconnectée à la vie. J’ai également vu une psy à l’Hôtel-Dieu. Elle m’a aidée à aller au-delà de la maladie mentale, en donnant une dimension spirituelle à nos discussions. Ça me changeait des questions terre-à-terre du genre "Qu’avez-vous mangé aujourd’hui?"»

Jean-Louis, enseignant: «J’étais complètement épuisé!»

«L’année où j’ai fait un burnout, dit Jean-Louis, enseignant au primaire, quatre autres profs de mon école en ont fait un aussi. Parmi eux, des collègues jeunes! Moi, j’avais franchi ma limite. Je ne dormais plus. J’étais extrêmement fragile. Je me sentais agressif, y compris avec les élèves. Je me suis dit que je n’avais pas à leur faire subir ça. À la maison, j’étais maussade, même si j’avais l’appui de ma femme et de mes enfants.

«Pendant mon congé, j’ai été suivi par une psy de la commission scolaire. Elle m’a fait prendre conscience du fait qu’il y a toujours des causes extérieures et des causes intérieures à l’épuisement professionnel. Ça m’a beaucoup aidé à tracer la frontière. Aujourd’hui, je m’engage encore beaucoup dans mon école, mais je me connais assez pour dire non quand c’est trop. Avant, j’en étais incapable.

«C’est important de s’analyser. Le premier mois, c’était le calme total. Après, comme je suis aussi musicien, j’ai tenté de passer par la musique pour faire le vide, tout en poursuivant ma réflexion. J’ai refusé la médication. Les médicaments rassurent le système, car les médecins nomment la maladie et donnent la pilule qui va avec. Aujourd’hui, j’ai appris à régler le rythme de ma vie, à établir des priorités. Si je suis fatigué, je sais que je dois m’arrêter ou ralentir.»

 

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