Prendre goût au télétravail, renouer avec ses valeurs personnelles, profiter d’une pause imposée; la crise de la COVID-19 a sans aucun doute alimenté questionnements et réflexions sur nos choix de carrières. La conseillère d’orientation et coach en développement de carrière Marylise Champagne nous éclaire le chemin de la réorientation professionnelle.  

Accueillir le doute à bras ouverts

« La première étape, c’est de comprendre que le doute est normal. Même en dehors de la crise de la COVID-19, la plupart des gens vivent des doutes. On vit dans une société avec tellement d’informations, tellement de choix. Ça fait grimper l’anxiété et les incertitudes. Si on ajoute la pandémie, c’est encore davantage. C’est important de normaliser les questionnements. On n’est pas extraterrestre parce qu’on doute! » 

En mode observation 

« Quand on doute, on a l’impression d’être prisonnier. On est toujours en train de se débattre. La seconde étape, c’est justement d’arrêter de lutter et de commencer à s’observer. Il faut se mettre sur un mode curieux, très investigateur, autant de ses pensées que de ses émotions. Quels sont mes irritants? Est-ce ce sont mes tâches ou mon environnement de travail? Quels sont les moments qui me font le plus sourire? Est-ce que je me sens compétent? Il ne s’agit pas de juger ce qui va ressortir de nos observations ni de poser une action précipitée. Il faut simplement observer et analyser. Par ailleurs, il est beaucoup plus facile de nommer ce qu’on n’ aime pas que ce dont on a besoin. Il faut aussi être capable d’identifier ce qui est réellement important pour nous. De quoi je veux m’approcher, vers quoi je veux aller? » 

Être en garde des angles morts 

« L’étape la plus difficile, c’est d’identifier à quel besoin on veut répondre. Et encore là, il faut être prudent. Des événements qui chamboulent la vie comme la COVID-19 ou la maternité, ça vient bousculer nos valeurs. On change, on évolue, et soudain le choix qu’on a fait il y a 5 ans ne semble plus correspondre aux choix d’aujourd’hui. Il y a un ajustement à faire, mais en même temps, face à des grands chamboulements, il faut prendre plus de temps, plus de recul. Il faut faire une réflexion consciente de l’ensemble de ses besoins, de sa personnalité, de ses valeurs. Ce n’est pas juste de l’action-réaction. »

Une réorientation sur mesure

 « Quand on est passé au travers des étapes précédentes, qu’on a bien identifié notre insatisfaction, on peut passer à l’étape de la réorientation. Ce qui peut être rassurant, c’est que ce n’est pas obligé d’être une réorientation complète, à 180 degrés. Parfois, il peut juste s’agir d’un changement d’employeur ou d’un réarrangement dans les tâches. Par exemple, on se rend compte qu’on aime le milieu de travail, mais que l’entreprise pour laquelle on travaille ne correspond pas à nos valeurs. » 

Chercher de l’aide professionnelle

« L’aide professionnelle permet un recul objectif pour dégager certains éléments de notre réflexion. Elle permet de voir nos angles morts, d’être dans un environnement où on peut nommer nos besoins sans nécessairement être jugé ou confronté. Il y a des gens qui vont réussir seuls, mais l’aide professionnelle est un excellent outil lorsqu’on est bloqué dans sa réflexion depuis un moment ou qu’on a de la misère à se mettre en action. »

Un dernier conseil? « N’importe quelle action, qu’elle soit soutenue par un professionnel ou non, va engendrer de la peur. C’est tout à fait normal. Il faut trouver des moyens de danser avec elle et non de la fuir. » 

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