Chiara Ferragni, plus qu’une influenceuse

Avant la crise, l’Italienne – 19 millions d’abonnés sur Instagram – passait sa vie à voyager aux quatre coins du monde, de Dubai à Mexico, pour promouvoir telle ou telle marque (dont sa griffe éponyme, qui fait un carton auprès de la jeune génération). Puis, l’Italie a été durement touchée par la pandémie, obligeant le gouvernement à confiner une dizaine de villes de la région de Lombardie dès le 23 février, avant de mettre tout le pays en quarantaine le 9 mars. Chiara aurait pu continuer à révéler son look du jour, en exprimant de temps à autre un «Restez chez vous» pour la forme, comme la plupart des fashionistas aux millions d’abonnés. Mais au lieu de choisir la passivité, elle a utilisé ses réseaux sociaux pour appeler les Italiens à rester chez eux, en donnant elle-même l’exemple à coup de publications Instagram, où elle dévoilait le quotidien de sa famille, cloîtrée à Milan. C’est que cette Italienne n’est pas une modeuse comme les autres, et son statut n’est désormais plus celui d’une simple influenceuse. En l’espace de quelques jours, elle a montré qu’elle était capable d’inspirer, bien au-delà du domaine de la mode, et qu’elle ne craignait pas d’utiliser sa voix pour se faire entendre et alerter le monde sur les dangers de la COVID-19. Lorsque les hôpitaux italiens ont commencé à être débordés par le nombre croissant de patients, Chiara et son mari, le rappeur Fedez, ont d’ailleurs choisi de prendre part à la solution en faisant une collecte de fonds et en demandant à leurs compatriotes et à leurs acolytes des premiers rangs des défilés de faire un don. En moins d’une semaine, le couple a récolté 4,3 M€, l’équivalent de 6,7 M$, utilisés pour la construction d’une aile supplémentaire à un hôpital de Milan pour les soins intensifs. Et pour apporter une dose de bonne humeur aux internautes confinés, Fedez a choisi de profiter de sa quarantaine pour faire des prestations en direct (et à distance) au moyen de vidéos Instagram, en collaboration avec d’autres stars de la chanson italienne, dont le ténor Andrea Bocelli. Le tout a été filmé et relayé par Chiara sur les réseaux sociaux. De beaux moments de complicité!

Instagram @chiaraferragni

Production ciblée

Depuis la mi-mars 2020, le groupe LVMH – détenteur des maisons de luxe Dior, Guerlain et Givenchy, entre autres – a réorienté la vocation de ses différents sites de production afin de fabriquer en quantité importante des produits désinfectants pour les mains et de les distribuer gratuitement aux autorités sanitaires françaises. Depuis, de nombreux labels beauté ont emboîté le pas, dont L’Oréal Paris et le groupe NAOS (Bioderma et Esthederm). Ces initiatives visent à réduire le risque d’une pénurie de produits d’hygiène, tout en permettant au plus grand nombre possible de personnes de continuer à faire les bons gestes pour éviter de propager le virus.

À vos masques!  

Pour parer au manque crucial d’équipement de protection du personnel hospitalier durant la pandémie, le groupe Kering, qui détient une pléthore de maisons de luxe, a décidé de faire un don de 2 M€ à l’Italie et de commander à la Chine trois millions de masques – et plus, si nécessaire – pour les distribuer en France. Certaines marques de l’entreprise ont décidé de suivre son exemple en mettant au passage un frein à leur production de vêtements et d’accessoires griffés. C’est le cas de Balenciaga et de Saint Laurent, qui ont choisi de fabriquer des masques à la chaîne, ainsi que de Gucci qui, en plus d’en manufacturer plus d’un million, a également conçu 55 000 combinaisons médicales pour les hôpitaux italiens. D’autres marques de luxe, comme Chanel, Louis Vuitton et Burberry, et des créateurs, tels que Giorgio Armani, Christian Siriano et Brandon Maxwell, leur ont emboîté le pas en consacrant leurs ressources à la production de masques et de blouses pour les médecins et les aide-soignants, qui sont en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. On peut aussi souligner la participation de la marque écoresponsable californienne Reformation, qui s’est engagée à produire, avec d’autres manufacturiers, cinq millions de masques non médicaux pour les personnes qui continuent de travailler hors des milieux hospitaliers. Quant au géant du prêt-à-porter rapide Inditex, la maison mère de Zara, il a converti une partie de sa chaîne de production textile pour confectionner du matériel sanitaire, tandis que le groupe H&M a fait appel à son réseau de distribution pour approvisionner les hôpitaux européens en fournitures de protection.

Instagram @csiriano

Soutien financier

De nombreux designers et grandes marques de mode ont versé des sommes considérables depuis le début de la crise de la COVID-19. C’est le cas de la créatrice Miuccia Prada et de son mari, Patrizio Bertelli, responsable du groupe Prada, ainsi que de Carlo Mazzi, chef de direction de la marque, qui ont fait un don personnel important permettant de mettre sur pied deux unités de soins intensifs dans trois hôpitaux de Milan (soit six unités au total). À New York, la Fondation Tiffany & Co. a remis 1 M$ US pour la lutte contre la COVID-19, tandis que le créateur Michael Kors et sa griffe éponyme ont remis 2 M$ US, répartis entre des hôpitaux de Manhattan et diverses organisations philanthropiques, dont une qui s’occupe d’apporter des repas aux plus démunis. La griffe Moncler, elle, a versé 10 M€ pour la construction d’un hôpital en Italie, et le créateur Giorgio Armani, qui avait choisi de présenter son défilé automne-hiver 2020-2021 à huis clos en février dernier, pour écarter les risques de contagion, a donné 2 M€ à diverses instances publiques et à des cliniques de son pays. On peut aussi nommer Ralph Lauren qui, par l’entremise de sa fondation, a recueilli 10 M$ US, destinés notamment à l’Organisation mondiale de la Santé et au CFDA, le Conseil des créateurs de mode américains, pour venir en aide aux designers touchés par la crise. Parmi les autres marques à avoir fait un don? Chanel, Gucci, Versace, Nike ainsi que le groupe Mayhoola, qui détient notamment Valentino et Balmain.

Et dans l’industrie de la beauté? Grâce à sa campagne charitable Viva Glam (qui a recueilli plus de 500 M$ US depuis son lancement en 1994), M·A·C Cosmetics donnera 10 M$ US à 250 organisations qui combattent la COVID-19 dans le monde. En plus de ce don énorme, l’entreprise remettra également la totalité des ventes du rouge à lèvres Viva Glam aux communautés particulièrement affectées par la pandémie. «La campagne Viva Glam n’a jamais été liée à une seule cause, elle vise plutôt à soutenir les groupes vulnérables», révèle dans un communiqué de presse le président du conseil du fonds M·A·C Viva Glam, John Demsey, qui est aussi président dirigeant du groupe The Estée Lauder Companies Inc. «Elle a été lancée il y a plusieurs années afin d’offrir un filet de sécurité aux gens qui en ont besoin. Aider les personnes touchées par la crise actuelle va donc de soi.» De son côté, le géant Unilever (Dove et TRESemmé, entre autres) a récemment annoncé qu’il allait distribuer l’équivalent de 8 M$ en nourriture, produits d’hygiène personnelle et produits d’entretien ménager aux Américains affectés par la COVID-19, en plus d’épauler les banques alimentaires des États-Unis et de fournir plus de 200 000 masques aux hôpitaux. La société a également promis de rémunérer ses employés pendant au moins trois mois, les allégeant du stress financier que nombre d’entre eux vivent depuis le début de la pandémie. Pour sa part, Avon, en collaboration avec l’organisme sans but lucratif Feed the Children, a donné l’équivalent de 500 000 $ en produits d’hygiène personnelle essentiels aux familles éprouvées par la crise économique engendrée par la COVID-19. «Nous soutenons Feed the Children depuis plusieurs années déjà et continuons à le faire dans des périodes difficiles comme celle-ci, dit Paul Yi, le nouveau PDG d’Avon. «Et cet organisme travaille fort pour remettre nos dons aux gens qui en ont le plus besoin.»

Instagram @michaelkors

Soutien aux employés

Même si les magasins Sephora ont fermé leurs portes au public au début du mois de mars, confinement oblige, l’entreprise a promis de verser à ses employés 80 % de leur salaire de base jusqu’à la fin de mai afin de protéger le plus grand nombre possible d’emplois au Canada. Les employés pourront également conserver leurs avantages sociaux pendant ce temps. De plus, jusqu’à la fin de mai, Sephora augmentera de 2 $ par heure travaillée le salaire de tous les employés de ses centres de distribution, en guise de reconnaissance de leurs efforts et de leur dévouement.

Distancées mais unies

Tamara Di Lullo, propriétaire du salon Candy Nail Bar et artiste manucure, a rassemblé de nombreuses femmes entrepreneures d’ici afin de mettre sur pied la démarche collective #DistancéesMaisUnies, une action qui vise à soutenir les femmes victimes de violence durant la période de confinement liée à la COVID-19. Ayant elle-même été victime de violence, elle veut déconstruire les mythes entourant cette réalité et récolter des fonds pour la cause tout en soutenant l’économie locale. Pour chaque achat effectué chez les commerçantes partenaires jusqu’à la fin mai – pour toutes les connaître, on se rend sur le compte Instagram @distanceesmaisunies –, 5 $ seront remis à l’organisme à but non lucratif La rue des Femmes, qui accueille et soigne les femmes en état d’itinérance ou susceptibles d’y sombrer. Un élan de solidarité qui fait du bien à l’âme!

Instagram @distanceesmaisunies

Actions locales

Les employés des boutiques Lush de l’île de Montréal se sont unis pour rassembler et emballer 11 750 savons, qu’ils ont ensuite remis à la maison Chez Doris, un organisme de bienfaisance qui offre un refuge de jour, sept jours sur sept, pour les femmes en difficulté, en plus de leur fournir repas, répit, vêtements et activités sociorécréatives, le tout dans un environnement sécuritaire et accueillant. Pour sa part, l’agence de relations publiques montréalaise Sundae Creative a préparé des colis pour le personnel médical du CHU Sainte-Justine afin de le remer- cier du travail immense qu’il effectue sans relâche. Au menu? Plus de 250 repas prêts à manger concoctés par le Portovino Ristorante Dix30 et la Trattoria Susanna, 200 baumes ultraperformants pour les mains de Kiehl’s, 200 crèmes ultranourrissantes pour le corps Atoderm de Bioderma, 200 cartes-cadeaux pour une manucure ou une pédicure à l’une des adresses de The Ten Spot, une variété de thés et de tisanes signés DAVIDsTEA, des infusions et des confitures biologiques de Santé de la Transylvanie et deux machines à café Aroma Caffé. De quoi apporter un peu de douceur dans le quotidien stressant des professionnels de la santé!

Et du côté de la mode locale? Chez Kanuk, on a produit 100 fou- lards en duvet et autant de vestes mi-saison (d’une valeur de 700 000$) pour le personnel du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) afin d’apporter réconfort et chaleur au personnel travaillant actuellement à l’extérieur. La compagnie mobilise également l’équipe de sa manufacture montréalaise afin de produire des jacquettes-blousons d’isolement lavables pour le personnel de l’Institut de Cardiologie de Montréal. Par ailleurs, dans son atelier de couture, en Estrie, la griffe québécoise Tristan a choisi de mettre un frein à sa production de vêtements pour concevoir des visières médicales destinées aux travailleurs de la santé. Quant à la marque de vêtements d’extérieur torontoise Canada Goose, elle s’est lancée dans la fabrication de 10 000 blouses pour répondre aux besoins d’équipements de protection dans les hôpitaux canadiens. On applaudit ces diverses réalisations de l’industrie de la mode et de la beauté!

Instagram @lushcosmetics