Mais comme je sentais que mon chum écoutait discrètement notre conversation, j’ai dit oui. Pour l’épater. Pour lui prouver que ce n’est pas parce que je panique quand je rate une sortie d’autoroute que je ne suis pas capable de relever des défis comme celui-là. Franchement!

J’arrivais du sud de la France et je vivais au Québec depuis seulement trois mois. Je me disais qu’un weekend de survie serait un bon «baptême du feu» pour mon premier hiver québécois. Et puis, ce serait l’occasion de rencontrer de nouvelles copines. Sophie avait prévu l’escapade pour le mois de mars. La fin des grands froids, me disais-je. Je crois que je n’avais pas vraiment idée de ce qu’on appelait l’hiver ici.

Le jour du départ est arrivé. Nous avions rendez-vous dans une cabane perdue du côté de Sainte-Agathe-des-Monts, dans les Laurentides. En arrivant sur place, notre guide, Alex, nous a prévenues d’emblée: «Les filles, ce n’est pas un weekend de survie que vous allez expérimenter, mais un weekend de survie… extrême.» J’ai regardé par la fenêtre: il neigeait à gros flocons. Sur mon cellulaire, la météo annonçait – 25 ºC au lever du jour. Ma respiration s’est accélérée. Je n’entendais même plus Alex nous expliquer comment allumer un feu avec de l’écorce de bouleau. «Une barre tendre, Marion?» m’a proposé Sophie, en voyant que j’étais aussi blanche que la neige qui tombait sans relâche.

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Et puis, il a fallu y aller. Quatre heures de marche pénible dans la poudreuse, à tenir notre sac à dos à bout de bras, pour nous aider à déblayer la neige qui nous arrivait à la taille. Rendues à notre camp de base, nous avons dû couper des branches pour construire notre abri et faire un feu. Mais pas moyen de brûler la moindre brindille: le bois était trempé. C’est là que les choses se sont mises à déraper. Notre guide, théoriquement garant de la zen attitude et des trouvailles à la MacGyver, s’est énervé, jurant contre ce «weekend de m…». Enragé, il a laissé tomber sa gourde pleine d’eau dans les quelques branches que nous avions réussi à allumer. Mon espoir de réchauffer mes orteils et de sécher mes mitaines s’est envolé illico.

Je ne sais pas comment les autres filles sont parvenues à s’endormir. Pour ma part, j’étais pétrifiée en imaginant que des coyotes pouvaient venir rôder autour de nous. En entendant le bruit du vent qui s’engouffrait dans l’abri, je me suis dit: «Plus jamais!» J’ignorais que le pire était à venir.

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Six heures du matin. Un beau ciel azur avait remplacé les flocons de la veille. Mes chaussures, que j’avais placées sous ma tête au lieu de les mettre dans mon sac de couchage – erreur de débutante -, étaient gelées comme des glaçons. J’ai eu beau taper des pieds, je ne sentais plus mes orteils. Le comble, c’est que notre soi-disant guide avait fait la même erreur. Mais lui avait trouvé une autre solution: il s’était soulagé sur ses bottes pour les réchauffer! Trop, c’était trop. J’ai téléphoné au responsable de l’expédition pour lui demander de venir nous chercher. J’ai bien vu que mon appel arrangeait Alex, qui commençait à perdre son sang-froid. «Les filles, on lève le camp! On va y laisser nos orteils!» hurlait-il. L’urine avait dû refroidir…

À 7 h 30, nous étions de retour à la cabane, un peu penaudes. À 8 h, nous buvions un café chaud. À 9 h 30, nous nous achetions un maillot de bain dans un centre commercial. À 10 h, nous barbotions dans un spa. Le bonheur! J’en ai maintenant la certitude: la civilisation, ça a vraiment du bon!

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