L’automne, déjà? Est-ce qu’on peut remettre ça à plus tard, s’il vous plaît? L’automne, mais surtout la rentrée culturelle qui y est étroitement associée. Je ne suis pas prêt du tout. Je n’ai même pas réussi à passer au travers de ma pile de lectures d’été, qui se trouve juste à côté d’une pile de lectures d’hiver. Ne me parlez pas du jeune prodige littéraire de la rentrée; j’en ai déjà plein les mains avec Éric Dupont, le jeune prodige de l’année dernière. C’est quoi cette idée qu’ont les auteurs d’écrire des briques? S’imaginent-ils qu’on n’a rien d’autre à faire que de se laisser absorber par leurs œuvres? C’est à peine si j’ai le temps de jeter un œil sur le texte des cartes d’anniversaire avant de les offrir, et il faudrait que je lise les 557 pages de La fiancée américaine, imprimées en tout petit? Non.

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Je n’ai pas plus de succès avec la musique. J’ai fait jouer en boucle l’album des Soeurs Boulay tout l’été, au détriment de We Are Wolves, Xavier Caféïne et DJ Champion. J’ai si peu écouté  Get Lucky, de Daft Punk, la chanson de l’été, que je serai le seul à ne pas la trouver insupportable rendu à Noël. Le jour où j’ai enfin eu le temps d’aller voir Sarah préfère la course, il n’était plus à l’affiche. Je voulais lire The Great Gatsby avant d’aller voir le film, je n’ai fait ni l’un ni l’autre. Je n’ai même pas eu le loisir de ne pas avoir envie d’aller voir Man of Steel au cinéma qu’il arrivait sur Netflix. Le temps me manque. La rentrée m’angoisse.

Il n’y a qu’avec les téléséries que je m’efforce d’être à jour. C’est la faute aux réseaux sociaux. Les gens regardent les séries et les commentent en direct sur Facebook ou Twitter. C’est inévitable: si j’ai le malheur d’y jeter un coup d’œil, j’apprends tous les revirements et les punchs des émissions que j’essaie de suivre. Il faut maintenant choisir entre être présent sur les réseaux sociaux ou avoir des surprises quand on regarde la télé. Pas le temps d’attendre le coffret DVD, il faut tout regarder dès la diffusion: Game of Thrones, House of Cards, allez, vite, avant qu’une autre série incontournable ne débarque!

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C’est d’ailleurs un curieux paradoxe: on se dit amoureux de la musique, de la lecture ou du cinéma et pourtant, en amour, c’est plutôt mal vu de courir sans cesse après la nouveauté. J’aimerais revoir Six Feet Under ou relire Kundera, mais il y a toujours un spectacle grandiose qu’il ne faut pas rater, une expo formidable qu’il faut avoir vue, une pièce de théâtre renversante à laquelle il faudrait assister. Ça m’essouffle rien que d’y penser.

Alors, quand je n’en peux plus de tout ce qu’il faut lire et de tout ce qu’il faut voir, quand la rentrée culturelle se fait trop étourdissante, je mets mes écouteurs, je ferme les yeux et je remets Les soeurs Boulay. Les incontournables attendront.

 

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