Je suis une adepte de la paresse. Je pratique l’art de la procrastination avec grâce. Je suis devenue accro à ces moments où il ne se passe rien, mais RIEN DU TOUT. À ces instants bénis où on sait que, bien sûr, on devrait s’activer, se dépêcher, courir, accomplir les millions de tâches qui s’accumulent sûrement quelque part sur une liste. À ces moments où, malgré tout, la force d’inertie gagne la bataille et nous oblige à tout arrêter.

Je me sentais comme ça ce matin. Dehors, la neige, le ciel gris, et pas âme qui vive dans les rues près de chez moi. Me vient cette furieuse envie d’être en congé, de rester couchée, de fixer le mur, de «laisser le bon temps rouler». Même si tout mon être me criait de rester totalement inerte, je me suis jetée sur mon clavier avec l’énergie du désespoir et j’ai décidé de vous raconter mon amour du ne-rien-faire- du-tout à la place. Après, quand j’aurai fini, je prendrai le temps de perdre mon temps.

La plupart des gens que je connais culpabilisent quand ils ne font rien. Ils se sentent mal, ont des fourmis dans les jambes, les doigts qui pianotent, la tête qui part en vrille. Pas moi. Je considère ces parcelles de néant comme des cadeaux, de petits dons du ciel, des instants volés où on n’est plus responsable du tout. La légèreté de la procrastination est une magnifique thérapie, un traitement antistress extrême, un antidépresseur sans effets secondaires.

 Pourquoi nos journées de congé doivent-elles être des marathons de tâches à effectuer? Nos semaines sont déjà des feux roulants, des chansons rock, des pétarades d’activités, alors quand une petite fenêtre de calme s’ouvre devant nous, pourquoi a-t-on besoin de la refermer à tout prix? Le lavage, l’épicerie, la vadrouille, les impôts, tout ça peut sûrement attendre, non? Je propose de faire du ne-rien-faire un art à part entière. De l’accepter, de l’embrasser, de lui donner la place qui lui revient de droit. Parce qu’il le vaut bien.

Peut-être que si je meublais mes rares moments libres par des cours de patinage artistique, des dégustations de vins ou des ateliers de confection de courtepointes, peut-être seraisje plus en forme, plus cultivée, plus habile. Sûrement. Je serais sans doute aussi un peu plus stressée, un oeil inquiet toujours rivé à mon agenda qui déborde. Alors que je peux tout simplement fermer les yeux et me laisser porter par un hamac ou par un rêve. Pour être en vacances, l’espace de quelques heures. Ouiiiiiiiiiiiii.

 

 

Mes endroits préférés pour ne rien faire

  • Café Névé On peut y traîner pendant des heures et déguster un des meilleurs cafés en ville. (151, rue Rachel Est, Montréal)
  • Spa Bota Bota Des bains scandinaves aménagés à l’intérieur d’une péniche posée sur le Saint-Laurent, avec vue imprenable sur le centre-ville. Une invitation à la paresse totale. (358, rue de la Commune Ouest, Montréal)
  • Motel Oscar Pour passer une nuit dans une chambre en contreplaqué, comme dans les années 1960! (1100, boul. Taschereau, Lemoyne)
  • Mon lit.
  • L’hôtel Gershwin, à New York Un petit hôtel artistique et francophile, qui est en plus le pied-à-terre parfait pour ceux qui ont envie de flâner dans la Grosse Pomme. Les chambres ont du cachet et un look arty, et dans le bar, on joue du Velvet Underground. (7 East 27th Street, New York)
  • Atomic Café Bon café, faune détendue, et un club vidéo de cinéma de répertoire (Le Septième) installé dans le même établissement. Histoire de poursuivre sa séance de paresse devant un bon film… (3606, rue Ontario Est, Montréal)
  • Mon lit, encore. 

 

 

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