Chloe Wise est clairement une artiste hyperactive. Elle est constamment en mouvement. Si elle n’est pas en train de peindre, elle sculpte; si elle ne réalise pas une vidéo, elle prépare un fanzine. Elle fait penser à une dynamo à idées, toujours prête à débuter un nouveau projet.

«Je ne crois pas que je pourrais me concentrer sur une seule chose, même si ma vie en dépendait», dit-elle avec un enthousiasme contagieux. Née et élevée à Montréal, Chloe Wise a étudié à Concordia avant de s’installer à Toronto pendant un temps. Elle a commencé par se faire un nom dans le domaine de la mode, comme mannequin et styliste. Elle a notamment collaboré avec des publications comme Vice, ELLE Japon ou Rookie Magazine.

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Débarquée à New York il y a à peine sept mois, elle semble vivre dans un tourbillon permanent. Quand je la rencontre à son studio de Bushwick (le Mile-End de Brooklyn), la grande pièce a l’air d’avoir été dévalisée. «Je suis désolée, presque toutes mes œuvres sont présentées dans des expositions en ce moment», m’explique-t-elle. Certaines se trouvent effectivement à New York, d’autres à Montréal et d’autres encore en Europe.

Maniant tout aussi bien les pinceaux que les pixels, Chloe Wise compte parmi cette nouvelle vague d’artistes que certains médias ont surnommé «digiféministes». «J’ai 23 ans, je suis une fille du millénaire, je suis de la génération Internet, j’ai constamment mon téléphone en main. […] À peu près tout ce que je fais passe par un écran. Cela influence évidemment mon art», admet-elle.

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Plusieurs de ses vidéos, souvent réalisées en collaboration avec l’artiste canadien Adam Levett (avec qui elle partage son studio), la montrent ainsi en train de prendre des selfies à répétition. Elle s’y moque aussi bien de l’obsession de sa génération pour les apparences que de son propre narcissisme.

Dictature de l’image, fascination pour la célébrité, hyper-sexualisation, excès marketing: si les thèmes qu’elle aborde dans ses œuvres ont évidemment des connotations féministes, l’Anglo-Montréalaise dit surtout explorer des sujets qui l’interpellent personnellement. Ce qui ne veut pas dire qu’elle rejette l’étiquette féministe. Bien au contraire. «Je suis évidemment féministe, cela va de soit pour moi.»

En mars dernier, elle a d’ailleurs participé à une expo de groupe intitulée Pussy Pat qui ne présentait que des œuvres réalisées par des jeunes femmes. De gros plans de vulves en photos osées, les pièces jouaient souvent sur les tabous et montraient des filles qui ne craignent pas de mettre leur sexualité à l’avant-plan.

«C’est intéressant de voir comment nous retournons la caméra vers nous-mêmes, comment nous utilisons nos corps. Mon amie Petra Collins, qui a organisé l’exposition, a présenté le concept comme étant une manière de reprendre possession de notre identité en ligne, en tant que femme, en tant que fille», précise Chloe.

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Surtout, la jeune artiste se félicite de voir à quel point les filles de sa génération s’entraident et s’épaulent afin de se faire connaître. «J’ai l’impression que les galeries et les institutions ont commencé à réaliser qu’elles n’ont pas accordé assez de place aux femmes. J’ai vraiment hâte de voir ce qui va se passer au cours des années à venir», dit-elle avec optimisme.

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