Pourquoi avez-vous participé au concours de Madame Univers?

D’abord, c’est une compétition qui ne juge pas les candidates seulement sur leur apparence. Il n’y a pas de défilé en costume de bain. Ce qui est important, ce sont leurs activités bénévoles et leur implication au sein de leur communauté. Qui plus est, cette année, le thème du concours portait sur la violence conjugale et ses répercussions sur les enfants. C’est une cause qui m’est chère, puisque j’ai moi-même été victime d’abus physiques et sexuels pendant mon enfance.

Les gagnantes de concours de beauté se tiennent généralement loin de la politique. Ce n’est pas votre cas.

Je souhaite profiter de ma tribune pour défendre les droits des Premières Nations, un sujet qui fait rarement les manchettes. Je trouve cependant très triste qu’il ait fallu que je remporte le titre de Madame Univers pour que les médias accordent soudainement de l’attention aux problèmes autochtones qui perdurent depuis des années.

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Pourquoi souhaitez-vous un changement de gouvernement?

Le premier ministre Stephen Harper nous a laissés tomber de toutes les manières imaginables. Nous ne sommes jamais une priorité. Pensez seulement à toutes ces femmes autochtones enlevées ou assassinées. Il a carrément rejeté la tenue d’une enquête publique. Pourtant, c’est un énorme problème: chaque jour, des femmes disparaissent. Non loin de ma communauté, à l’extérieur d’Edmonton, on retrouve régulièrement des corps de femmes autochtones… Comment peut-il agir comme si ce n’était pas important?

Vos opinions vous ont valu plusieurs accolades, mais aussi des commentaires haineux et racistes.

Oui, c’est déplorable. Je reçois aussi des menaces. Mais je n’ai pas peur. Que tous ces gens sachent que je n’arrêterai pas! Je ne peux me taire quand je vois les drames qui affectent les Premières Nations. Trop de Canadiens ignorent encore ce qui s’est passé dans les pensionnats autochtones ou que nous n’avons toujours pas d’eau potable dans nos réserves.

Que comptez-vous faire à la suite des élections fédérales?

Peu importe le parti élu, je continuerai mon travail de sensibilisation. Je sens qu’on m’écoute. Certains m’ont dit que j’ai plus d’influence que le chef national de l’Assemblée des Premières Nations. Je ne sais pas si c’est vrai, mais je veux honorer cette responsabilité.  

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