PHOTOS: de gauche à droite, de haut en bas: Pam, naturelle sympa; Sue, l’effrontée un brin rebelle; Stella, stricte, sévère; Lydia, fille saine; Blondie, l’éternelle branchée; Platine, bombe clinquante.

 

Vingt-et-un ans, l’âge de tous les possibles. Pour Sophie Van der Stap, cet âge coïncide avec l’annonce d’un virulent cancer du poumon. Que faire? Lutter corps et âme contre la maladie? Oui, absolument. Mais elle ne se résout pas à dire adieu à ses cheveux, appelés à disparaître sous l’effet dévastateur des 54 semaines de chimiothérapie et de radiothérapie qui l’attendent.

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La jeune étudiante imagine donc sa propre thérapie: l’achat frénétique de perruques. Neuf en tout, pour exprimer neuf facettes de sa personnalité. Tour à tour, elle deviendra Stella, Sue, Daisy, Blondie, Platine, Emma, Pam, Lydia et Bébé. Autant de «copines» qui, comme elle le confie dans son journal intime, lui permettront d’exprimer sa féminité et de survivre. C’est cette histoire, son histoire, que Sophie Van der Stap, 26 ans, raconte dans La fille aux neuf perruques (Stanké), devenu un bestseller en Allemagne et aux Pays-Bas.

 

VP-Daisy-EQ2431.jpgJointe au téléphone à Amsterdam par un bel après-midi ensoleillé, elle répond à nos questions, alternant, avec son délicieux accent, entre le français et l’anglais, la gravité et les éclats de rire.

Qui aurait pensé que ces neuf perruques vous sauveraient la vie?

C’est pourtant ce qui est arrivé! (rires) Mes perruques étaient beaucoup plus que des cheveux! Elles m’ont permis de me regarder droit dans les yeux au moment où je ne me reconnaissais plus. Elles m’ont permis de jouer avec ma féminité et m’ont fait oublier ma maladie. Mais plus que tout, elles m’ont aidée à agir sur mon destin.

 

Elles vous ont donné la force morale dont vous aviez besoin?

Oui! Car face au cancer, on a peu d’emprise sur les traitements et sur nos chances de guérison. On a donc besoin de force intérieure pour livrer sa propre bataille. C’est une arme puissante! Elle me permettait de dire au cancer: «Tu peux bien essayer de me tuer, mais la plus forte, c’est moi!»

PHOTO: Daisy, l’aguicheuse aux allures de Barbie

 

Lire la suite: Livrer sa bataille contre le cancer

 

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Quel «personnage» vous ressemble le plus?  Pam, pour son côté naturel, très girl next door. Curieusement, c’est avec Platine, ma perruque la plus artificielle, que j’ai osé afficher ma maladie aux yeux du monde.

 

PHOTO: Bébé, sexy ou hippie, selon l’humeur.

 

Que pensez-vous des survivants qui affirment que le cancer est la meilleure chose qui leur soit arrivée…

Chacun a sa façon de vivre les évènements et de les nommer. Je n’aurais voulu rater mon cancer pour rien au monde. Il m’a apporté une grande clarté, la furieuse envie d’être heureuse et m’a révélé ma passion de l’écriture.

 

Il a aussi totalement changé votre vie! Vous êtes devenue écrivaine, vous êtes la chouchou des médias, vous avez quitté l’université…

C’est vrai! Elle est loin, ma vie d’étudiante en sciences politiques! Je pars m’installer un an à Paris, où je vais travailler à l’adaptation pour le cinéma de La fille aux neuf perruques et à l’écriture de mon prochain roman, purement fictif celui-là. Je vais aussi en profiter pour perfectionner mon français et flirter à la française! (rires) Tout ce que je veux, c’est de pouvoir vivre de ma plume!

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Et la famille, les amitiés et les amours, dans tout ça?
Le cancer nous a énormément rapprochés, ma famille, mes vrais amis et moi. L’amour? Disons que j’ai quelqu’un dans ma vie, mais que mon prince se fait attendre…

Serait-il intimidé par les perruques?
Ce serait vraiment moche! Car depuis ma guérison, j’en ai acheté plein d’autres!

 

 

 

 

 

PHOTO: Emma,  l’âme poétique

 

 

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