Je voulais écrire une chronique sur une idole, une femme qui m’a inspirée, un mentor féminin qui m’a donné envie de faire mon métier, de prendre la parole et de foncer. Après des jours de réflexion, de valse-hésitation, de mordillage de crayon, de crêpage de chignon (avec moi-même), j’ai dû me rendre à l’évidence, au risque d’avoir l’air cucul, quétaine, fleur bleue et licheuse: la femme qui m’a le plus aidée à être moi haut et fort, c’est certainement… ma mère.

Bon, oui, je sais, ça semble être une évidence: une maman, ça nous soutient, ça approuve tous nos choix, par amour maternel, ça nous encouragerait même à réaliser nos ambitions les plus débiles. Mais présenter ma mère de cette façon, ce serait faire fi de son caractère… Car même si elle m’a aimée de tout son coeur, a cru et croit toujours en moi, ma mère m’a aussi mis un tas de bâtons dans les roues. Elle m’a critiquée, remise en question, s’est indignée devant certaines de mes décisions professionnelles, et pour tout ça, je voudrais aujourd’hui lui dire merci.

Mamouchka est une femme de tête. Une vraie. Une belle tête de cochon. Une intello, une femme de mots et de réflexion, au sens éthique pointu, une femme droite et ultradécidée, qui a quitté à 16 ans sa petite ville natale pour aller faire de hautes études dans la «grand’ville», envers et contre tous. Elle a mené sa vie toute seule, sans demander l’avis de qui que ce soit, et a fait la plupart de ses choix pour elle et pour nous, ses filles. Elle n’a jamais dépendu d’un mari, d’un père, d’un patron. Elle est devenue travailleuse autonome avant que ce soit la mode, a choisi le célibat, l’indépendance à tous points de vue, à une époque où le divorce n’était pas encore tendance.

Cette Mamouchka hors du commun m’a inculqué la leçon de vie la plus précieuse. Celle que je voudrais plus que tout transmettre à mon fils. Elle m’a appris que, dans la vie, ON A LE CHOIX. Qu’on est seul maître à bord, qu’on peut faire ce qu’on aime, aller au bout de ses rêves, si on y croit et si on se donne corps et âme. Elle m’a appris à croire en moi.

Maman, ma belle entêtée d’amour, tu n’as pas toujours été d’accord avec moi, tu m’as souvent confrontée, mais tu as fait de moi une femme forte et sûre d’elle. Tu m’as appris à savoir ce que je veux et à m’y accrocher. Tu m’as fait le plus beau cadeau du monde: la liberté de choisir.

Je leur dois (aussi) beaucoup

  • J’étais toute petite quand la chanteuse CYNDI LAUPER, à l’esprit aussi pop que punk, est sortie de l’ombre avec ses cheveux improbables et son attitude frondeuse. Une formidable explosion de couleurs, qui m’a appris qu’on peut être rassembleuse et marginale en même temps.
  • Jeune adulte, j’ai dévoré l’oeuvre d’ANAÏS NIN, son journal, ses écrits érotiques, ses nouvelles. J’ai été transportée par sa soif de liberté, son audace, son goût du risque, du beau et du sensuel. J’ai été fortement touchée par sa féroce et poétique insoumission.
  • Avant d’être la femme de Pierre Karl et l’animatrice de l’émission Le banquier, JULIE SNYDER était une petite bombe qui avait du front tout le tour de la tête, qui faisait des entrevues sans compromis et sans langue de bois, qui portait des robes d’une excentricité à faire (presque) pâlir d’envie Diane Dufresne! Ado, je me disais que c’était exactement ce genre de télé que je voulais faire. Pleine d’idées et de contenu, mais explosive, provocante, décalée.


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