Auteure de nombreux ouvrages sur l’argent (Zéro dette pour la vie, Comment parler d’argent avec mon enfant, etc.), Gail Vaz-Oxlade est aussi la tête d’affiche de trois émissions télé (Til Debt Do Us Part, Princess et Money Moron), où elle réforme les vilains dépensiers en sages économes. On l’a rencontrée à Toronto lors d’une conférence organisée par la compagnie Church & Dwight et on lui a demandé ses trucs pour améliorer nos finances.

Vous travaillez avec des gens de tous les âges. Selon vous, le rapport à l’argent est-il différent d’une génération à l’autre? Je n’ai pas remarqué de distinction claire entre les jeunes et les moins jeunes, pas plus qu’entre les hommes et les femmes, ou entre les personnes aisées ou démunies. Je crois que c’est l’accès au crédit qui a changé les choses. Avant 1965, les cartes de crédit n’existaient pas et, avant les années 1990, seuls les meilleurs clients des banques avaient droit à une marge de crédit. Il existait donc beaucoup moins de façons de s’endetter.

La nouvelle génération emprunte davantage simplement parce qu’elle peut le faire plus facilement. Et je suis persuadée que, si les générations précédentes avaient pu en faire autant, elles se seraient certainement comportées de façon aussi stupide et insouciante!

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Diriez-vous que la dépendance au shopping, dont il est grandement question dans votre émission Princess, constitue un problème moderne? La mère d’une de mes amies, une octogénaire retraitée, était jadis une accro du magasinage. Lorsqu’elle se rendait à une vente de garage, par exemple, elle perdait la tête. Elle possédait plus de 50 ensembles de vaisselle! Donc, non, cette dépendance n’est pas nouvelle. Elle a été exacerbée par l’accès au crédit, qui nous permet d’acheter davantage. Pour se limiter, il faut d’abord éviter d’entrer dans les boutiques!

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Que penser, alors, du magasinage en ligne? Je trouve ça pratique lorsque je souhaite comparer les prix d’un même article, d’une boutique à l’autre. Et ça m’aide aussi à mesurer mon intérêt pour un produit.

Par exemple, si je veux m’acheter un pantalon de yoga, je fais des recherches, puis j’en choisis un. Je le place dans mon panier d’achat virtuel et je m’accorde quelques jours de réflexion.

Le simple fait de prendre du recul me permet de savoir si j’ai réellement besoin de cet article ou si j’en ai simplement envie. Le shopping en ligne doit être perçu comme un acte réfléchi et non comme un exutoire. Ça ne sert pas à dépenser tout son soul sur un coup de tête!

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Y a-t-il moyen de s ‘accorder une gâterie par pur plaisir et sans culpabilité? Bien sûr, mais il ne faut pas dépenser des tonnes non plus. Personnellement, j’adore les livres. J’attends toutefois qu’ils soient offerts en version de poche ou en solde pour me les procurer. Par ailleurs, il existe une portion «plaisirs» dans mon budget et je me force à dépenser cette somme chaque mois.

Devrait-on forcément rembourser son prêt étudiant avant de considérer l’achat d’une propriété? C’est généralement plus sage de le faire pour éviter d’accumuler des dettes. Mais tout dépend de votre situation. Si votre revenu vous permet de payer l’hypothèque et de rembourser votre prêt sans souci, allez-y!

Quelle est la meilleure façon d’apprendre aux enfants à gérer leurs sous? Dès l’âge de six ans, donnez-leur une allocation. C’est la manière la plus simple et la plus efficace de leur enseigner la gestion de leurs finances. Dès l’adolescence, ils devraient acheter eux-mêmes leurs vêtements et ce dont ils ont besoin avec l’argent qu’ils reçoivent.

L’émission Princesse (version française) est diffusée sur les ondes de Moi & Cie. Les émissions Til Debt Do Us Part et Money Moron sont toutes deux diffusées en version originale anglaise sur les ondes de Slice.