C’est facile, détester l’hiver. C’est une saison de froid, de frette et – pour ceux qui, comme moi, ont à la fois 38 et 78 ans – de « hé, je te dis que c’est pas chaud pour la pompe à eau! » En plus, il fait noir à 2 h de l’après-midi, parce que le soleil, tanné de briller sans rien réchauffer, retourne se coucher.

C’est facile, détester l’hiver. Malgré tout, je résiste. Ne vous méprenez pas: je ne suis pas de ceux qui parlent déjà en juillet du ski qu’ils vont faire en janvier. Loin de là. Mais je ne suis pas non plus une Dominique Michel qui haït l’hiver (dans votre tête, prononcez « haguit »), les dents serrées et les mains gercées.

Pourquoi? Deux mots: « grosse » et « couverture ». Quand arrivent les temps froids, avant même qu’une délicieuse odeur de poussière brûlée embaume mon appartement quand je pars le chauffage, je ressors mon édredon hivernal. Tandis que la grosse couverture qui pèse une demi-tonne me tombe sur le corps avec une lourdeur réconfortante, je me dis presque « enfin, l’hiver! »

Il peut bien faire – 40º C à l’extérieur, sous ma douillette en duvet, la température est à « réconfort degrés Celsius », et tout est parfait. Je pourrais être dehors à déneiger une place de stationnement. Je pourrais être en train de faire du ski de fond, ce qui est, à mon avis, le pire sport du monde après la chasse à courre. Mais non. Je suis sous une grosse couverture, et cela est juste et bon. Non seulement j’ai la chance d’être confortablement installé, mais je suis également conscient de ma chance et de mon confort, et c’est ce qui fait toute la différence.

Le confort n’existe pas sans inconfort. La détente n’existe pas sans tension. Le bonheur d’être enroulé comme un burrito devant la télé (les enfants qui viennent se coller en sont la salsa et le guacamole) n’existe pas sans la poudrerie qui souffle dehors. Les moments parfaits n’existent pas en eux-mêmes. Ils apparaissent quand on réussit, ne serait-ce que quelques instants, à repousser l’imparfait qui nous entoure en tout temps.

Alors plutôt que de faire une fixation sur la froidure, on peut sentir la tasse chaude dans nos mains, nos pieds accotés contre le calorifère et le poids de la grosse couverture sur nous. On peut choisir de faire pousser des légumes dans notre jardin de givre. Parce qu’elles sont non seulement un rempart contre le froid, mais aussi un rappel qu’il faut créer ses propres refuges et, surtout, savoir en apprécier la valeur, je place « les grosses couvertes » en 462e position des choses qui font du bien.

Mathieu Charlebois est un ancien musicien viré journaliste, qui a viré chroniqueur politique, viré auteur d’humour écrivant maintenant sur le bonheur comme s’il connaissait ça.

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