Réglez vos cadrans: le printemps arrive officiellement le 20 mars, à 4 h 37 du matin. C’est à ce moment précis que se produira l’équinoxe, soit le moment où le Soleil traversera le plan équatorial terrestre pour changer d’hémisphère céleste, et merci à Wikipédia pour ces informations utiles.

Se sentira-t-on différents en se levant le 20 mars? Se sentira-t-on immédiatement plus… printaniers? Disons que je ne vous recommanderais pas de sortir tout de suite les petites robes aux imprimés floraux, ou peu importe ce qui est à la mode cette année. (Consultez les autres pages de ce magazine pour le savoir. Ce n’est vraiment pas mon rayon…)

Avec l’hiver, c’est simple. N’en déplaise au calendrier et à l’alignement des hémisphères célestes, l’hiver commence quand la neige tombe et recouvre tout. Il suffit de quitter sa fenêtre des yeux durant un après-midi, pour constater, quand on y revient, que ce n’est absolument plus l’automne.

L’hiver est radical. Brutal comme les pertes d’emplois, les «la tumeur est bel et bien cancéreuse» et autres «il faut qu’on se parle…». On a beau s’y préparer et se faire des réserves de noix comme des écureuils, les hivers arrivent quand ils arrivent, et il faut faire avec.

Le printemps, lui, est fait de petites victoires. Les enfants ne sautent pas sur notre lit un matin en criant: «Le gazon est vert! Le gazon est vert!» On se réjouit plutôt de voir une goutte d’eau tomber du bout d’un glaçon. Un manteau boutonné à moitié. Une journée où le bonheur est suspectement facile après des mois à pleurer. L’impression d’être peut-être capable d’aimer à nouveau… peut-être.

Le printemps est là, mais la neige va coller encore un peu et fondre en laissant des champs de bouette et l’odorant sou- venir que ce n’est pas tout le monde qui ramasse les besoins de son chien.

C’est peut-être mieux comme ça. Si on passait de «Oublie pas ton foulard!» à «Oublie pas ta crème solaire!» entre lundi et mardi, ce serait franchement déroutant. Le printemps offre une période de transition qui nous permet de vérifier qu’on rentre toujours dans notre short et qu’il reste du propane dans la bonbonne du barbecue.

Les printemps, ce sont les petites roues sur le vélo des étés. Ils arrivent tranquillement et demandent de la patience. Si on se lance à corps perdu dans un projet parce que, pour la première fois depuis notre burnout, on a l’énergie pour se coucher passé 20 h, le regain d’énergie ne durera pas longtemps.

Au printemps, on a l’impression de renaître. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que la première naissance a demandé quelques heures de travail, beaucoup de cris, et qu’on était tout gluants en venant au monde. Normal que les renaissances soient aussi un peu comme ça.

Parce que les printemps sont un prélude aux étés et qu’ils nous rappellent que les meilleures choses prennent du temps et de la patience, je place cette saison (la vraie comme la métaphorique) en 25e position de la liste infinie des choses qui font du bien.

Mathieu Charlebois est un ancien musicien viré journaliste, qui a viré chroniqueur politique, viré auteur d’humour écrivant maintenant sur le bonheur comme s’il connaissait ça.

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