Il y a quelques années déjà, une personne de mon entourage m’a dit cette chose étrange: «Ça, c’est TA vérité.» «Comme s’il y en avait plusieurs», me suis-je dit intérieurement. Mais ça m’a ébranlée. Ça a ébranlé une certitude que j’avais depuis l’enfance. Celle qui veut que la vérité triomphe toujours. Celle qui me faisait croire que si je ne disais pas la vérité, ma mère avec son 12e sens (elle en avait beaucoup, à mes yeux) le saurait dans la seconde. Et je détestais me faire chicaner, alors…

En grandissant, j’ai compris que la dissimulation ou le petit mensonge ont leurs vertus. Il est parfois préférable de taire certaines vérités susceptibles de blesser l’autre. Toutes les citations et les adages du genre: «Pose pas de questions si tu veux pas de menteries» ou «J’ai dit la vérité à mon ami, il est devenu mon ennemi» sont parfois durs, mais souvent vrais.

On entend aussi dire que la vérité sort de la bouche des enfants. Quiconque ayant passé quelques minutes dans la cour d’une école primaire approuvera. C’est que les enfants n’ont pas encore de filtre et disent instantanément ce qu’ils ressentent!

En grandissant, on apprend à utiliser des filtres sociaux, ceux qui font que nous tissons des liens avec plein de gens sans pour autant partager les mêmes idéaux qu’eux. On vit en société, et les filtres sont aussi vitaux que l’eau. Pourtant, à partir du jour où j’ai eu peur de mourir, tous mes filtres ont pris le bord. Et c’est là que m’est apparue l’essence même de ce mot exigeant qu’est la vérité. 

Je crois que la vérité se cache en chacun de nous. C’est notre essence, celle qui fait que nous sommes tous et toutes uniques. Je suis consciente que ça fait un peu prêcheur, mon affaire, mais reste que mon cœur ou le tien, c’est du pareil au même. On a soif de vérité, de justice et d’amour. Ce qui nous différencie, c’est le chemin qu’on parcourt et les choix qu’on fait.

On peut se faire des accroires, vivre dans le déni, se raconter des menteries, et parfois (souvent), c’est ce qui nous aide à surmonter les épreuves. Le prisme à travers lequel on regarde la vie et les autres teinte notre réalité. La vérité absolue n’existe donc pas, parce que notre subjectivité la déforme. Pourtant, certaines vérités sont considérées comme universelles. Par exemple, tout le monde est d’accord pour dire que le soleil se lève à l’est et qu’il se couche à l’ouest. Qu’on soit Africain, Américain, petit, grand, excentrique ou égocentrique, on admet toujours que le soleil apparaît à l’est le matin et disparaît à l’ouest le soir.

Si on laisse aux gens la possibilité de déterminer ce qui est vrai, comment saura-t-on ce qui l’est et ce qui ne l’est pas? Notre monde n’aurait plus aucune base solide. Tout serait fondé sur le scepticisme; chaque vérité pourrait être réfutée par une autre. Le monde serait alors dans la plus totale confusion. Et ça, c’est effrayant…

Alors, oui, j’ai ma vérité. Mais j’espère que LA vérité sera bientôt de nouveau à la mode. 

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