L’émancipation de la femme et l’égalité des sexes est – et a toujours été – au cœur des préoccupations philanthropiques de Sophie Grégoire, qui promet d’utiliser sa voix jusqu’au dernier souffle pour faire une différence quant aux droits des femmes.

C’est dans le cadre des Journées d’action contre la violence faite aux femmes, qui se déroulent du 25 novembre au 6 décembre 2021, qu’ELLE Québec s’est entretenu avec cette militante, conférencière, mère de trois enfants, et femme du premier ministre du Canada.

Durant ces 12 jours de solidarité envers les femmes victimes de violence, de nombreuses activités de mobilisation sont organisées à travers le Canada afin de sensibiliser l’opinion publique à ce problème. Un sujet des plus pertinents, lorsqu’on pense aux 17 féminicides qui ont eu lieu cette année, seulement au Québec.

Sophie, en cette période de sensibilisation à la violence faite aux femmes, pouvez-vous nous dresser un portrait de la situation?

Comme activiste, je suis souvent exposée aux faits les plus récents, et ce n’est pas toujours réconfortant. Durant la pandémie, j’ai été en communication avec des femmes isolées à travers le pays, et de réaliser qu’elles ne pouvaient même pas quitter un foyer où la violence conjugale était présente, était épouvantable à entendre. Mais je suis rassurée à certains niveaux, parce qu’on a un gouvernement qui prend la chose excessivement au sérieux. 500 centres d’accueil pour femmes violentées à travers le pays ont reçu de l’aide financière dernièrement, et on a maintenant un fond pour la santé mentale au Canada. C’est sûr qu’on est en situation de crise et qu’on voudrait que tout soit réglé tout de suite, vu qu’il y a tellement de gens qui souffrent, mais on peut au moins se réjouir des ressources disponibles.

Comment chaque individu peut-il s’impliquer durant ces 12 journées d’action?

Qu’on ait une plateforme ou pas, il y a plein de moyens que les gens peuvent prendre pour encourager ce mouvement-là. Mais le plus important, c’est de faire une vérification de la violence qu’on accepte, ou qu’on s’inflige à nous-mêmes, en tant que femme. Donc la sensibilisation, ça part de soi, d’une conversation avec nous-mêmes, et avec nos proches aussi. Comment on traite les membres de notre famille, nos amis, nos collègues, comment on se traite, et comment on dénonce ce dont on est témoin, c’est excessivement important.

Et en tant que société, quel est notre rôle dans cette lutte?

D’être plus ouvert aux autres. La flexibilité psychologique va nous permettre, si on l’inculque à un jeune âge, de mieux comprendre qui on est en tant qu’humain, et de développer un sens de solidarité comme on n’en a jamais eu auparavant. La flexibilité psychologique, pour moi, c’est à la base du progrès humain, tant au niveau de la créativité et de l’innovation, mais aussi de l’ouverture et de la compassion sociale. La flexibilité psychologique, ça fait des jeunes enfants qui se comprennent mieux dans leurs émotions et qui deviennent des adultes mieux régulés, ce qui va nous permettre de mieux avancer en tant que société, de créer un progrès qui va servir à tous, pas juste à l’élite. Et la façon dont on élève nos garçons aussi va changer complètement la société. On n’a qu’à penser à des gars comme David Goudreault, avec sa Lettre aux petits gars, ou à d’autres hommes extraordinaires, bien équilibrés, bien centrés, qui traitent les femmes de manière extraordinaire, parce qu’ils se traitent eux-mêmes de manière respectueuse. C’est en essor et il faut les encourager ces hommes-là, parce qu’on en a besoin à nos côtés, et dans des rôles de leadership aussi.

Si vous êtes victime ou témoin de violence, n’hésitez pas à contacter une ressource d’aide et d’écoute:

SOS violence conjugale
Téléphone : 1-800-363-9010 (24/7)
Texto : 438 601-1211 (de 8 h à minuit, du jeudi au samedi et 24 heures sur 24, du dimanche au mercredi)
Clavardage  (de 8 h à minuit, du jeudi au samedi et 24 heures sur 24, du dimanche au mercredi)
Courriel (réponse dans les 24 h)

Info-aide violence sexuelle 1 888 933-9007 (24/7)

 

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