2018. Première Saint-Valentin avec mon amoureux actuel. Il m’offre un magnifique carnet pour que je puisse écrire sur du papier aussi délicat que mes mots. Je suis touchée et… déstabilisée. Je ne lui ai pas acheté de cadeau. Je ne pensais pas que la Saint-Valentin était importante pour lui. C’est une fête un peu quétaine, non?

«Bah! c’est une journée pour prendre le temps de se dire qu’on s’aime… Me semble que ce n’est pas si pire que ça.»

Je décèle de la déception dans sa voix. Et il a raison. Pourquoi est-ce que je boude cette célébration? Suis-je le reflet de ma génération? Celle qu’on aime pointer du doigt parce qu’elle carburerait aux relations jetables, tuant le romantisme à petit feu?

L’événement me pousse à une remise en question: c’est quoi, être romantique aujourd’hui? J’ai appelé la sexologue Julie Lemay, ma référence absolue, pour en discuter…

Dans ma tête, être romantique, c’est poser des gestes à saveur hollywoodienne et couvrir l’être aimé de cadeaux jusqu’à sa mort. Ai-je raison, Julie? «C’est vrai qu’on a rattaché le romantisme aux choses matérielles et à la passion, me répond-elle. Pourtant, dans le dictionnaire, on parle plutôt de ce qui renvoie à l’affectivité et à l’émotif… Être romantique, ce serait donc se montrer dans sa vulnérabilité! Il n’y a pas nécessairement de transactions là-dedans.»

Révélation-choc: le romantisme n’est pas synonyme d’échange de cadeaux ou de gestes sexuels. Or, bien des personnes se cassent le bécik chaque 14 février pour gâter leur partenaire. Une pression qui peut devenir source de stress, selon Julie Lemay. Quelle serait donc la meilleure manière de montrer notre amour?

«Ça dépend du tempérament de chacun, dit la sexologue. Il y a des relations où on verse dans la passion et d’autres, dans le pragmatisme. Tout est possible! Il s’agit d’abord de tenir compte des besoins de l’autre. Prenons l’exemple d’un couple hétéro avec enfants dans lequel la femme porte la charge mentale au quotidien. Si, une fois par année, son chum arrive avec un fondant au chocolat… ça se peut qu’elle voie là un signe de romantisme plaqué, alors qu’elle espère de l’attention chaque jour… C’est d’ailleurs dans ce type de situation qu’on peut devenir blasée par rapport au romantisme.»

Voilà qui est intéressant! Au fond, on veut – et on mérite – un romantisme sur mesure. Dans une optique de réciprocité, il devient donc essentiel de saisir ce qu’espère la personne qu’on aime.

«C’est aussi simple que ça, me confirme Julie Lemay. Être romantique, c’est être à l’écoute de l’autre. C’est prendre le temps de le connaître pour adapter notre attention à ses envies. Répéter le même cadeau, année après année, peut être une tradition charmante. Mais s’adapter aux besoins réels de l’autre peut également être une belle preuve de romantisme. C’est une façon de dire: “Je te considère. Je te vois.”»

Si je te suis bien, le romantisme n’est pas mort, Julie?

«Le romantisme n’est pas du tout mort! Mais je pense qu’on veut aujourd’hui se raconter d’autres histoires que celle d’un chevalier et de sa princesse dans une tour.»

Parfait! Regardez-moi bien comprendre les envies de mon chum cette année. Je vais lui offrir un masque assez large pour couvrir son grand visage et une soirée pendant laquelle il aura la maison à lui seul, après des mois de cohabitation ininterrompue avec moi. Je te vois, mon amour. Je te vois.

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