Déranger parce qu’on est trop braillarde, qu’on parle trop fort, qu’on trip trop sur Justin Bieber et qu’il faudrait arrêter de faire jouer One less lonely girl en boucle. 

Pour Mégan Brouillard, une humoriste de la relève cumulant plus de 140 000 abonnés sur TikTok, le sentiment de déranger est arrivé dès ses premières années au secondaire. Un midi, à l’âge de 13 ans, alors que Mégan mangeait un macaroni à la viande de cafétéria – très sec et trop salé – sa professeure de français l’interpelle et lui demande de cacher sa bretelle de brassière qu’on voit accidentellement dépasser de son chandail.

Mégan ne comprend pas, mais obéit. Sauf que le même avertissement se répète, jour après jour, telle une malédiction pire que celle d’avoir de l’acné et des broches en même temps. Mégan comprend. Ce qui dérange, c’est ses seins. « Qu’est-ce qui la gossait de la bretelle, honnêtement ? C’est qu’au bout de la bretelle, tu sais qu’il y a mes seins ? Parce que tsé, au boutte de mes bras aussi, y’a mes seins. On s’en sauve pas ! » me dit-elle en se remémorant l’évènement.

C’est la première fois que Mégan remarque que ses seins rendent inconfortable. En fait, que ses seins rendent d’autres personnes inconfortables. Parce que jusqu’à présent, c’est seulement elle qui vivait avec l’inconfort des cerceaux dans ses maudites brassières La Senza. 

Mégan est dans une impasse. Venir à l’école sans soutien-gorge est complètement proscrit, mais venir à l’école avec un soutien-gorge qui dépasse par inadvertance de son t-shirt, c’est tout aussi inacceptable. « Je suis en secondaire 2, pensez-vous que j’ai saisi toutes les nuances du soutien-gorge, moi ? J’ai la vieille brassière lousse que ma cousine m’a donnée, je fais ce que je peux ».

Après plusieurs avertissements, la fibre politique s’empare de la jeune humoriste. Elle se lance dans un combat contre l’interdiction de voir la bretelle et monte jusqu’à la direction afin de poser une simple question : pourquoi ça dérange ? Un homme méprisant la retourne du revers de la main en lui disant qu’il l’entend, mais que les choses ne changeront pas.

« Je vois des filles au secondaire se révolter, mais on se tourne de bord et on se dit : “elles sont jeunes, on n’a pas besoin de les écouter !” Sauf que ces filles là arrivent au cégep et elles réalisent qu’elles avaient raison de crier, parce que là, t’as le droit de porter des bretelles spaghetti pis personne n’en fait un plat » dit Mégan. « Tu réalises que c’était une question de contrôle depuis tout ce temps ! »

Aujourd’hui, bien que la sexualisation et le contrôle du corps des jeunes femmes restent des questions très prenantes, on voit de plus en plus d’écoles abolir les anciens codes vestimentaires jugés sexistes.

Tout ça, c’est un énorme soulagement pour Mégan. Un plus grand soulagement, même, que sa découverte des modèles de brassières confortables sans cerceau.

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