Quand j’étais adolescente, tout me faisait peur: couler mon cours de maths, ne plus faire partie du Top 8 MySpace de mes meilleures amies, parler au beau Jean-Michel, ne pas faire le bon choix de programme au cégep, être trop ci, pas assez ça. Dans ma tête, ça bourdonnait constamment de doutes et d’insécurités. Je me rassurais en me disant que j’étais une ado pleine d’hormones, que ce trop-plein d’angoisses était normal et que ça me passerait quand je deviendrais une adulte avec un grand A.

 

Et c’est vrai… en partie. Aujourd’hui, je n’ai plus peur d’échouer mes 436 ou de frencher le beau Jean-Michel. Ce qui m’effraie, c’est l’état du monde: la bêtise humaine, l’ignorance, l’aveuglement volontaire, la haine, l’intolérance.

 

L’avenir.

 

Mais, malgré toutes les nouvelles qui, chaque matin quand j’ouvre mon ordinateur, me font perdre espoir en l’humanité, une chose continue de me faire croire en un futur plus beau: les filles.

 

Elles run the world, comme dirait Beyoncé, et j’en suis aujourd’hui plus que convaincue. Les filles et les adolescentes d’hier et d’aujourd’hui ont à gérer les mêmes genres de doutes et d’angoisses qui me tenaient éveillée la nuit, à 15 ans, tout en vivant dans une société qui leur est hostile, qui les tourne en ridicule et leur met constamment des bâtons dans les roues. Une société dans laquelle, en 2017, un misogyne raciste est président des États-Unis, le sexisme ordinaire est omniprésent, les trolls sont légion sur les réseaux sociaux, des jeunes femmes autochtones canadiennes disparaissent sans qu’on lève le petit doigt, l’accès à l’avortement est constamment menacé, la culture du viol prédomine…

 

Et pourtant, sur les chemins qu’ont tracé avant elles leurs mères, grands-mères et arrière-grands-mères,  elles continuent d’avancer. Loin de se laisser abattre, elles font rayonner leur voix.  Et pas qu’un peu! Elles gagnent des prix Nobel, lancent des compagnies qui célèbrent la mode et la diversité, lisent des articles sur le sexisme, le racisme et la transphobie dans le Teen Vogue, s’insurgent sur les réseaux sociaux, s’impliquent socialement, changent les codes dépassés, s’efforcent de briser les barrières dans une panoplie de milieux, chamboulent les traditions, assument entièrement tout ce qu’elles sont.  

 

À 15 ans, je ne savais pas encore que j’étais féministe – ni, d’ailleurs, ce que ce mot signifiait. Et j’étais bien trop centrée sur mon propre nombril pour militer pour les droits et le bonheur de mes consoeurs! Savoir que de nombreuses adolescentes, aujourd’hui, ont le courage de s’identifier et de prendre part à ce mouvement, mais aussi de défendre leurs intérêts et celle des minorités, de tenir tête aux Donald Trump, Harvey Weinstein et autres bullies du genre tout en apprenant à se connaître, tranquillement, en tant qu’humaines, me remplie d’espoir. Et de fierté.

 

À toutes les filles, je souhaite une excellente journée. Vous m’inspirez. Avec vous comme relève, j’ai l’impression que, bientôt, tout va être correct.