On s’est entretenues avec Khate Lessard pour mieux comprendre comment elle arrive à naviguer dans ces eaux troubles, à garder le cap sur ses objectifs et à continuer d’avancer vers un monde meilleur.

La première participante trans de la populaire téléréalité Occupation double a fait jaser lors de son passage à l’émission, et l’intérêt des Québécois pour cette femme drôle, vive d’esprit et sans tabou ne fait que grandir depuis. «Les gens se confient beaucoup à moi, et le fait que mes messages rejoignent tant de personnes, et font du bien, me poussent à continuer de m’exprimer sur mes différentes réalités», dit-elle. Mais son audace n’est pas toujours récompensée. «Je reçois beaucoup de critiques, de menaces. Il y aura toujours quelqu’un qui ne sera pas d’accord avec ce que je dis, avec la manière dont je vis ma vie trans. Mais j’ose quand même élever la voix, parce que sinon, rien ne changera.» Khate, qui dit avoir saisi les occasions qui s’offraient à elle, avoue cependant avoir été effrayée, à son retour d’OD Afrique du Sud, de la réaction des gens à son authenticité, à sa vraie nature, puis avoir été surprise de susciter une vague d’amour et de soutien. «Malgré tout, devenir une personne publique du jour au lendemain apporte son lot d’angoisses et une pression constante liée au sentiment de devoir plaire. Je dois gérer cette nouvelle façon de vivre en me disant que personne n’est parfait, que mes opinions sont valables et que j’ai droit à l’erreur», dit la jeune femme, qui a lancé son premier livre aux Éditions Pratico-Pratiques l’été dernier: Khate – simple et fabuleuse. Elle confie avoir trouvé un équilibre et devoir établir des limites claires entre sa vie publique de sa vie privée. «J’ai fini de me faire écraser par les gens. L’intimidation, ça ne passe plus. Je ne lis pas tous les commentaires à mon sujet, et je mets l’accent sur mon bonheur et mon bien-être dans tout ce que j’entreprends. J’ai réussi à trouver une façon de faire qui me permet d’être honnête et vraie, tout en gérant mon stress. C’est important de prendre la parole, mais, avec autant d’yeux qui nous regardent, c’est aussi important de rester soi-même. Je continue d’apprendre.»

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