La pensée dominante a longtemps eu tendance à représenter les humains dans un schéma binaire (femme/homme, homosexualité/hétérosexualité). Pourtant, l’identité et l’expression de genre, le sexe biologique et l’orientation sexuelle existent bel et bien sur un spectre aussi nuancé et diversifié que les êtres humains qui s’y trouvent.

Et ça, les jeunes de la génération Z l’ont compris. Selon une étude dont les résultats ont été publiés en 2016 par The Innovation Group, de l’agence J. Walter Thompson, moins de la moitié de ces jeunes se disent exclusivement hétéros, 56 % connaissent au moins une personne utilisant un pronom neutre et 70 % sont favorables aux toilettes unisexes. Plus ouverts que leurs prédécesseurs, les millénariaux, les représentants de la génération Z grandissent avec de nouvelles valeurs, de nouvelles façons de faire et un nouveau langage, qui sont là pour de bon.

Face à cette génération assumée, qui nous tire à toute vitesse vers un futur libre et prometteur où les conventions fichent le camp, nombreux sont ceux qui ont l’impression d’avoir manqué le train, mais qui n’osent pas poser de questions de peur de se mettre  les pieds dans les plats. Histoire de clarifier certains termes et de déconstruire au passage quelques préjugés, on vous a préparé ce petit lexique 2019 des genres, identités et sexualités. On se lance?

Agenre

La personne agenre ne se reconnaît dans aucune identité de genre; elle se considère non genrée ou neutre. Sans être interchangeables, les termes agenre et non binaire (certaines personnes emploient également «neutrois» ou «genderqueer») ont en commun que la personne qui s’y identifie existe à l’extérieur des définitions et des expressions de genre.

Aromantique

Le mot aromantique désigne les individus qui ne ressentent pas d’attirance amoureuse envers les autres. De nombreuses personnes aromantiques, bien qu’elles ne fassent pas l’expérience de l’amour romantique au sens propre, trouvent le bonheur au sein de couples et de relations amicales – platoniques ou sexuelles – avec un, une ou plusieurs partenaires. D’autres préfèrent le célibat.

Asexuel.le

On qualifie d’asexuels les individus ne ressentant pas de désir sexuel pour les autres. Certaines personnes asexuelles peuvent éprouver des sentiments amoureux et apprécier l’intimité physique, les câlins et les démonstrations d’affection, mais n’ont pas d’intérêt pour les contacts sexuels.

Bisexuel.le

Le mot bisexuel est employé pour décrire les gens attirés par les personnes de leur propre genre et celles d’un genre différent. S’il a longtemps signifié et signifie encore pour plusieurs: «attiré à la fois par les hommes et les femmes», il est pertinent de noter que cette définition repose sur le principe qu’il n’existe que deux genres… Par conséquent, de plus en plus de gens bisexuels s’identifient désormais comme pansexuels (voir plus bas).

«Être bisexuel, ce n’est pas être confus. Ça n’a rien de confondant. Pour moi, c’est tout le contraire», disait Kristen Stewart dans une entrevue accordée à The Guardian en mars 2017.

Cisgenre

On qualifie de cisgenre, ou cis, une personne dont l’identité de genre correspond au sexe qui lui a été assigné à la naissance en se basant sur ses caractéristiques biologiques. Une femme cis, par exemple, est une personne présentant des organes génitaux dits féminins et qui s’identifie au genre féminin.

Cisnormativité

La cisnormativité, selon The Queer Dictionary, est la présomption que tous les individus sont cisgenres jusqu’à indication contraire. «Bien qu’elle soit rarement délibérée […], la cisnormativité contribue à rendre invisible l’expérience des personnes trans et non binaires», peut-on y lire.

Demiromantique, Demisexuel.le

(Voir plus haut: Aromantique, Asexuel.le) Ici, le préfixe «demi» signifie que la personne est majoritairement aromantique ou asexuelle, mais peut ressentir une attirance sexuelle ou romantique dans des contextes précis. Une personne demisexuelle pourrait, par exemple, désirer sexuellement quelqu’un dont elle est très proche ou amoureuse, et une personne demiromantique pourrait utiliser ce terme pour faire référence à une relation spécifique ou à une période de sa vie où elle a éprouvé des sentiments amoureux envers quelqu’un d’autre.

Genderfluid

Ce mot est utilisé par les personnes dont l’identité de genre est changeante. Un individu genderfluid ne s’identifie de façon exclusive ni au genre féminin ni au genre masculin, et son identité peut fluctuer, que ce soit sur le continuum entre ces deux genres ou complètement à l’extérieur.

Hétéronormativité

L’Office québécois de la langue française définit l’hétéronormativité comme un «système de pensée qui est basé sur la présomption que l’hétérosexualité est la norme et qui privilégie les personnes hétérosexuelles au détriment des personnes homosexuelles». C’est d’ailleurs en partie cette croyance (et sa cousine, la cisnormativité) qui alimente l’illusion qu’il y a plus d’identités de genre et d’orientations sexuelles qu’avant.

«Si les personnes cisgenres et hétéros arrivaient à ne plus se considérer comme la norme ou le modèle par défaut, elles se sentiraient moins menacées et moins incommodées par les nouvelles identités qui, soit dit en passant, ne sont pas nouvelles. Simplement, maintenant, j’ai les mots pour décrire ce que j’ai toujours été.» – Stéphanie*, 39 ans.

Iel

C’est un des pronoms neutres utilisés à la place des pronoms genrés (il, elle). Plusieurs solutions de rechange ont fait leur apparition pour remplacer les pronoms, articles et déterminants masculins et féminins, notamment iel, yel ou ille (issus de il et elle), ul ou ol (au lieu de il ou de elle) celleux (issu de ceux et celles) et toustes (issu de tous et toutes). Elles sont toutefois encore très peu employées par la population en général. Étant donné la binarité intrinsèque de la langue française, il n’existe pas à ce jour d’équivalent français à «they», pronom neutre largement adopté en anglais. Voilà qui est sans doute appelé à changer mais, en attendant, on peut toujours préconiser l’écriture épicène et les choix de mots neutres (utiliser le mot magnifique au lieu de beau ou belle, par exemple), les formulations ne nécessitant pas d’accords genrés et l’emploi du nom de la personne jusqu’à ce que celle-ci nous informe du pronom personnel qu’elle souhaite qu’on utilise pour s’adresser à elle.

Intersexe

Selon l’Organisation des Nations Unies, «les personnes intersexes sont nées avec des caractères sexuels (génitaux, gonadiques ou chromosomiques) qui ne correspondent pas aux définitions binaires types des corps masculins ou féminins. Le terme intersexe s’emploie pour décrire une large gamme de variations naturelles du corps […] apparentes à la naissance ou seulement à la puberté.» On estime que 1,7 % de la population mondiale serait intersexe. L’intersexualité, qui ne concerne que l’aspect biologique, n’a rien à voir avec l’orientation sexuelle ni l’identité de genre.

Mégenrer

Action d’employer intentionnellement ou non le mauvais pronom ou le mauvais genre pour s’adresser à quelqu’un, lui attribuant ce faisant un genre qui n’est pas le sien.

«On me mégenre presque tous les jours, et ça m’épuise. Chaque fois qu’on tient pour acquis que je suis un garçon, on nie qui je suis et on me signifie que je ne suis pas correcte, que je ne suis pas une fille de la “bonne façon”. C’est comme un coup dans le ventre chaque fois.» – Léa*, 18 ans

Non-binaire

Cette identité de genre désigne les personnes qui ne s’identifient pas aux genres masculins ou féminins, et qui, par conséquent, existent à l’extérieur des normes binaires.

Pansexuel.le

Ce terme désigne une personne sexuellement ou émotionnellement attirée par une autre personne, peu importe son sexe ou son identité de genre.

«Ça signifie que je peux tomber amoureuse d’une personne, quel que soit son genre ou la manière dont elle se définit. Je ne vois pas ça comme un obstacle.» – Héloïse Adélaïde Letissier, chanteuse de Christine and the Queens (BBC, 2016)

Polyamoureux.se

On appelle polyamoureux ou polyamoureuses les adeptes du polyamour. Le polyamour est considéré comme une orientation sexuelle, un mode de vie ou une éthique. Il implique d’entretenir des relations amoureuses avec plusieurs personnes en même temps, et ce, de manière transparente. Bien qu’il soit beaucoup moins répandu que la monogamie, il est pratiqué par des gens de tous genres et de toutes orientations, partout dans le monde, depuis toujours.

Queer

Cette expression, qui était au départ synonyme de «bizarre» ou d’«anormal», en anglais, a été reprise par certains membres de la communauté LGBTQ+, qui l’emploient pour désigner quiconque ne s’identifie pas aux définitions rigides d’orientation sexuelle ou d’identité. Queer est un terme plus fluide englobant toutes les minorités sexuelles et de genre, qui permet de reconnaître leur différence sans devoir la définir ou la baliser.

Transgenre

On dit d’une personne qu’elle est transgenre lorsque le sexe qui lui a été assigné à la naissance ne correspond pas à son identité ou à son ressenti, et ce, quels que soient son orientation sexuelle, son apparence physique ou son choix d’entreprendre ou non un processus de transition.

Transition 

La transition désigne le processus durant lequel une personne modifie certains aspects de sa vie intime ou publique afin de mieux refléter son identité de genre. Les étapes de la transition, uniques à chaque personne, impliquent des changements sur les plans social, médical, corporel et légal, pouvant aller du coming out à la modification de l’apparence, en passant par le changement de nom et les chirurgies de confirmation de genre.

*Ces personnes ont décidé de préserver leur anonymat. Les noms utilisés sont donc fictifs.

 

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