sandra abi-rashed

La différence, je connais. C’est ce qui m’a accompagnée presque toute mon enfance parce que j’avais un visage et un nom différents des autres. Jeune fille, je n’ai jamais vraiment compris pourquoi cette différence a entraîné la méconnaissance. Ce que je sais
, par contre, c’est que cette période a eu une influence importante sur ma perception des gens, surtout des gens qui ont l’air différents. Peut-être est-ce pour cela que le débat sur la charte, et plus précisément,
le voile me touche autant. Fille d’un père libanais et d’une mère philippine, j’ai grandi entourée de statuettes de Néfertiti, de papyrus encadrés, de lampes coquillages et de reproductions du tableau
La Cène, de Léonard de Vinci. À l’école primaire, ma meilleure amie était québécoise, mon meilleur ami, irlandais. La famille qui habitait au fond du couloir, et qui nous gardait de temps en temps, mon frère et moi, était d’origine indienne. On mangeait de tout à la maison: de la molokhia (ma soupe égyptienne préférée), des baklavas, des empanadas, des nouilles, de la pizza, du curry (la recette de la gardienne) et beaucoup, beaucoup de riz.
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