En tant que jumelles, c’est facile de se sentir imposteur. À la base de ce que nous sommes, il y a la pensée qu’une des deux est arrivée dans le décor sans préavis. Qu’une des deux est donc moins désirée que l’autre. Promis que ça s’estompe avec l’âge.

Ce n’est pas spécial de se sentir un peu imposteur en tant que femme, surtout dans notre milieu de travail. Si le sentiment d’être en contrôle à la maison nous vient peut-être de cette charge mentale et de l’éducation qu’on reçoit en tant que jeune fille de prendre soin de la maisonnée (la notion du care), il est nettement moins présent au travail. On a souvent l’impression de ne pas mériter ce qui nous arrive sur le plan professionnel, comme si on ne nous avait pas assez dit « on est capable » ou simplement « on sait ce qu’ont fait ».

Dans son essai La vie habitable (Atelier 10, 2014), Véronique Côté évoque à quel point couper l’accès à la poésie du monde, à la lecture, entrave la pensée critique des personnes qui ne peuvent réfléchir autrement qu’en regardant la télévision. Il y aurait presque 50 % des adultes au Québec qui seraient incapables de lire un texte simple.

Sans étirer la sauce, peut-être qu’il y a aussi 50 % de la population du Québec, soit les femmes, qui ne savent pas lire leurs propres compétences, leurs propres acquis et le fait qu’elles méritent autant sinon plus de bravo parce qu’elles réussissent à se développer au travail comme à la maison, jonglant souvent avec deux emplois temps plein –  un qui rapporte des sous au foyer et l’autre qui permet de le faire rouler.

Tout le monde a le droit de se sentir confortable dans ses acquis et dans sa façon de faire les choses. Ensemble, on peut se donner comme mission de dire aux femmes autour de nous qu’elles sont compétentes. Qu’elles ont le droit de se trouver bonnes. Qu’elles peuvent essayer des choses, changer de métier, retourner à l’école, devenir la personne entière qu’elles méritent d’être. Qu’elles ont droit au même bonheur dans la réussite que n’importe qui.

La bonne nouvelle, c’est donc qu’ensemble, on peut se dire qu’on est hot et qu’on a confiance les unes envers les autres. S’élever, entre femmes, et dire non à l’idée qu’on vaut moins que ce que l’on est.

Carolane et Josiane Stratis sont les fondatrices de la plateforme Les jumelles de la mode et les créatrices de la marque Incluses.

Photo: Manny Fortin

Lire aussi:
La bonne nouvelle des jumelles: Le nous plus fort que tout!
Le Momhood: la sororité comme mode de vie
La fois où… j’ai dit oui, par Léa Clermont-Dion