«J’ai toujours été pudique et un peu complexée. Mais ma confiance en moi a réellement dégringolé pendant les six ans qu’a duré ma relation de couple. Mon ex était très jaloux et ses commentaires étaient souvent blessants. Il me disait par exemple, en parlant de ma mère qui souffrait d’obésité: «Je ne veux pas que tu deviennes comme elle!» À cause de lui, j’étais obsédée par la minceur. Je me massais les cuisses durant une vingtaine de minutes, deux fois par jour, pour éviter d’avoir de cellulite.

J’avais rompu avec lui depuis quelques mois lorsque j’ai aperçu, sur un babillard de l’université où j’étudiais, l’affiche d’un atelier qui proposait d’apprendre à accepter son corps en posant nu. Personnellement, j’avais déjà dessiné des modèles vivants, mais poser moi-même devant un groupe, jamais je n’aurais osé!

J’ai pourtant eu envie d’essayer. Je me suis dit que ce serait une bonne façon de me réapproprier mon corps, de me libérer de mon ancien chum qui n’aurait jamais accepté ça. Je me suis donc mise au défi de tenter le coup.

En me présentant à l’atelier, j’étais vraiment anxieuse, presque dans un état second. Aujourd’hui, avec le recul, je réalise que la situation était plutôt comique, mais ce jour-là, je me suis demandé: «Et si c’était une blague et que personne ne s’attendait vraiment à ce que j’enlève mon peignoir?» J’ai cessé de respirer quelques secondes, puis je l’ai enlevé. Je me rappelle avoir cherché à couvrir ma poitrine et mon ventre avec mes bras parce que j’étais gênée. Puis, progressivement, je me suis habituée. Au bout d’un moment, je me suis même sentie paisible, un peu absente, comme si je méditais.

J’ai apprivoisé les regards que les gens – surtout les hommes – posaient sur moi. J’ai réalisé qu’ils n’étaient pas là pour me juger, mais pour tracer des lignes sur du papier. À la fin de l’atelier, quand j’ai regardé les dessins des artistes, je me suis vue à travers leurs yeux et je me suis trouvée belle. Ça m’a fait du bien. J’ai même répété l’expérience par la suite et j’ai fini par être tellement à l’aise en posant qu’il m’est arrivé de m’endormir!

Depuis ce temps, j’aime davantage mon corps, même ma petite bedaine et mes fesses plutôt molles. L’obsession du corps parfait va loin, c’est vrai, mais dans cet atelier, chacun a le droit d’avoir le corps qu’il a. On y célèbre la diversité, on la regarde et on la trouve belle.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur la page Facebook de l’Atelier pour l’acceptation du corps par le dessin. 

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