J’ai rencontré mon conjoint, David, il y a une vingtaine d’années. Ça n’a pas été l’amour fou tout de suite, mais au fil des rendez-vous et des discussions, notre relation a évolué. Il faut dire que je le trouvais très beau… et ça, quand on a 23 ans, c’est déjà beaucoup!

Nous étions en couple depuis sept ans lorsque notre fille est née. David passait peu de temps avec le bébé, puisqu’il travaillait sans arrêt: 12 heures sur 24, sept jours sur sept. C’était un homme mené par une insatiable soif de réussite. Pendant un an, j’ai donc élevé notre fille, Clara, toute seule ou presque.

Quand mon congé de maternité est venu à échéance, je me suis dit que c’était tout simplement impossible que je puisse reprendre mon ancien boulot. Puisque mon chum faisait des heures de fou au bureau, il aurait fallu que j’aie un horaire hyper flexible pour pouvoir m’occuper comme il faut de notre enfant. Au lieu de choisir de travailler moins, David m’a proposé de m’embaucher dans son agence immobilière: comme ça, je pourrais gérer mon temps à ma guise. Je ne m’en rendais pas compte à cette époque, mais dans ma relation avec David, je m’effaçais, je m’oubliais. Et je faisais ses quatre volontés. J’ai donc quitté mon poste pour me joindre à son équipe.

Celle-ci comptait une femme, Stéphanie. En la rencontrant la première fois, allez savoir pourquoi, j’ai eu un pressentiment. Peut-être une pointe de jalousie, ou un doute? Mais je me suis raisonnée: «Allez, Marie, ne la juge pas, attends de la connaître avant de te faire une idée.» Peu à peu, j’ai commencé à bavarder avec elle et… ç’a été le coup de foudre. D’amitié. On a découvert qu’on aimait les mêmes choses, qu’on pratiquait les mêmes activités, que les mêmes blagues nous faisaient rire. Très vite, on est devenues les meilleures amies du monde. On se ressemblait tant que les gens nous prenaient pour des jumelles!

Depuis 15 ans, Stéphanie partageait sa vie avec un homme très gentil, Jean, qui est vite devenu proche de mon mari. Soudain, nous nous sommes mis à passer tous nos weekends ensemble. Vendredi, David et moi allions souper chez Jean et Stéphanie; samedi, ils débarquaient chez nous. Comme ils ne pouvaient pas avoir d’enfants, ils se sont beaucoup attachés à notre Clara. C’est comme s’ils avaient toujours fait partie de notre famille.

Deux ans ont passé. Un jour, devant des proches et après 10 ans de vie commune, David m’a demandée en mariage. J’étais renversée! Au cours de la soirée, je suis sortie dehors avec mon fiancé. Pendant qu’on s’embrassait sur la terrasse, j’ai vu Stéphanie nous observer par la fenêtre… Étrange, n’est-ce pas? Pourtant, sur le coup, je n’y ai pas prêté attention. Après tout, c’était ma meilleure amie et elle était là à tous les moments importants de ma vie! D’ailleurs, lorsque j’ai dû choisir une demoiselle d’honneur, c’est à elle que j’ai pensé. Plusieurs de mes amies d’enfance ont été peinées que je demande à une fille que je ne connaissais que depuis quelques années de tenir ce rôle. Mais je me sentais si proche de Stéphanie que je n’ai pas hésité une seconde!

Le jour du mariage, j’étais heureuse. Tout le monde que j’aimais était là, ma fille faisait office de bouquetière… C’est sûr, ma demoiselle d’honneur pleurait à chaudes larmes, mais ce devait être sous le coup de l’émotion, non?

Ce n’est qu’un an plus tard que j’ai compris à quel point j’avais été naïve. Un matin, alors que mon conjoint était à l’extérieur de la ville, le mari de Stéphanie est venu me voir au bureau. «Il faut que je te parle, m’a-t-il annoncé, bouleversé. Ma femme m’a avoué hier qu’elle ne m’aimait plus.» J’étais ébranlée. Si Stéphanie ne m’avait rien dit à moi, sa confidente la plus proche, qu’est-ce que ça voulait dire? «Je pense qu’il y a un autre homme dans sa vie», a enchaîné Jean.

C’est là que j’ai enfin vu clair. «Tu as raison, ai-je répondu. Et je vais te dire comment il s’appelle: David.» C’était sorti tout seul. Même si je n’avais rien vu venir, je n’avais brusquement plus de doute. Prenant mon courage à deux mains, je suis entrée dans le bureau de ma copine, situé à l’étage au-dessous du mien. À cette époque, je manquais terriblement de confiance en moi et j’avais peur de la moindre confrontation. Mais j’en avais assez des mensonges. Je me suis assise devant Stéphanie et je lui ai dit que ça n’allait pas. À ce moment-là, je me suis sentie envahie d’un grand calme. Alors, je lui ai demandé de but en blanc: «Es-tu amoureuse de mon mari?» «Oui, a-t-elle répondu. Et c’est réciproque.»

Sept ans plus tard, je repense encore à ce moment. À ces mots, si cruels, et surtout, à l’indifférence avec laquelle Stéphanie les a prononcés. Au-delà des mensonges de mon ex, ce qui me taraude, ce sont ceux de mon amie. À ce jour, je n’ai toujours pas déterminé si notre amitié était vraie ou si cette femme avait joué la comédie pendant tout ce temps…

Lorsqu’elle a laché cette phrase assassine sans émotion aucune, j’ai tourné les talons. Puis, j’ai appelé mon mari pour lui dire qu’en rentrant il pouvait faire ses valises. Impossible pour moi d’envisager une réconciliation! Ce que David m’avait fait était trop grave. Je me disais que, s’il était capable de ça, il n’avait aucune morale, aucune limite. Après tout, on travaillait ensemble. Et lui, il avait entretenu une liaison, là, sous mes yeux, pendant des années!

Le lendemain matin, je suis pourtant revenue au travail. Mais après deux semaines, j’ai fini par quitter les lieux pour de bon. Je ne pouvais plus supporter de croiser ces deux individus qui avaient tant compté pour moi… et qui m’avaient fait tant de mal.

Plusieurs personnes m’ont aidée à surmonter la douleur de cette double trahison. Tout d’abord, ma psychologue. Dès le premier rendez-vous, elle m’a dit que, malgré ce que je venais de vivre, elle me sentait… libérée! Un adjectif que je ne m’attendais certainement pas à entendre… Et puis mon père, qui m’a offert une année sabbatique à ses frais. J’ai ainsi pu partir en voyage dans le Sud avec ma fille, et passer plusieurs mois à prendre soin de moi, à m’entraîner et à me reposer. Cette période de ressourcement incroyable m’a permis de réaliser à quel point j’avais été malheureuse dans mon ancienne vie.

Quand j’ai décidé de revenir sur le marché du travail, je me suis lancée à mon compte, toujours dans le domaine de l’immobilier. Au début, j’étais nerveuse à l’idée de recroiser David et Stéphanie, mais cette crainte m’a peu à peu quittée. J’étais si heureuse de reprendre les commandes de mon existence et de faire des démarches toute seule, sans être au service d’un homme! Je réalisais enfin que je pouvais réussir dans le domaine que j’aimais sans rien devoir à personne.

Aujourd’hui, je me sens mille fois plus forte, et plus proche que jamais de ma fille. Il reste que j’ai toujours du mal à faire confiance en amitié. L’amour, ce n’est pas pareil. Un homme, ça se remplace! Une copine, c’est différent. D’ailleurs, depuis que ma meilleure amie est partie avec mon ex, je me tiens presque exclusivement avec des gars. Le rapport est plus simple, plus sincère, plus direct. Il faut dire que je passe aussi beaucoup de temps avec… mon nouvel époux! Car oui, je me suis remariée. Quand je vous disais qu’un chum, ça se remplace! Mon amoureux est un homme formidable, papa de trois filles issues d’une union précédente. Avec lui, je me sens bien, heureuse et respectée. Quand il m’a demandé de l’épouser, je n’ai pas hésité une seule seconde. Je savais que c’était le bon. Et que si j’étais passée par tant de moments désagréables, c’était pour vivre un jour quelque chose de grand et de vrai. Cependant, à notre mariage, ce sont nos filles qui étaient nos demoiselles d’honneur!

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