J’habite en ville, en plein coeur de ce Montréal qui grouille et qui fourmille, entourée de béton qui pousse comme de la mauvaise herbe. J’habite en ville et je n’ai pas le pouce vert. Je ne connais rien au jardinage. Je n’ai jamais retenu le nom des plantes, des fleurs, ni les trucs de grand-mère pour rendre un potager heureux. Mais j’essaie tout de même de semer de la couleur et des saveurs sur le bitume.

Cette année, mon fils a commencé à me demander un jardin au mois de février. Je répète, en février. Semaine après semaine, il m’a harcelée pour qu’on jardine, malgré la glace, malgré le froid et le vent du nord. Il trépignait d’impatience de faire de la magie, de fabriquer de la vie. Dès qu’une miette de printemps est apparue, dès que la neige a fondu et que le soleil s’est fait un peu plus doux, nous nous sommes rués sur notre mini-terrasse pour planter bulbes, graines et autres petites choses qui sont censées germer. On a fait ça n’importe comment, en jetant nos semences aux quatre vents, en retournant la terre dans le chaos climatique, en ne se souciant pas du dicton qui dit qu’en avril… il peut encore faire frette. On était pleins d’espoir, on était fous, on allait avoir les plus belles fleurs, les plus délicieux légumes et les plus exotiques fruits du quartier!

Bien sûr, le froid est revenu, le sol a gelé à nouveau, il est même tombé de gros flocons cotonneux sur notre beau jardin d’hiver… Je me suis dit que c’en était fini de notre rêve fleuri. Que nos graines étaient mortes dans l’oeuf. Que l’enthousiasme ne remplace pas la connaissance et que je devrais, comme tout le monde, lire un livre sur le jardinage, poser des questions, faire des recherches dans Google, pour labourer dans les règles de l’art la prochaine fois. Et j’ai surtout eu une vision apocalyptique de mon petit gars de quatre ans en proie à une déception suprême devant notre terre restée aride, sèche, vide.

 

Mais c’était sans compter sur la force vive de la nature, sur son entêtement à surmonter la maladresse humaine, la rigueur du climat, le manque d’espace et le béton. On a beau construire, couper, déraciner, étouffer, la nature reprend toujours le dessus. Cette soif de vie a sauvé mon jardin. Les tulipes, les carottes, les échalotes, les laitues, les pivoines, les tomates et les fines herbes ont jailli en quantité industrielle dans notre potager improvisé. Et un jour, une vieille dame s’est arrêtée devant ma terrasse arc-en-ciel pour me dire merci. Merci d’ajouter de la couleur, de la vie, en pleine ville.

Mon carnet vert

  • Les petites excuses, c’est un atelier de création florale tenu par une bande d’amateurs d’art vivant. C’est frais, joli et un peu bohème. (514 562-3878)
  • Au Blumenstudio, on trouve des bouquets minimalistes… et un café italien en prime! (465, av. Parkdale, Ottawa)
  • Le jardin communautaire de Memramcook, au Nouveau- Brunswick, a été bâti notamment par les jeunes d’une école alternative du coin. Il s’étend sur les plaines de cette petite ville de bord de mer… comme un rêve. 
  • L’organisme La Croisée, à Longueuil, offre des formations en horticulture dans les jardins collectifs de la ville pour des gens en réinsertion sociale et des jeunes en difficulté. Un beau projet. 

 

 

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