Louise Roberge, psychologue et thérapeute conjugale et familiale, Tania Muzik, psychologue et sexologue clinicienne, et Sylviane Larose, sexologue clinicienne et psychothérapeute, nous parlent de la thérapie de couple.

Qu’est-ce qu’une thérapie de couple?

Louise Roberge: La thérapie conjugale se concentre sur la relation entre les deux conjoints. Elle permet aux deux partenaires de discuter de leurs pensées et de leurs sentiments et les invite à explorer d’autres façons de faire.

Tania Muzik: Le but est d’aider les conjoints à mieux se comprendre et à mieux comprendre leur partenaire et à décider s’ils veulent apporter des changements dans leur relation. Et si c’est le cas, de les aider à les apporter.

Quelle est la différence avec la « thérapie sexuelle »?

Sylviane Larose: La thérapie de couple abordera les problèmes sexuels comme étant une composante du couple, alors que la thérapie sexuelle traite plus particulièrement du dysfonctionnement sexuel. Il y a toujours des problèmes sexuels dans les couples qui viennent en thérapie, mais ce n’est pas le motif essentiel de la consultation. En revanche, s’il s’agit d’un problème purement physique, mieux vaut consulter un sexologue.

À quel moment une thérapie de couple devient-elle nécessaire?

S.L.: Quand des tensions sont présentes tous les jours et que les échanges entre conjoints sont de plus en plus irrespectueux.

T.M. : Les couples décident souvent de consulter quand ils croient que la séparation est imminente. Ils veulent se donner une dernière chance. On voit aussi de plus en plus de jeunes couples qui, après avoir subi quelques échecs, veulent mettre toutes les chances de leur côté.

Quels sont les principaux motifs de consultation?

S.L. : Les couples vont en consultation parce qu’ils vivent des difficultés de communication, des conflits familiaux, des divergences d’opinions quant à l’éducation des enfants ou aux valeurs, ou des tensions à cause de problèmes sexuels.

L.R. : Les gens consultent quand il y a une insatisfaction dans la relation, qu’ils ont l’impression qu’un écart s’est creusé entre les conjoints. Les principaux motifs de consultation restent le manque de communication, des disputes fréquentes ou constantes, des relations conflictuelles avec la belle-famille ou des conflits à propos des enfants. Les couples font aussi souvent appel à un thérapeute à des étapes charnières de la vie, comme l’arrivée d’un premier bébé, le départ des enfants de la maison familiale, l’arrivée à la retraite ou la maladie ou le vieillissement d’un des conjoints. Ces passages constituent des périodes qui nécessitent beaucoup d’adaptation de la part du couple.

 

Quelle est la clé de la réussite d’une thérapie de couple?

T.M. : À partir du moment où il y a un désir de s’impliquer chez les deux partenaires, la moitié du travail est faite. Par contre, la thérapie a toutes les chances d’échouer quand les deux conjoints ont trop changé et qu’un des partenaires désire une chose que l’autre ne peut lui donner.

S.L. : Il importe que les deux partenaires s’investissent réellement dans le cheminement. Si, en partant, l’un des deux assiste aux rencontres sans s’impliquer, ou que le mensonge fait partie du quotidien du couple et qu’il est aussi présent lors des rencontres et qu’on se retrouve avec des engagements qui ne sont jamais respectés, le cheminement est vite compromis.

Comment décririez-vous le rôle du thérapeute?

T.M. : Je leur sers de miroir en leur montrant ce que je vois de leur relation.

L.R. : En favorisant la communication, le thérapeute conjugale permet aux deux conjoints d’exprimer leurs points de vue, leurs attentes et leurs besoins sur leur relation pour les aider à cerner leurs problèmes et à rétablir le dialogue.

Comment choisir un thérapeute?

T. M. : La thérapie va fonctionner s’il y a un bon contact avec les gens. Si à la première rencontre vous ne vous sentez pas à l’aise avec votre thérapeute, il faut continuer à chercher. D’abord, le couple doit se demander s’il veut discuter avec un homme ou une femme. La proximité de son bureau de notre domicile, les tarifs des consultations, l’appartenance à un ordre professionnel et l’approche utilisée par le thérapeute sont à considérer. L’âge du thérapeute peut aussi avoir son importance. Il n’y a pas tous les couples de 60 ans, par exemple, qui seraient à l’aise de se raconter à un thérapeute de 24 ans. On peut aussi vérifier si notre assureur rembourse les consultations.

Tous les couples peuvent-ils être sauvés?

T.M. : Le but n’est pas de sauver le couple à tout prix, mais d’aider les conjoints à comprendre les raisons de leurs difficultés. Pour certains couples, ce mieux-être peut cependant vouloir dire de se séparer. Certains couples vont même consulter un thérapeute dans le but avoué de se quitter sans trop de casse.

S.L. : Bien des relations peuvent être préservées. Mais ce n’est pas parce qu’un couple décide d’aller en thérapie qu’il sera sauvé. Parfois il est déjà trop tard quand la démarche est entreprise.

 

Combien de temps peut durer une thérapie?

L.R. : Ça dépend du désir de changement des conjoints. Plus les changements attendus sont profonds, plus longue sera la démarche. Elle peut ainsi durer trois mois ou deux ans.

S.L. : Chez plusieurs couples, les problèmes sont passagers ou sont apparus à la suite de circonstances particulières. Chez d’autres, les éléments de discorde existent depuis le début de la relation. Si le couple est en conflit depuis dix ans, il faut s’attendre à ce que la démarche soit plus longue.

T.M. : Certains couples viendront une fois ou deux fois et la communication sera rétablie, mais généralement, on parle d’une rencontre aux deux semaines ou au mois, sur une période de deux mois à un an. Plusieurs reviennent au bout d’un an ou parfois de cinq ou six ans pour faire un suivi.

Si vous répondez oui à une ou plusieurs de ces questions, préparées par la psychologue Tania Muzik, vous pourriez avoir besoin d’une thérapie de couple.

  • Avez-vous des disputes fréquentes avec votre conjoint autour des mêmes thèmes sans pour autant trouver une solution constructive?
  • Vous disputez-vous devant vos enfants?
  • Vous sentez-vous de plus en plus éloigné de votre partenaire, parlez-vous de moins en moins ensemble ou faites-vous la plupart de vos activités séparément?
  • Avez-vous peu confiance en votre partenaire?
  • Votre partenaire vous ridiculise, vous critique souvent ou agissez-vous ainsi avec lui?
  • Votre partenaire est-il souvent absent de la maison ou pas « vraiment » présent lorsqu’il y est?
  • Vous sentez-vous mieux quand votre partenaire n’est pas là?
  • Vous sentez-vous malheureux à chaque fois que votre partenaire doit s’absenter?
  • Êtes-vous ou votre partenaire est-il alcoolique ou dépendant des drogues?
  • Êtes-vous ou votre partenaire est-il infidèle ou pensez-vous l’être dans un proche avenir?
  • Vous est-il impensable de vivre séparément?

On peut trouver un thérapeute conjugal et familial en consultant l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec ou un psychologue offrant des services aux couples à l’Ordre des psychologues du Québec.