Vous avez de la difficulté à trouver votre poing G? Ne vous en faites pas, vous n’êtes pas la seule. Même les chercheurs qui étudient le sujet depuis des années ont bien du mal à le situer. À dire vrai, jusqu’à présent, aucune étude n’a même prouvé hors de tout doute son existence.

Beverly Whipple, qui a cosigné le livre à l’origine de la controverse sur cette zone érogène en 1982 (The G Spot and Other Recent Discoveries About Human Sexuality), ne désespère pas pour autant de voir un jour sa thèse reconnue par la communauté scientifique. «On a trouvé des références à l’éjaculation féminine [NDLR: associée au point G par bien des chercheurs] dans de très vieux textes chinois et japonais», souligne-telle afin de rappeler que le débat n’est pas nouveau.

Cette professeure honoraire à l’école des infirmières de l’Université Rutgers du New Jersey est en quelque sorte la «marraine» du point G. Le Dr John Perry et elle ont choisi ce nom pour rendre hommage au médecin allemand Ernst Gräfenberg. «On a trouvé un article de lui datant des années 1950. Il décrivait une aire sensible à l’intérieur du vagin qui « enflait » lorsque stimulée et mentionnait l’expulsion par l’urètre d’un fluide qui n’était pas de l’urine», précise-t-elle.

Abondamment débattue au cours des 30 dernières années, la question de cette zone orgasmique n’a toutefois suscité qu’un nombre restreint de recherches. Qui plus est, ces dernières sont souvent contradictoires et portent sur des échantillons trop petits pour être réellement représentatifs (ainsi, la Dre Odile Buisson n’a obtenu qu’une seule échographie montrant une modification de la zone G).

 «À mes yeux, il n’y a toujours pas assez d’éléments qui prouvent l’existence d’un point G», dit Sheryl Kingsberg, auteure d’un des six textes du dossier «Qui a peur du point G?», du Journal of Sexual Medicine de janvier 2010. Cette professeure de biologie reproductive et de psychiatrie de l’Université Case Western Reserve de Cleveland pense même que, jusqu’à preuve du contraire, il y a plus de chances que cette zone érogène n’existe que dans la tête des femmes…

Mais comme Odile Buisson, elle croit que l’absence de données scientifiques (infirmant ou confirmant l’hypothèse du point G) est intimement liée au manque d’intérêt des chercheurs pour la question du plaisir féminin. «Historiquement, on n’a jamais accordé autant d’attention à la santé sexuelle des femmes qu’à celle des hommes. Il y a plusieurs raisons à cela: notamment le fait que notre culture a longtemps ignoré la sexualité des femmes ou l’a carrément démonisée», confie-t-elle.

Aujourd’hui, elle estime quand même qu’on devrait bientôt aboutir à une conclusion. «Cela va finir par arriver grâce à la sophistication des recherches, mais ce ne sera certainement pas en 2011», conclut-elle en riant.

De la théorie à la pratique

Il n’y a pas que les universitaires qui se sont penchés sur la question du point G. La star porno Nina Hartley et la «sex expert» Tristan Taormino, notamment, ont conduit leurs propres «recherches» sur le sujet. Présentés sous forme de films XXX éducatifs plutôt que d’articles scientifiques, leurs «travaux» (Nina Hartley’s Guide to G-Spot Sex et Tristan Taormino’s Expert Guide to the G-Spot) se composent d’une partie théorique et d’une autre «pratique». En costume d’infirmière de latex rouge, Nina Hartley n’hésite pas à partir elle-même à la recherche du point G de ses «patientes», tandis que Tristan Taormino commente et accompagne les explorations de ses cobayes. Fort instructif, à défaut d’être scientifique.

 

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