«C’est mon premier mariage vert!» s’exclame, enthousiaste, une invitée en trempant un gressin bio dans du houmous fait maison. Elle n’a pas acheté de robe pour l’occasion et elle a laissé sa voiture dans le garage… à la demande des futurs époux.

Mandy, 30 ans, et Jonathan, 29 ans, voulaient que leur union, célébrée au début de mai 2007 dans la campagne anglaise, coûte le moins cher possible à la planète. «On essaie de vivre écolo, éthique et équitable toute l’année», explique Jonathan, consultant en environnement à Londres. Il se rend au travail en vélo, elle recycle tout ce qu’elle peut, et leur fils porte des couches lavables.

«On voulait limiter au maximum les émissions de CO2 ce jour-là aussi», poursuit-il. «Un mariage pour 150 invités, comprenant deux billets d’avion pour le voyage de noces, dégage environ 14,5 tonnes de CO2», note Michael Buick, de la compagnie britannique Climate Care, soit presque quatre tonnes de plus que ce qu’un citoyen anglais émet en un an.

Alors, Mandy et Jonathan ont encouragé leurs invités à prendre le train. Et surtout, ils ont donné l’exemple: invitations sur papier recyclé et confettis biodégradables. Mandy a confectionné sa robe à partir de deux robes achetées dans une vente de charité. Et ses chaussures, des tongs à paillettes, elle a pu continuer de les porter tout l’été. Jonathan, lui, a loué un complet.

La mariée est arrivée à l’église dans une voiture hybride de location. Après la cérémonie à l’église, ils ont rejoint la salle de réception en tricycle, la bague au doigt (l’alliance de Mandy a été achetée chez un antiquaire et celle de Jonathan a été trouvée sur le site eBay). Jonathan pédalait. Il faisait beau. Pour le cocktail, toutes les boissons, y compris le gin, étaient bios, et les amuse-gueules, cuisinés à partir de produits locaux, donc de saison. Les invités sont tombés sous le charme. C’était chic, champêtre, écologiquement irréprochable, ce qui est devenu très tendance en Angleterre.
 

TENDANCE VERTE

«Tout le monde vous le dira, en matière de mariage, le vert, c’est le nouveau blanc», note Katie, qui s’est mariée «vert» en 2005 et qui, depuis, donne des conseils et une liste de fournisseurs sur son site ethical-weddings.co. uk.

Elle n’est pas la seule. Depuis quelques mois, les sites Internet se multiplient. Les forums de discussion et les bons plans aident les futurs époux à préparer une réception écologiquement responsable. Rosie Ames, organisatrice de mariages à l’ancienne dans le Devon, a flairé le filon et, au début de 2007, elle a créé Green Union, un cabinet de «wedding planning» spécialisé dans les unions écolos chics. «J’avais de plus en plus de demandes en ce sens», explique-t-elle. Des futures mariées qui voulaient un buffet bio avec des produits du coin. «Organiser un mariage exige du temps et de l’énergie, raconte Rosie Ames. Et un mariage bio, encore plus.»

Elle a refusé de collaborer avec une pâtissière qui était incapable de lui dire d’où provenaient sa farine et ses oeufs. Elle a également dit non à un bijoutier qui travaillait avec la Chine. «Il ne savait pas dans quelles conditions ses alliances étaient fabriquées, dit-elle, indignée. Il ne s’était jamais rendu sur place pour visiter les ateliers.» Ses partenaires doivent répondre à au moins quatre des nombreuses exigences inscrites sur sa charte: recueillir l’eau de pluie, bien isoler leurs locaux, verser des dons à des organismes de charité, essayer de préserver les traditions locales.

«Le plus dur, c’est de trouver de bons prestataires de services, reconnaît Katie, de Ethical Weddings. Comble de malheur, de nouveaux fournisseurs apparaissent chaque jour!» Mandy et Jonathan ont trouvé eux-mêmes les leurs. «On a rencontré un pêcheur qui fumait lui-même ses truites, un boucher bio juste à côté, une entreprise de production de fleurs sauvages pour les bouquets», raconte Jonathan, enthousiaste. Les demoiselles d’honneur de Mandy ont mis la main à la pâte pour les gâteaux. «L’idée, c’est que le mariage ait un impact minimal sur l’environnement mais maximal sur l’économie locale, le soutien aux petits producteurs ou le commerce équitable, précise Katie. Les mariages écolos ou éthiques ne sont pas seulement le dernier truc à la mode. Il est évident qu’on doit réduire notre consommation d’énergie pour lutter contre le réchauffement climatique. À nous de modifier nos comportements.»

 

PLUS SAIN, MOINS CHER

Vos invités n’ont pas la fibre écolo? «Un mariage de ce type peut les sensibiliser, sans leur faire la leçon. En général, ils apprécient. L’hôte, amatrice de houmous, se réjouit: «De l’extérieur, ça ressemble presque à un mariage traditionnel. Mais savoir que tout a été préparé artisanalement, pensé pour être le plus sain et écolo possible, ça fait chaud au coeur!» Et ça ne coûte pas forcément une fortune. Mandy et Jonathan ont déboursé 6 000 livres (12 000 $) tout compris.

«C’est trois fois moins que pour une cérémonie classique en Angleterre», souligne le jeune marié. Ils avaient du temps, et ils ont mis beaucoup d’énergie à la préparation de leur mariage. «Bien sûr, ça peut coûter plus cher, fait remarquer Katie. Mais plus vous réalisez de choses vous-mêmes, plus c’est économique. Et vous savez d’où viennent vos produits. Nous voulons prouver qu’une union éthique n’est pas forcément plus coûteuse qu’une union classique.»

Rosie Ames reconnaît toutefois que ses clients ont des revenus plutôt confortables. «Ils ont entre 25 et 45 ans, sont juristes ou travaillent à la City, à Londres. Même pieds nus et dans une robe en coton bio ou d’occasion, ces mariés ne sont pas «du genre hippie», assure-t-elle. Ni du genre à partir en voyage de noces aux Seychelles ou à l’île Maurice. Jenny, future mariée écolo, rêve de s’offrir un voyage de noces en Chine, mais elle culpabilise.
«Devrions-nous choisir une destination moins gourmande en carburant et abandonner notre projet?» se demande-t-elle sur le forum de ethi cal-weddings.co.uk. «Y aurait-il un moyen de rendre ce voyage bioéthique?» Mandy et Jonathan ont résolu le dilemme. Ils travailleront une semaine dans une ferme bio en Espagne, en échange du gîte et du couvert, avant de s’offrir une semaine à la plage. Et ils prendront le train pour se rendre là-bas.

MARIAGE ÉCOLO: MODE D’EMPLOI

Les invitations Envoyez-les par courriel ou créez un site pour l’occasion.

La fête Choisissez un endroit proche du lieu de la cérémonie, où on peut se rendre à pied et qui convient à la majorité de vos invités.

Les bagues Préférez les diamants canadiens ou australiens aux diamants africains. Ou optez pour une bague de famille ou une alliance dénichée chez un antiquaire.

La robe Si elle est vintage, renouvellez-en le style à l’aide d’accessoires; si elle est neuve, recherchez un tissu bio et un modèle que vous pourrez porter de nouveau.

Le bouquet Des fleurs bios, bien sûr, cultivées localement. Après la fête, offrez-les à une institution (hôpital, maison de retraite).

Le menu Si possible, pas de buffet (trop de pertes), mais un repas préparé avec des produits de saison de la région.

Les souvenirs Demandez au photographe de mettre en ligne les clichés qu’il aura pris avant de les faire imprimer.

Les cadeaux Ne demandez ni fer à repasser ni grille-pain; proposez aux invités qu’ils fassent des dons à des œuvres caritatives ou suggérez-leur la formule des bonscadeaux échangeables dans des boutiques d’articles bios ou équitables.

Le voyage de noces En train ou en bateau. Si vous prenez l’avion, compensez l’émission de CO2 en finançant des projets environnementaux, ou faites affaire avec une agence spécialisée en écotourisme. Si vous n’êtes pas une amatrice de camping ou de B&B, descendez dans un hôtel écolo qui s’engage à préserver les ressources et à réduire ses déchets.

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