Je les attends dans un sympathique café de la rue Laurier, par un beau matin frais et ensoleillé. J’ai deux heures devant moi pour causer amour avec le couple chouchou du milieu artistique québécois. Les tourtereaux se prêteront-ils au jeu?

Voilà qu’ils se pointent, tout sourire: «Désolée du petit retard, c’est qu’il faisait tellement beau qu’on a décidé de marcher», me lance la blonde Mariloup, tandis que les quelques clients observent les vedettes du coin de l’oeil. Difficile de toute façon de les manquer: ils rayonnent littéralement.

Ils s’attablent joyeusement et, dès les premières minutes, engagent la discussion avec une joie et une complicité évidentes, chacun complétant les réponses de l’autre, s’interrompant gentiment et se renvoyant la balle à l’occasion.

HAUTE VOLTIGE
Du gamin rebelle du Matou au boxeur athlétique de La ligne brisée, Guillaume Lemay-Thivierge, 32 ans, cumule déjà quelque 25 années de métier. À 31 ans, Mariloup Wolfe affiche, quant à elle, une feuille de route impressionnante: comédienne au cinéma et à la télé, animatrice, réalisatrice de courts métrages et de pubs… À leur carrière, qui file à vive allure, s’est ajouté un projet, cette fois commun: le couple a passé une partie de l’été 2008 dans un petit aéroport de l’Île-Perrot, près de Montréal, pour y tourner le film Les pieds dans le vide. Elle en est la réalisatrice; il y incarne un beach bum proprio d’une école de parachutisme. Tiens donc…

«En plus de jouer le personnage de Charles, Guillaume était notre conseiller technique, souligne Mariloup. [NDLR: le comédien est propriétaire d’une école de parachutisme, à Joliette, et compte plus de 1500 sauts à son actif.] Sans ses connaissances et son expérience, je ne pense pas que le tournage aurait pu se faire aussi rapidement et que le film aurait été aussi proche de la réalité.» Mais attention: bien que le long métrage Les pieds dans le vide mette en scène une bande de copains mordus de sensations fortes, ce n’est ni un film d’action ni une histoire d’ados. «Ça raconte le passage à l’âge adulte, précise Mariloup.

La vingtaine est une période où on doit composer avec toutes sortes de changements, tant personnels que professionnels. On doit prendre des décisions qui auront une grande influence sur les années à venir, et ça fait peur.»

Parmi les sujets abordés: l’amour, l’amitié, l’homosexualité, les relations mère-fille, la mort, la jalousie… Des thèmes assez intenses, non? «En tout cas, c’est beaucoup plus profond que ce à quoi les gens s’attendent», souligne Guillaume.

Photo: Michel Cloutier

 

LE TEST ULTIME
Le couple avait déjà tenu ces rôles d’acteur et de réalisatrice une première fois en 2004, dans le court métrage Trois petits coups. Comme ça s’était bien passé, les tourtereaux ont eu envie de recommencer. Au fait, comment un comédien se sent-il quand il se fait diriger par la femme de sa vie? «Au départ, le travail d’acteur exige une bonne dose d’humilité, avoue Guillaume, car on se fait dire sans cesse quoi faire et comment le faire. Mais quand c’est ta blonde qui prend les commandes, tu dois multiplier la dose d’humilité par deux!»

Bien qu’il se soit impliqué dans le projet dès le début, le beau parachutiste était parfaitement conscient de l’importance du film pour son amoureuse: «C’était avant tout le rêve de Mariloup de réaliser un long métrage, et c’était essentiel pour moi de lui laisser la place nécessaire pour qu’elle vive l’expérience à fond jusqu’au bout», ajoute-t-il, le regard rempli d’admiration.

N’empêche qu’ils ont dû adapter quelque peu leur façon de faire. «Sur le plateau, ce n’était pas évident de parler à mon chum de la même façon que je m’adressais aux autres acteurs,explique la réalisatrice. Guillaume, je le connais. Parfois, je laissais tomber mes gants blancs et j’allais droit au but… peut-être un peu trop, même!»

Ils avouent tous les deux avoir confondu à plusieurs reprises leurs rôles d’acteur et de cinéaste avec ceux de chum et de blonde. «Pour rétablir les choses, on devait parfois se dire: “Là, Mariloup, c’est le comédien qui te parle”, “Là, Guillaume, c’est la réalisatrice qui te demande de faire ça!”» Éprouvant? «Plutôt intense», corrige Guillaume. «À notre image!» confirme Mariloup. Une chose est sûre, le tournage du film a permis à leur couple d’évoluer à la vitesse grand V.

«C’est comme si nous avions participé à la téléréalité Survivor!» fait remarquer l’acteur en riant.DÉSIR, DÉSIR
Les amoureux se sont rencontrés sur le plateau de la populaire série jeunesse Ramdam, diffusée à Télé-Québec depuis 2001, dans laquelle ils incarnent depuis les tout débuts les attachants personnages de Mariane et de Maxime. Mais c’est à Las Vegas, en 2006, sur un coup de tête, que le prince charmant a demandé sa douce en mariage; et c’est sur un coup de coeur qu’elle lui a dit oui.

Après sept ans de complicité, ils sont toujours aussi épris l’un de l’autre, et ça saute aux yeux. Durant la séance photo, qui se déroulait dans un motel kitsch du boulevard Taschereau, leur attirance réciproque était palpable. S’ils disent ne pas détenir la recette infaillible du bonheur, la liberté et la communication comptent probablement parmi leurs ingrédients secrets.

Exercer le même métier est également, selon eux, un atout. «On accepte le rythme de travail de l’autre et on comprend instantanément ce qu’il vit», souligne Guillaume. «On se donne des conseils, on s’encourage et on se consulte souvent avant de prendre une décision, ajoute Mariloup. Et on se laisse laisse énormément de liberté pour que chacun vive ses passions sans essayer de contrôler ou de changer l’autre.»

Mais avec leurs horaires hyper chargés et leurs intérêts si différents – il adore le parachutisme, l’aviation, le plein air et la vie dans les bois; elle se passionne pour la lecture, le cinéma et les voyages –, comment font-ils pour se retrouver?«C’est vrai que parfois, il faut presque prendre rendez-vous pour se voir, répond Mariloup. Cependant, si on ne partage pas les mêmes intérêts, ça ne veut pas dire qu’on ne s’intéresse pas à ce que l’autre fait. Au contraire…» Et Guillaume d’ajouter: «Deux personnes qui aiment exactement les mêmes choses, ça doit être plate à mort! Accepter ce que l’autre nous propose, lui faire découvrir des choses, ça fait grandir et ça contribue à l’équilibre d’un couple.»

Histoire de nous rassurer, leur arrive-t-il de se chicaner, comme tous les couples normaux? Ils éclatent de rire et répondent presque en même temps: «C’est sûr!» En fait, comme ils possèdent tous les deux des personnalités fortes, entre eux, c’est blanc ou noir, rarement gris. «Mais on réussit toujours à trouver un terrain d’entente», souligne Mariloup. Même son de cloche du côté de Guillaume: «Si, une fois qu’on s’est pognés et qu’on a discuté fort, on finit quand même par se comprendre, la vie devient tellement plus douce et agréable. C’est comme si on savourait davantage notre bonheur.»UN FUTUR LUMINEUX
Aux yeux du public, ils incarnent le couple idéal, et ils le savent. Lors du cinquième anti-gala de VRAK TV, le KARV, diffusé en août dernier, des centaines de jeunes ont même désigné Guillaume «l’artiste québécois que vous voudriez avoir comme père» et Mariloup «l’artiste québécoise que vous voudriez avoir comme mère». Un témoignage d’amour qui les a grandement fait réfléchir: «Ce prix-là m’a beaucoup touchée, confie l’actrice et réalisatrice. Il m’a fait prendre conscience du fait que mon influence sur les jeunes est différente d’avant: je ne suis plus seulement la comédienne cool qu’ils voudraient avoir comme copine.»

Leur avenir s’annonce plutôt rose. En plus d’avoir terminé le tournage de la dernière saison de Ramdam et de faire la promotion du film Les pieds dans le vide, ils ont plusieurs projets pour 2009.

On pourra notamment voir Guillaume dans la télésérie Lance et compte: Le grand duel, sur les ondes de TVA, et dans le film noir Léo Huff, aux côtés de Luc Picard. Quant à Mariloup, elle sera de la distribution d’À vos marques, party! 2, où elle reprend le rôle qu’elle jouait dans le premier. Elle travaille aussi à l’écriture de deux projets, dont un qu’elle aimerait coréaliser avec Guillaume et dans lequel ils joueraient tous les deux. «Mais pour l’instant, je crois qu’il y a quelque chose de plus important qui s’en vient pour nous…»

Le regard amoureux qu’ils échangent ne laisse aucun doute sur la nature de ce projet plus intime. «C’était mon grand rêve d’avoir réalisé mon premier film à 30 ans, confie Mariloup. Aujourd’hui, je suis en paix avec ma vie professionnelle. Je peux maintenant laisser place à mon désir d’avoir un bébé.» Guillaume, qui est déjà papa de la petite Charlie, sept ans, semble trouver l’idée très intéressante: «Je veux plus que jamais avoir un enfant avec Mariloup. J’ai envie de vivre ça avec elle. Elle va tellement faire une belle maman…» On n’en doute pas une seconde.

SUCCÈS EN VUE?
Titre Les pieds dans le vide.
Réalisatrice Mariloup Wolfe.
Scénariste Vincent Bolduc.
Résumé À l’aube de la vingtaine, trois amis, Rafaël (Éric Bruneau), Manu (Laurence Leboeuf) et Charles (Guillaume Lemay-Thivierge), se retrouvent le temps d’un été dans un centre de parachutisme. Aventureux, bohèmes et passionnés, ils s’interrogent et cherchent un sens à leur vie.
Ce que Mariloup en dit «Oui, c’est un film commercial parce que je souhaite rejoindre un large public et que j’ai choisi des comédiens connus, mais c’est aussi un projet d’auteure parce que j’y ai mis toutes mes tripes. C’est un film à la fois joyeux, touchant et rempli d’espoir.»
Ce que Guillaume en pense «L’histoire de ces amis qui vont au bout de leurs passions touchera non seulement les jeunes qui traversent la vingtaine, mais aussi tous ceux qui sont déjà passés par là.»
Sortie Été 2009.