Les rêves érotiques émoustillent, choquent, stimulent et provoquent parfois des confidences entre filles. Pourtant, ils restent un sujet peu documenté, contrairement aux autres contenus oniriques. «Les rêves érotiques sont très peu utilisés en sexologie. À moins qu’ils amènent un comportement excessif, les gens ne consultent pas pour ça. Il est donc normal qu’il existe peu de livres proposant des interprétations», explique la sexologue Sylviane Larose.

Antonio Zadra, psychologue et professeur au département de psychologie de l’Université de Montréal, est l’un des rares spécialistes à s’être penchés sur la nature et le contenu des rêves érotiques. Après avoir analysé les rêves de 173 personnes pendant un mois, soit 3500, son équipe a conclu que 8% d’entre eux, autant chez un sexe que chez l’autre, étaient de nature érotique. Les chercheurs ont aussi noté qu’une petite proportion de ces derniers (4% chez les femmes et 3% chez les hommes) pouvait mener à l’orgasme, et que 4% des rêves érotiques féminins consistaient à être témoin d’un orgasme d’une autre personne.

D’où viennent les rêves érotiques?

Le rêve est une activité instinctive qui vient «commenter» les activités de la journée et préparer celle du lendemain. «Il sert à faire du ménage, illustre Sylviane Larose avec humour. Il permet de nettoyer notre esprit du stress et des soucis quotidiens.»

Les rêves érotiques ne sont pas différents des autres. Ils seraient bien souvent le résultat d’un désir éprouvé au cours de la journée. Par exemple pour ce bel inconnu qui vous a dragué au supermarché… Ils peuvent aussi être l’expression d’une envie refoulée ou de souhaits non comblés, sans nécessairement être un signe de manque, ajoute Marc Ravart, sexologue et psychologue clinicien.

Si les rêves érotiques permettent de satisfaire des pulsions inconscientes, ils ne doivent cependant pas être confondus avec la réalité, préviennent Sylviane Larose et Marc Ravart. Ils représentent rarement la sexualité du monde tangible. Ainsi, on ne se remet pas en question si nos nuits sont truffées de relations homosexuelles (dans le cas d’une personne hétérosexuelle) ou de groupe, ou encore d’infidélités. Même si ça peut être bouleversant, admet Marc Ravart.

Il n’existe pas de clé pour expliquer les rêves érotiques, même s’ils portent sur des thèmes courants – le sexe en public, les relations sexuelles avec un patron ou un collègue, les galipettes avec une vedette… «Il n’y a pas d’interprétation générale. Le sens varie selon la personne, insiste Sylviane Larose. Chacun doit analyser ses rêves en fonction de ses propres expériences.»

Tristan-Frédéric Moir, psychanalyste et auteur de plusieurs ouvrages sur la question onirique, a divisé les rêves érotiques en deux catégories. La première, qui implique un acte sexuel avec pénétration, signifie un manque, qu’on éprouve le besoin de rapports plus satisfaisants ou plus nombreux. La seconde, plus courante, comprend les rencontres amoureuses, les baisers et les caresses, qui se traduisent par un bien-être général par rapport à soi et aux autres.

Signes de santé mentale

Les rêves érotiques sont partie prenante de la santé mentale d’une personne, selon Sylviane Larose et Marc Ravart. Il n’y a donc pas lieu de s’en inquiéter. À moins que le même revienne de façon récurrente ou qu’il laisse un sentiment de malaise, d’inconfort ou d’anxiété au réveil. Il pourrait alors être le signe d’un problème ou d’un conflit, poursuit le psychologue et sexologue.

Les rêves érotiques peuvent aussi permettre de détecter des blocages. Par exemple, si une femme en consultation se dit incapable d’atteindre l’orgasme, mais qu’elle y parvient pendant son sommeil, ça donne des indices pour lui venir en aide, souligne Sylviane Larose. Et quand les rêves érotiques réapparaissent au cours d’une thérapie, c’est souvent le signe d’une libido qui s’affranchit.

Pour en savoir plus:

  • Les rêves d’amour, par Nicole Gratton, Éditions Un monde différent, 2000.
  • Les rêves érotiques: comment les interpréter, par Carol L. Cummings, Éditions Payot, 2006.