Les hommes, les vrais, le savent: une grippe de mâle, ce n’est pas une mince affaire. C’est atroce, c’est douloureux, on souffre le martyr. On a le cerveau en Jell-O, les muscles en compote et la gorge enflammée au napalm. J’ai l’air d’exagérer? Pas du tout, je suis très sérieux. Et comme bien des hommes, j’aimerais que ma blonde comprenne cet état de fait (et, accessoirement, qu’elle me plaigne).

Le hic? Les scientifiques qui sont si doués pour envoyer des sondes sur Mars et inventer des maladies douteuses (la phobie sociale, vraiment?) n’ont guère mis à profit leurs neurones afin de prouver une fois pour toutes l’existence de la grippe d’homme. Il y a bien eu quelques efforts louables. En 2009, une équipe de chercheurs de l’Université McGill a notamment montré que, lorsqu’elles avaient une infection, les femelles souffraient moins que les mâles en raison de leurs hormones oestrogènes. Le problème: leur étude portait sur des petits rongeurs, pas sur de grands omnivores…

Il y a bien eu aussi en 2006 l’effort méritoire du magazine britannique Nuts, qui a mené un important sondage auprès de 2000 adultes. On y apprenait notamment que les hommes mettaient en moyenne deux fois plus de temps que les femmes à se relever d’une grippe (3 jours comparativement à 1,5). Mais bon, un sondage commandé par un magazine dont la bannière Web dit: «Filles aux seins nus, jeux Internet et drôles de vidéos» n’est pas forcément le plus crédible qui soit.

 Enfin, plus tôt cette année, des chercheurs de l’université de Cambridge ont expliqué que la grippe masculine existerait en raison de la tendance qu’avaient nos ancêtres les hommes des cavernes à se tapocher dessus à grands coups de massue plutôt qu’à prendre soin de leur système immunitaire. Bien que séduisante, l’explication ne semble pas avoir convaincu grand monde, mis à part, peut-être, les lecteurs de
Nuts.

La seule bonne nouvelle pour les hommes dans toute cette histoire? C’est que si aucun scientifique n’a vraiment établi l’existence de la grippe d’homme, aucun n’a affirmé qu’elle n’existait pas. Bref, cette grippe-là, c’est un peu comme Dieu: rien n’empêche d’y croire.

 

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