Pourquoi consulter?

Les motifs pour faire appel à un spécialiste en sexologie sont multiples et varient en fonction de l’actualité, note la sexologue Sylviane Larose. Le fait d’entendre parler de difficultés sexuelles dans les médias semble en effet réveiller les insatisfactions.

Si hommes et femmes sont aussi nombreux à consulter, en couple ou individuellement, ils ne le font cependant pas pour les mêmes raisons. Les premiers sont plus préoccupés par des problèmes érectiles, d’éjaculation précoce, de troubles du désir et de compulsion, alors que les secondes cherchent de l’aide pour contrer des difficultés relatives au sentiment amoureux, à des troubles du désir et «parce qu’elles n’éprouvent pas autant de plaisir qu’elles le pourraient, explique la sexologue. Les hommes, eux, ne réalisent pas toujours qu’ils pourraient ressentir plus de jouissance. Pour eux, éjaculer est une fin en soi.»

Seule ou en couple?

Contrairement à la thérapie de couple, la sexothérapie peut être une démarche individuelle. Ainsi, si on traîne le même problème d’une relation à une autre, il faut peut-être fouiller dans son passé et sa personnalité plutôt que dans sa relation.

Mais peu importe la raison, «quand on arrive chez le sexologue, c’est qu’on souffre d’inconfort dans sa vie sexuelle», poursuit Mme Larose. Et qu’on veut changer les choses. «On ne peut pas s’épanouir dans sa sexualité si on n’arrive pas à en parler, explique sa consœur Caroline Doré. Il est important de faire part de ses difficultés à son partenaire et de dédramatiser la situation. En effet, ce sont souvent les pensées, émotions, attitudes et comportements de chacun qui favorisent l’apparition des problèmes sexuels.»

Comment se déroule la thérapie?

La thérapie avec un sexologue implique des changements dans le couple. Il ne s’agit pas ici de transformer l’autre ou de modifier un horaire de travail parce que celui-ci ne permet pas aux conjoints de passer du temps ensemble. «Il peut y avoir des ajustements à faire de ce côté, mais le gros du boulot consiste à revoir sa perception et son interprétation des choses, à réévaluer ses propres pensées, attitudes et comportements», explique Caroline Doré.

Le sexologue consacre en général les deux ou trois premières rencontres à évaluer la situation et à apprendre à connaître la personne ou le couple qui consulte ainsi que ses attentes. Il propose ensuite un plan de traitement qui inclut souvent des exercices et réflexions à faire à la maison entre les rendez-vous hebdomadaires.

«Les gens ont un travail personnel à accomplir pour comprendre leur sexualité, explorer leur estime de soi», explique Sylviane Larose en soulignant qu’il faut compter au moins 10 rencontres avant de voir des changements ou de pouvoir remettre la démarche en question. Ensuite, la durée de la thérapie dépend de l’approche préconisée par le sexologue et des problèmes à résoudre.

Conditions préalables à la consultation

La thérapie ne sauve pas tous les couples, admet Sylviane Larose. Certains sabordent le processus, ne font pas les exercices proposés, ou se rendent compte pendant la démarche qu’ils n’ont plus les mêmes objectifs ou les mêmes désirs. Il faut que la personne qui consulte soit motivée et qu’elle collabore si elle souhaite obtenir des résultats satisfaisants, ajoute-t-elle. «Souvent, les gens sont prêts à entreprendre une thérapie, mais confrontés à ce qu’ils devraient changer ou faire, ils ont peur que ça ne marche pas et reculent.»

Choisir son sexologue

La réussite de la thérapie dépend aussi du choix du sexologue. La personne ou le couple qui consulte doit se sentir en confiance. Ainsi, l’âge et le sexe du thérapeute peuvent avoir une importance. Les sexologues cliniciens sont en général formés pour faire aussi de la thérapie de couple. Ils peuvent être membres de diverses associations ou regroupements leur permettant d’émettre des reçus pour les assurances ou l’impôt. Ces dernières s’assurent également que le professionnel détient une maîtrise en sexologie clinique et qu’il pratique dans le respect des règles. La proximité, le tarif des consultations et l’approche utilisée sont aussi à prendre en considération.

Il est possible de trouver un spécialiste en sexologie en consultant l’Association des sexologues du Québec.

Les approches thérapeutiques

L’Association des sexologues du Québec reconnaît cinq approches thérapeutiques en sexothérapie:

1. L’approche cognitivo-comportementale
Vise à traiter les troubles sexuels en agissant sur les comportements et les idées qui nuisent à l’expression d’une sexualité saine. Le trouble sexuel est vu comme le problème à traiter plutôt que comme le symptôme d’une autre difficulté. Thérapie en couple ou individuelle. De 10 à 20 séances, une fois par semaine.

2. L’approche systémique
Considère que la sexualité se vit en relation. En thérapie, les partenaires découvrent le type particulier de système de communication qu’ils ont développé dans leur relation, leur intimité et leur sexualité. Par des exercices, ils font l’apprentissage de nouveaux modèles de fonctionnement. En couple. De 12 à 30 séances, une fois par semaine.

3. L’approche existentielle
Voit la sexualité comme faisant intégralement partie de l’identité de tout être humain. Elle s’intéresse aux comportements, aux sentiments, aux émotions et aux besoins de la personne. Séances individuelles. La durée varie selon les besoins et la personnalité du patient.

4. L’approche sexoanalytique
Traite les désordres sexuels, les troubles liés à la masculinité et à la féminité, les perturbations du lien avec l’autre sexe et les difficultés de la vie amoureuse. Selon elle, ces problèmes viennent de conflits internes non résolus. L’imaginaire et le rêve sont privilégiés dans le processus thérapeutique. Entretiens individuels. De 25 à 75 séances, une fois par semaine.

5. L’approche sexocorporelle
Étudie le corps, l’émotion lors de la montée de la tension sexuelle ainsi que la décharge de cette dernière en se basant sur le principe «corps-cerveau – cerveau-corps». En modifiant le physique dans l’espace (par exemple la posture), on peut changer sa perception de soi-même, du plaisir, et diminuer ou augmenter l’intensité de ses émotions et de ses charges sexuelles. Entretiens individuels. De 10 à 30 séances, une fois par semaine.