Que ce soit par pudeur, par crainte de blesser l’autre ou encore parce que les mots nous manquent, il n’est pas toujours évident de nommer ses désirs, de dire ce qu’on apprécie et surtout ce qu’on apprécie moins de son partenaire. Pourtant, s’il est un endroit où il faut oser SEXprimer, c’est bien dans la chambre à coucher! Comment le faire? Est-ce que tout se dit? Cinq femmes témoignent, et la sexologue Geneviève Parent, auteure de L’intimité harmonieuse, commente leurs observations.

«Nos préliminaires sont trop courts» ANOUK, 29 ANS

«Le premier geste que pose mon copain lorsqu’il veut qu’on fasse l’amour est de toucher mon sexe. Il cherche à m’exciter, mais ses attouchements produisent l’effet contraire. Je n’aime pas qu’il mette ses doigts dans mon vagin lorsque je ne suis pas lubrifiée. Je souhaiterais qu’il prenne le temps de faire courir ses mains sur tout mon corps, qu’il me couvre de baisers dans le cou, sur les seins… Pour passer mon message, je lui fais ce que j’aimerais qu’il me fasse: je l’embrasse, je le caresse partout, je le flatte, mais je sens que lui, ce qu’il veut, c’est que j’arrive enfin à son pénis! Visiblement, on ne se comprend pas.»

L’avis de Geneviève Parent

«En effet, le langage non verbal ne fonctionne pas toujours pour communiquer à l’autre ses désirs. Bien souvent, rien ne remplace les mots. Anouk devra prendre son courage à deux mains et expliquer à son copain qu’elle a besoin de temps pour être excitée sexuellement. Le but n’est pas de lui faire des reproches, mais bien d’engager une conversation où chacun peut s’exprimer. Dans une telle situation, on évite donc d’adopter un ton accusateur ou moralisateur, et surtout, on est à l’écoute de l’autre. Il faut prendre conscience du fait que si on est insatisfaite, il se peut que notre partenaire le soit aussi.»

 «Je n’aime pas avaler son sperme» BRIGITTE, 43 ANS

«Mon chum insiste pour que j’avale son sperme, mais je ne veux pas le faire. Je n’ai rien contre lui; je n’aime pas ça, tout simplement. Je n’aime pas ce goût. Ça ne m’empêche pas de lui faire des fellations, bien au contraire. Mais comme il persiste à me demander d’avaler son sperme, je le fais de temps en temps pour lui faire plaisir (en fait, je crois que je m’y sens un peu obligée!). Le hic, c’est que tout de suite après, je deviens froide, presque en colère. C’est maintenant un sujet tabou entre nous, et je trouve ça dommage.»

Geneviève Parent

«En acceptant d’avaler le sperme de son chum alors qu’elle n’aime pas cette pratique, Brigitte envoie un message contradictoire à son partenaire, ce qui peut être très déroutant pour lui. Or, le respect mutuel est la base d’une vie sexuelle riche et saine. Brigitte doit donc assumer sa part de responsabilité dans ce conflit et remettre les pendules à l’heure en prenant soin d’établir clairement ses limites. Elle pourrait lui dire: « Je n’aime pas avaler ton sperme, alors je ne le fais pas, mais il y a plein d’autres choses que nous pourrions explorer ensemble. Qu’est-ce qui te ferait plaisir? »»

«Je suis à court d’idées pour briser la routine» CHRISTELLE, 36 ANS

«On dit que les enfants, ça change une vie… C’est vrai! Et la sexualité aussi. Je me rappelle avec nostalgie ces belles années où Martin et moi étions au début de notre vie à deux. Nous faisions l’amour souvent, un peu partout. Toutes les raisons étaient bonnes pour nous envoyer en l’air! Depuis la naissance de nos deux fils (cinq ans et trois ans), c’est autre chose. Comme tous les parents, nous courons du matin au soir et quand nous nous retrouvons ensemble, au coucher, « nos batteries sont à plat! » Depuis plusieurs mois, nous avons pris l’habitude de faire l’amour le dimanche matin, avant que les enfants se lèvent. Très franchement, je trouve ça un peu routinier. Dernièrement, j’ai voulu mettre du piquant dans notre vie sexuelle. J’ai acheté des jouets érotiques et j’ai proposé à Martin de nouvelles positions, croyant qu’un peu de fantaisie allait le rendre fou de joie. Mais non! il l’a mal pris et m’a demandé où j’avais pigé ces trucs, comme si je lui cachais quelque chose! Disons que ça coupe l’inspiration…»

G. P.:

«Avoir des enfants, c’est merveilleux, mais ça perturbe souvent l’équilibre des couples! Pour éviter de s’éloigner et de se perdre de vue, les parents doivent prendre soin de leur intimité et de leur sexualité. L’intention de Christelle, de mettre du piquant, était tout à fait noble mais, après quatre ou cinq ans de routine, arriver avec des nouveautés peut être déstabilisant pour l’autre. Première étape: reparler de l’incident, le dédramatiser. Ensuite, Christelle et Martin devront trouver ensemble des solutions pour que leur sexualité puisse s’épanouir malgré la présence de leurs jeunes garçons. Une chose est certaine, trop de couples font l’erreur d’attendre que les conditions idéales soient réunies pour faire l’amour. Et ces moments sont rares! Il faut plutôt saisir les occasions au vol quand elles se présentent (pendant la sieste des enfants, durant leur émission de télévision favorite…). Rien de tel pour ranimer la flamme!»

«Il ne sait pas me caresser» ANNIE, 32 ANS

«Lorsque mon copain me pénètre, j’aime me caresser en même temps. C’est la seule façon pour moi d’atteindre l’orgasme. Le problème, c’est qu’il s’entête à vouloir le faire à ma place, et ça ne marche pas: il me caresse parfois trop fort, parfois pas assez fort. Disons qu’il n’a pas le doigté! Résultat: il se sent incompétent, et moi, je suis frustrée. Je ne sais pas trop comment rectifier le tir.»

G. P.:

«Certes, nul n’est mieux placé que nous-même pour connaître notre corps. D’où l’importance de donner du feedback à son partenaire. Mais la sexualité, ça se joue à deux! C’est un lieu d’exploration et de partage. On doit donc être ouvert aux caresses de son partenaire et lui permettre de prendre sa place. Et quand on le guide pour lui montrer comment s’y prendre, ça ne signifie pas qu’il est incapable de nous satisfaire. Au contraire. C’est pour ça qu’Annie aurait tout intérêt à confier ce qu’elle aime à son copain, qui ne devrait pas se sentir personnellement visé.»

«Il me caresse toujours de la même manière» ÉMILIE, 24 ANS

«Une fois, en jasant, j’ai dit à mon copain que j’avais le fantasme de vivre une pénétration multiple. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd! Depuis ce temps, il cherche toujours à mettre un doigt dans mon anus pendant qu’il me pénètre. Euh… de temps en temps, ça peut être super mais, chaque fois, c’est désagréable. Je voudrais trouver les mots pour lui en parler.»

G. P.:

«Le moins qu’on puisse dire, c’est que le copain d’Émilie a fait preuve d’écoute. Le hic? La routine, encore une fois! Émilie doit en discuter avec lui sans qu’il se referme, en prenant soin de ne pas le blesser. Elle doit donc trouver le bon moment pour aborder le sujet et choisir une approche positive, qui mette en relief le fait qu’elle apprécie l’initiative de son copain, mais que la répétition du geste enlève le petit côté magique de la chose.»

SEPT CLÉS POUR MIEUX COMMUNIQUER

1 Ne pas tomber dans la critique Prenez le temps de dire ce que vous aimez avant d’exprimer ce que vous n’aimez pas.

2 Ne pas prétendre savoir ce que l’autre va dire Votre partenaire évolue, tout comme vous. Ses besoins et ses goûts changent. Il peut vous étonner.

3 Être à l’écoute de l’autre Rappelez-vous que si vous avez des insatisfactions, votre partenaire aussi peut en avoir. Laissez-le s’exprimer!

4 Choisir le moment approprié pour parler De grâce, pas pendant le Super Bowl ni en rentrant du travail, alors que c’est l’heure des devoirs et du souper!


5 Aborder UN SUJET à la fois
Autrement, vous risquez de vous perdre et de ne rien régler du tout!


6 Prendre ses responsabilités
Si, par exemple, une routine sexuelle s’est installée, l’autre n’est pas le seul responsable; vous l’êtes sans doute aussi.

7 Trouver des solutions à deux Lorsqu’un problème survient, abordez-le avec votre partenaire et trouvez des solutions ensemble.

PAROLES D’HOMMES

Comment aiment-ils qu’on leur parle? Quatre gars témoignent.

«Pas besoin qu’une fille m’explique tout dans les détails pour me faire comprendre ce qu’elle aime! Un simple « Ah oui, j’aime quand tu me touches comme ça » suffit pour que je capte le message.» SÉBASTIEN, 25 ANS

«Pour moi, les meilleures amantes sont celles qui prennent en main leur plaisir. Elles adorent telle ou telle position? Elles l’adoptent! Elles préfèrent que ça se passe plus doucement? Elles ralentissent! Elles aiment se caresser en même temps? Elles le font! C’est la meilleure façon de découvrir sa partenaire. Les filles, prenez votre place!» FRANÇOIS, 44 ANS

«Une ex-flamme m’avait expliqué que le sexe d’une femme, c’est comme le sommet d’une magnifique montagne. Il faut prendre les sentiers du corps, y semer le désir, pour ensuite en conquérir le sommet et atteindre l’extase… C’était sa façon de me demander de prendre mon temps, de m’expliquer que pour une femme, les caresses sont importantes. Quel service elle m’a rendu! Je suis un bien meilleur amant maintenant.» JULIEN, 27 ANS

«Une des premières filles avec laquelle j’ai eu une aventure, au début de la vingtaine, m’a dit: « Ce n’est pas comme ça qu’on caresse des seins, t’es en train de les écrabouiller! » Croyez-moi, j’ai retenu la leçon!» ROCH, 40 ANS