Qui n’a jamais, sous l’impulsion du moment, décidé de s’inscrire à un site de rencontres en ligne, comme ça, juste «pour voir»? On ne compte plus les fiches qui commencent par une formule du genre: «Je ne sais pas vraiment ce que je fais ici.» Si c’est ce que vous pensez en créant votre profil, vous n’êtes pas à la bonne place! Avant de vous lancer dans l’arène, il est préférable de vous demander sérieusement pourquoi vous êtes là. «Si vous n’êtes pas véritablement prête à rencontrer quelqu’un, Internet sera un grugeur d’énergie, écrivent Shirley Byrns et Martin Aubut dans Comment rencontrer l’âme soeur sur Internet. Vous aurez l’impression d’y perdre votre temps. Ce sera comme être dans un grand centre commercial, alors que vous n’avez aucune envie de magasiner.»

Pire encore: «Si on a une estime de soi très faible, ce n’est pas dans ce type de sites qu’on se sentira véritablement valorisée», affirme la sexologue Anik Ferron. Bien au contraire: notre confiance en nous pourra être démolie par tous ces inconnus qui ne répondent pas à nos courriels, disparaissent sans explication après des échanges soutenus ou coupent la communication dès qu’on leur a envoyé notre photo (ouch!). Quoi qu’on en dise, les déceptions ne sont pas plus faciles à gérer sur le Net que dans la vie. Karine, une coiffeuse de 26 ans, a fini par renoncer au bout de quelques mois de recherche, le moral à zéro: «Chaque fois que je me faisais dire non ou carrément "flusher" sans explication, je me sentais un peu plus détruite.»
 

Viser juste

Une fois qu’on est bien certaine d’avoir la motivation nécessaire, il reste à définir nos attentes: selon qu’on a envie d’expériences sulfureuses à quatre dans un bain tourbillon ou d’un mariage à l’église, notre description aura une tout autre teneur et attirera par conséquent des soupirants différents. «On s’expose à la déception si on ne met pas directement cartes sur table», estime Anik Ferron. À cette étape, le texte de présentation et la photo sont cruciaux pour attirer le chaland… et le bon. Cloé, une professionnelle de 42 ans, a rencontré plusieurs «postulants» de qualité sur Réseau contact: «Ce qui est important, je crois, ce n’est pas de décrire ce qu’on est, mais d’agir comme tel: ne dis pas que tu es drôle, sois drôle dans ta description! Ne dis pas que tu es raffinée, écris bien. Ne dis pas que tu es curieuse, prouve-le en donnant des exemples d’activités que tu pratiques, de voyages que tu as faits, de langues étrangères que tu as apprises, etc.» La clé du succès réside dans la précision, poursuit-elle. «Au lieu de dire que tu aimes les sports, précise lequel. Moi, j’aime la course, le vélo, le ski de fond et la voile; j’aime le plein air. Je n’ai rien à voir avec les pitounes de salles de gym.»

Agir de manière cohérente, c’est aussi ne pas mentir (et ne pas afficher une photo datant de 10 ans sur laquelle on a 10 kg de moins). Surtout si on s’attend à ce que l’autre soit honnête. Il ne faudra pas s’étonner que nos prétendants aient un comportement volage si on adopte soi-même la formule «magasinage tous azimuts», en courant plusieurs lièvres à la fois ou en ne répondant que quand ça nous arrange.

 

L’épreuve des faits

«Quelles qu’aient été les paroles écrites en ligne, voire les audaces proférées au téléphone, aller vers la première rencontre est une aventure totalement nouvelle», écrit le sociologue Jean-Claude Kaufmann dans son livre Sex@mour. Une fois que vous aurez vérifié le niveau de français du poète de vos rêves et que vous serez sûre qu’il peut manier plus de trois concepts à la fois, prenez rapidement rendez-vous avec lui, histoire de voir si vos discussions sont tout aussi passionnantes dans la réalité. Ce n’est pas toujours le cas… «Tout était merveilleux sur papier: on avait un super contact, et nos échanges étaient incroyables, raconte Cloé à ce propos. Et puis quand on s’est rencontrés, ça n’a pas cliqué. Je suis arrivée là, et il y avait zéro chimie!»

La déception sera d’autant plus grande si le fantasme a été nourri pendant des semaines. Plus les attaches grandissent dans le monde virtuel, plus on risque de ne pas être ouverte à la personne réelle; or, «la vraie rencontre signifie qu’on est disponible, curieux de l’autre», écrit encore Kaufmann. Et si, dans la réalité, il s’avère que votre poète est une contrefaçon, vos regrets seront à la mesure de vos attentes: «On peut s’en vouloir de s’être trop dévoilée auparavant », dit Anik Ferron. Moralité: vite, au café! Autre motif de déception: nos propres espérances, parfois un peu hollywoodiennes. Nombreuses sont celles qui rêvent du fameux déclic au premier rendez-vous et coupent immédiatement les ponts si le coup de foudre n’a pas lieu. Dommage… car la nervosité peut gâcher le premier contact, et on peut facilement passer à côté d’une relation. L’idéal: donner une seconde chance au coureur.

Naïve, mais pas cruche

Pour les menteurs compulsifs, les accros de la drague sans lendemain, les refoulés aux dents longues et les maris en goguette, Internet représente un terreau fertile pour «scorer» et avoir un maximum d’histoires à raconter aux copains à la prochaine soirée de hockey. Les Françaises ont carrément créé un site (Vigilove) pour répertorier les pseudos pas réglo; les Québécoises, elles, doivent compter sur leur instinct pour déjouer les imposteurs. «Malheureusement, il n’existe pas de moyen pour les repérer, confirme Cynthia Belanger, directrice de produits chez Réseau contact. Au cours de notre dernier sondage pour mieux connaître notre clientèle, nos membres ont même réclamé un détecteur de mensonges!»

Évidemment, ce serait l’idéal, mais ce n’est pas pour demain. D’ici là, il existe quelques indices auxquels il faut prêter attention si on veut éviter de figurer au palmarès peu glorieux des parfaites nunuches:

  • Son pseudo commence par «étalon» ou «champion», quand ce n’est pas «Plaisirmagic», «Beaubadboy», «DumbNDumber» ou même «Pinocchio»!
  • Il n’y a pas de photo dans sa fiche et il ne veut pas vous en envoyer. Hypothèse 1: monsieur ne veut pas que sa femme puisse le repérer. Hypothèse 2: il n’assume pas vraiment son physique. Méfiance…
  • Sa description compte trois lignes, au contenu plutôt flou. «Un gars sérieux prendra le temps de donner des informations détaillées; il ne restera pas dans le vague», dit Cynthia Belanger. Exit, donc, les radins du verbe!
  • Il propose un rendez-vous au premier contact, avant même un début d’échange, ou, au contraire, il repousse toujours la date d’une rencontre en personne.
  • Il se trompe de destinataire et vous gratifie d’un «salut Vaness19», ce qui, on l’aura deviné, n’est pas votre pseudo. Poubelle.
  • Il s’écoute parler ou se regarde écrire, sans jamais s’intéresser à vous: attention, personnalité narcissique!
  • Son premier courriel contient une seule phrase: «Une photo, svp.» Et le deuxième: «En as-tu une de pied en cap?» Delete.

Avec un minimum d’observation, on voit venir les donjuans de loin, sur le Net comme dans la vie. Mais pour éviter les vrais prédateurs, la meilleure solution reste la prudence. «Il est important d’échanger quelques courriels avec lui et de lui parler au téléphone avant de le rencontrer, de choisir un lieu public et de toujours faire savoir à quelqu’un où on se rend, à quelle heure, etc.», précise Cynthia Belanger. Évidemment, on évite aussi de donner des renseignements personnels (adresse, numéro de téléphone) trop vite.

Sites de rencontre: choisir son camp

À chacune son site: 72% des utilisateurs de Réseau contact déclarent chercher d’abord l’amour, reléguant le sexe en troisième position derrière les liens d’amitié, tandis que sur Mon classeur, le site créé par Marc Boilard, le ton est plus léger, et les abonnés, plus jeunes. Afin d’éviter de perdre son temps, il est fondamental de bien choisir son site: il faut prêter davantage attention aux affinités qu’on entretient avec les membres de la communauté qu’aux services offerts. Voici une liste des principaux sites québécois:

Le plus fréquenté: Réseau contact. Quinzième année d’existence, avec en moyenne 18 000 nouvelles inscriptions affichées par mois.

Le plus relax: Mon classeur. Le tutoiement y est de rigueur! Pas la grande classe, mais peut être le fun. Un site à l’image de son fondateur, Marc B oilard.

Le plus santé: Rencontre sportive. En ligne depuis 2002. Compterait 30 000 membres, tous accros du plein air.

Le plus sage: Amicalien. Pour les bébé-boomers ( de 50 ans) qui souhaitent retrouver leur prime jeunesse, établir des contacts ou trouver l’amour.

Le plus vert: Agrirencontre. Le site de rencontres des agriculteurs québécois. Parce que le bonheur est dans le pré…

Le plus international: Meetic. Présent dans une vingtaine de pays.

Le plus détaillé: Québec rencontres. Bien conçu. Le petit plus: les présentations vidéo et vocales.

 

L’attrait de Twitter et de Facebook

Vous êtes maintenant prévenue: les sites de rencontres, ce n’est pas une cour de récré. C’est probablement pourquoi de plus en plus de gens se tournent vers Twitter et Facebook pour trouver l’âme soeur. L’avantage: on évolue mine de rien au sein d’une communauté dont les membres partagent des goûts et des intérêts réels, ce qui fournit d’emblée des sujets de discussion naturels. Et puisque les conversations se font sur un ton neutre, notre égo est moins en morceaux quand l’autre ne répond pas à nos tentatives de rapprochement. John, un jeune trentenaire qui travaille dans le milieu de la communication, a rencontré sa copine sur Twitter en échangeant avec elle à propos de bons plans musicaux. «Ça n’avait rien d’une drague au départ; on est devenus simplement amis, et j’ai fini par lui proposer une sortie à un concert pour lequel j’avais des places. Je savais d’avance que l’idée lui plairait: elle avait "twitté" que c’était un de ses groupes favoris.»

Utiliser les réseaux sociaux pour trouver l’âme soeur est «déjà plus en phase avec la réalité», selon la sexologue Anik Ferron. Néanmoins, il faut prendre quelques précautions avant de se lancer dans de grandes opérations de séduction. «Dans les médias sociaux, les sphères privée, professionnelle et amicale se confondent, explique Julie Horn, consultante en sécurité humaine sur les réseaux sociaux. On doit donc faire attention de ne pas les mélanger maladroitement. Oui, les rencontres amoureuses peuvent se faire dans ce contexte, mais flirter ouvertement sur le mur de quelqu’un qui vous plaît peut rapidement donner une mauvaise image de vous-même à vos contacts professionnels, à votre famille ou à vos proches. Votre mère ou votre patron ne vont pas forcément apprécier vos commentaires coquins!» La meilleure solution: privilégier les échanges privés et se méfier des apparences. «Il y a beaucoup de piratage sur Facebook: des cyberséducteurs se présentent comme les amis de vos amis pour entrer en contact avec vous. N’hésitez pas à vérifier l’identité de la personne, notamment en faisant des recherches sur Google.» Ça vous évitera aussi de fantasmer trop longtemps sur le beau Louis… marié et père de trois enfants.

 

À DÉCOUVRIR: 6 façons de trouver l’amour