De plus en plus infidèles, les femmes


Geneviève est une «trompeuse» en série. «J’ai été infidèle pour les bonnes et les mauvaises raisons, lance-t-elle. Je l’ai été par goût du risque, pour m’amuser, par désir de séduire, d’être séduite, de connaître, de toucher, de caresser un inconnu… Mais je l’ai aussi été par incapacité de m’engager, pour saboter une relation à laquelle je ne croyais pas et même par insécurité face à un copain en qui je n’avais pas confiance», explique la jeune trentenaire.

Résultat: Geneviève a rarement été fidèle à ses chums, même ceux qu’elle a aimés sincèrement. La première fois, c’était un peu par ennui. C’est l’histoire classique: elle vivait avec le même copain depuis des années. La routine s’était installée et la flamme de jeunesse s’était petit à petit transformée en éteignoir. Comme madame Bovary et bien d’autres avant elle, Geneviève est allée voir ailleurs.

Par la suite, les choses ont évolué. Elle n’a plus attendu que l’ennui s’installe pour sauter la clôture. «On dit que les hommes sont infidèles pour s’amuser, et les femmes pour quitter, par amour. Ces théories à la "Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus" m’énervent… Les filles aussi sont infidèles pour assouvir leurs fantasmes», assure-t-elle.

Pas plus enthousiaste face à ce célèbre livre de John Gray, la sexologue québécoise Jocelyne Robert croit que les temps ont changé. «On est plus infidèles et on a plus de partenaires sexuels qu’il y a 25 ou 50 ans. Il y a moins de différences entre les hommes et les femmes qu’il n’y en avait autrefois dans la manière de vivre et de gérer l’infidélité», soutient-elle.

Aujourd’hui, selon tous les sexologues interrogés pour cet article, les études les plus fiables indiqueraient qu’entre 20 et 30 % des hommes et de 15 à 25 % des femmes sont infidèles. «Et on s’en va vers la parité», précise le psychologue et sexologue québécois Yvon Dallaire.

Les femmes sont-elles infidèles pour les mêmes raisons que les hommes? Lisez la suite.

 




Pourquoi les femmes sont-elles infidèles?

Les raisons de l’infidélité féminine ne sont peut-être pas aussi nombreuses que les cocus, mais elles n’en sont pas moins légion. Jocelyne Robert croit, entre autres, que notre époque souffre de «néophilie». «C’est tout simplement l’attrait du nouveau. Nous sommes très sollicités, tout est hyper érotique, hyper sexuel, tout le temps, partout. On est donc un peu plus émoustillés et plus susceptibles de succomber. Il y a beaucoup de personnes, particulièrement parmi les 20-40 ans, qui souffrent de cet attrait du nouveau. Ils ont de la difficulté à résister à de nouvelles chairs, de nouvelles odeurs, de nouveaux grains de peau. L’infidélité est sans importance et sans conséquence pour ces hommes ou ces femmes-là», précise-t-elle.

Son collègue Yvon Dallaire, auteur de L’infidélité (Éd. Jouvence), abonde un peu dans le même sens. Il croit même qu’il existe aujourd’hui une sorte de pression sociale en faveur de l’infidélité: «On vit dans une société qui dit: "Si tu ne veux pas mourir idiot, il faut que tu connaisses plusieurs partenaires sexuels."»

Longtemps taboue, l’infidélité féminine est moins négativement connotée qu’elle ne l’était. «Entre filles, on s’en parle, et j’ai pas mal de copines qui ont des aventures et qui trompent leur chum. Certaines se sentent plus coupables que les autres, mais j’en connais plusieurs qui prennent cela à la légère, comme les gars», explique Naomie, elle-même infidèle à répétition.

Malgré tout, les sexologues croient qu’il y a quelque chose qui n’a pas changé. Dans la majorité des cas, si les filles décident d’aller vérifier si le matelas est plus confortable chez le voisin, c’est encore et toujours parce qu’elles sont insatisfaites dans leur couple. Les hommes, eux, seraient davantage infidèles pour des raisons sexuelles ou par désir de nouveauté.

«Environ 80 % des femmes infidèles rapportent être insatisfaites de leur relation», précise François St Père, sexologue et auteur de L’infidélité – Mythes, réalités et conseils pour y survivre (Éd. Libre Expression). Les principaux motifs d’insatisfaction  Elles ne se sentiraient pas suffisamment appréciées, pas assez valorisées par leur conjoint, résume le sexologue.

Lisez la suite: ces femmes qui mènent une double vie





Mener une double vie

Marjorie, 36 ans, s’identifie d’une certaine manière à ces insatisfaites. «En général, tu deviens infidèle parce que ta relation s’est déjà effritée et que tu ne t’en es pas forcément rendu compte», assure-t-elle en parlant d’elle à la seconde personne du singulier. Du même souffle, elle précise qu’il lui est aussi arrivé d’avoir des «écarts» parce que c’était tout simplement trop dur de résister. «C’est rare, mais parfois tu rencontres quelqu’un avec qui tu as vraiment une chimie immédiate… C’est le genre de fois où tu t’entends dire: "C’était plus fort que moi"», explique-t-elle en riant.

Planifiées ou impromptues, les aventures de Marjorie, comme celles de Geneviève, ne se sont toutefois jamais étendues sur de longues périodes. Sans être l’apanage du mâle, la liaison à long terme resterait toutefois une «spécialité» plus masculine.

Les sexologues soutiennent qu’il est encore rare de voir des femmes entretenir de longues relations extraconjugales. «Une femme qui a une liaison va très rapidement tenter de se convaincre qu’elle est amoureuse. Elle a encore ce besoin de cautionner son désir, de l’avaliser, soutient Jocelyne Robert. Ce besoin de se déculpabiliser semble plus présent du côté des femmes que des hommes. C’est normal après tout, on ne chasse pas des centaines d’années d’histoire comme ça», conclut-elle.

Si elles sont rares, les femmes qui entretiennent des liaisons à long terme, elles n’en existent pas moins. Naomie a ainsi mené une double vie durant quatre ans. Même si c’était un casse-tête et qu’elle a vécu nombre de situations cocasses – le chum qui sonne à la porte quand l’amant est encore au lit… -, elle n’a pu se résoudre à mettre fin à son aventure, même après avoir été attrapée. «L’infidélité, c’est un peu comme une drogue», assure-t-elle. Après quatre ans de ce petit manège, elle a finalement mis un terme à sa relation principale pour tenter d’être à temps plein avec son amant. «Mais cela n’a évidemment pas marché», précise-t-elle.

Même si ces exemples donnent à penser que la valeur «fidélité» est en perte de vitesse, la plupart des sexologues disent au contraire qu’elle est toujours aussi recherchée. Une preuve ironique? Que ce soit Marjorie, Naomie ou Geneviève, toutes les «infidèles» interrogées pour cet article craignent d’être trompées. «L’infidélité, c’est peut-être le domaine où on est le moins cohérent, résume Geneviève. On peut être terriblement jalouse et en même temps faire à l’autre ce qu’on ne voudrait pas subir…»

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