Déçue par l’homme idéal

Suzanne, 34 ans: «J’étais malheureuse avec l’homme de mes rêves.»

«L’homme de mes rêves, je l’ai rencontré quand j’avais 24 ans, pendant mes études au MBA. Il correspondait exactement à ce que je cherchais. Un beau gars bien baraqué, intelligent, ambitieux. En plus, il adorait faire de la randonnée et du ski. Comme moi!  On s’est mariés deux ans plus tard, dès qu’on a eu notre diplôme en poche.

«Malheureusement, la réalité a vite rattrapé le rêve. J’ai constaté que François était dévoré par l’ambition. Une caractéristique que j’avais trouvée tellement séduisante quand on s’était rencontrés! Lorsqu’il a commencé à travailler comme conseiller financier dans une banque, il est devenu obsédé par la réussite. Il dépensait des fortunes pour ses complets, n’hésitait pas à se payer une montre de luxe ou les skis de l’année. Il voulait toujours une plus grosse voiture, une plus grande maison. Ce n’était jamais assez.

«Évidemment, pour gagner tout cet argent, il travaillait comme un forcené. Il rentrait  rarement avant 21 h les soirs de semaine et étudiait souvent ses dossiers les weekends. Quand on faisait des activités ensemble, c’était dans une optique de réseautage professionnel. Il voulait inviter des clients potentiels à souper. Il faisait toujours du sport, mais c’était plus pour cultiver son corps que pour le plaisir. Même si je l’admirais encore à certains égards, je me sentais vraiment seule dans ce couple. J’ai pris la décision de divorcer.

«J’avoue que ça n’a pas été facile. Je suis restée célibataire deux ans. Je ne trouvais personne. Puis, finalement, j’ai rencontré Carl sur une plage de la Guadeloupe. Autrefois, je ne lui aurais même pas accordé un deuxième regard. Il fait un peu de ventre, il cale. C’est loin d’être un grand sportif. Il travaille comme menuisier, alors que j’ai toujours pensé que je ferais ma vie avec un professionnel.

«J’ai réalisé que tous mes critères n’avaient aucune importance. Carl est drôle, curieux, ouvert à toutes les découvertes. On rit beaucoup ensemble. Et il s’est drôlement amélioré en ski depuis qu’on se connaît!»

 

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De la recherche du prince charmant au bonheur quotidien

Laurence, 50 ans: «Je croyais que je perdrais ma liberté en étant amoureuse.»

«Avant de rencontrer Gérard, à 38 ans, j’avais toujours vécu seule et je n’avais connu que des passions amoureuses. Des relations intenses, mais de courte durée. Il faut  dire que j’étais tout imprégnée de romantisme littéraire. Mon modèle, c’était Ariane et Solal, ce couple impossible du roman Belle du seigneur, d’Albert Cohen. Des amoureux perpétuellement en mode séduction, pour qui chaque rencontre devait être exceptionnelle. En d’autres mots, à mes yeux, l’amour devait être extraordinaire et surtout, il ne devait jamais sombrer dans la routine. Je collectionnais donc les aventures flamboyantes, les passions exaltantes… et les grandes peines d’amour, car toutes ces relations étaient impossibles.

«C’est à la mi-trentaine, après une histoire dévastatrice, que j’ai compris que je tournais en rond et que je resterais seule si je continuais ainsi. J’ai donc commencé à me remettre en question et je suis même allée en thérapie pour voir ce qui clochait.

«Le jour où j’ai rencontré Gérard, je ne pensais vivre qu’une simple aventure sexuelle avec lui, tellement il était loin de mes fantasmes (il n’avait jamais quitté le Québec, alors que mon idéal était un aventurier intello ayant fait le tour de la planète!). Puis, de fil en aiguille, de cinés en fins de semaine agréables, je me suis rendu compte que j’étais bien avec ce gars-là, que c’était un être intelligent, sensible et bon. J’avoue que j’ai mis beaucoup de temps avant de l’accepter, car il n’avait absolument rien du prince charmant que j’attendais. Sauf qu’avec lui j’ai appris à être dans une vraie relation et non dans un fantasme; à l’aimer, lui, pour ce qu’il est, et à être aimée pour ce que je suis. J’ai aussi appris à me préoccuper réellement de l’autre et à essayer de le rendre heureux. Évidemment, c’est moins excitant que la passion, mais ça procure tellement plus de bonheur au quotidien! Je ne regrette absolument pas mes anciennes aventures… Et surtout, je suis fière d’avoir réussi à dépasser ma peur de l’engagement. Je croyais que je perdrais ma liberté en étant amoureuse, mais je constate que c’est le contraire. J’étais esclave de mes émotions, alors qu’aujourd’hui j’ai choisi d’aimer et d’être aimée. Quoi de plus beau?»

 

 

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